Un procès anti-porno enflamme la Chine
A la fin de la semaine dernière, le PDG de l’entreprise chinoise Shenzhen Qvod Technology Co. Ltd. et trois de ses proches collaborateurs ont été jugés à Pékin. Ils sont accusés d’avoir permis la diffusion de matériel pornographique, illégal en Chine, par le biais de leur plate-forme de diffusion de vidéos Kuaibo. Ils encourent une peine d’emprisonnement à perpétuité.
Pour l’accusation, Wang Xin et ses trois subordonnés n’ont pas réagi quand ils ont pris conscience que leur logiciel était utilisé pour partager des vidéos pornographiques. Les procureurs ont affirmé que 70% des 30 000 vidéos extirpées des serveurs de Kuaido par la police contenaient des images sexuellement explicites.
Les quatre exécutifs de Qvod se sont défendus en affirmant qu’ils n’étaient pas responsables de ce que les internautes partageaient sur Kuaido. “Nous pensons que la technologie n’a rien de honteux”, a lancé Wang Xin. La plate-forme a été téléchargée plus de 300 millions de fois avant que la police ne perquisitionne les locaux de l’entreprise en 2014.
Le procès, retransmis en streaming, a été suivi avec beaucoup d’attention par le public. Séduits par la ténacité de son équipe, les internautes Chinois se sont largement rangés aux côtés de Qvod. Le manque de connaissances de la cour, facilement perdue au cours des discussions techniques, a joué en sa défaveur.
Cette vague de soutien populaire n’a pas beaucoup plu au gouvernement chinois. Par le biais de son organe de presse officiel Le Quotidien du Peuple, le Parti communiste a tonné qu’il n’était pas possible de “confondre le noir et blanc à cause d’un bon argument”, ni d’abandonner “la hauteur morale à cause d’un grand nombre de retweets”.
L’agence de presse officielle du parti unique a réagi elle aussi, pour défendre les représentants de Qvod. Pour l’Agence Chine nouvelle, n’en déplaise au gouvernement, les quatre cadres méritent le soutien qu’ils ont reçu : “Respecter la défense sans se soucier de la culpabilité ou de l’innocence – c’est là la véritable règle de la loi”.
La date de rendu du verdict n’a pas été dévoilée. Croisons les doigts pour le Larry Flynt chinois.
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