Suck my Dragon Ballz
Je suis né à la fin des années 80. Et comme tous les gosses de mon âge, j’ai été élevé aux dessins animés japonais qu’on nous servait abondamment le matin, pour accompagner les Frosties. La mondialisation était là : on bouffait du ricain en matant des trucs jap’ doublés par des acteurs français qui avaient des factures à payer, la boucle était bouclée. A l’époque rien n’aurait pu prévoir que la petite tête blonde timide que j’étais subirait une adolescence troublée pour devenir le détraqué sexuel que je suis aujourd’hui. Du moins c’est ce dont mon entourage essaie de se convaincre, aveuglés qu’ils étaient par mon charme candide de l’époque. Parce que moi et mes potes, et tous les gens de cette génération perdue, on connait très bien notre parcours psychologique. Et on sait aussi que les valeurs manichéennes défendues dans ces bonnes grosses soupes miso qui nous servaient de divertissement le mercredi matin étaient loin d’être notre préoccupation. Nous on voulait juste être des héros surpuissants, défoncer les méchants et choper des gonzesses sur toutes les planètes du multivers, comme dans DBZ.
C’était l’époque du Club Dorothée, le début des 90’s. On était fascinés par ces types aux cheveux chelous qui lançaient des boules de feu, et par les mecs en armure qui passaient leur temps à sauver la même poufiasse, à chaque fois. Dans la cour de récré, on assistait à des disputes épiques pour savoir qui aurait l’honneur d’être Sangoku ou Végéta, et qui serait le blaireau avec un oeil sur le front. Mais à cet âge freudien où tu passes 10H sur 24 avec la main sur le zguègue, ça signifiait surtout une chose : qui allait se taper Bulma, qui allait se taper Chichi, et qui se retrouverait comme un con à devoir s’inventer un fantasme sexuel avec un nain volant. On se croyait des âmes de Super Guerriers, mais au fond on était tous des Tortue Géniale, on voulait juste voir des nichons. Et les plus gros possible.
Bon, on a fini par grandir. On a finalement trouvé des combines pour en voir des nichons, et des vrais (même si, dans le cas de certains, dont je suis, on a continué à lire des mangas). On repense à cette période avec un sourire amusé, se disant que malgré notre méconnaissance des choses de la fesse à cet âge là, on était quand même bien morts de faim pour s’imaginer baiser un dessin. Mais apparemment sur l’Archipel du Tag 34, cette passion ne leur passe jamais. Non, eux ils pensent encore que Seiyar, Sheyriu, et tous leurs potes androgynes se sont farcis assez de bastons pour gagner le droit de gangbanger Athena (et le reste du Panthéon, si possible). Rajoutons à ça un pourcentage important d’adolescents attardés sur l’Île, la moyenne d’âge de dépucelage des japonais qui est de 25 ans, une réalité de la femme japonaise ultra-éloignée des fantasmes créés sur papier, et vous avez les conditions idéales à la création d’une industrie prospère : celle du Manga Hentaï.
Le principe n’est pas très compliqué : on dessine une gonzesse avec de grands yeux, des cheveux très longs d’une couleur qui n’existe pas dans notre monde, une paire de seins gigantesques, et on la met dans plein de situations qui te vaudraient certainement d’être déshérité par tes parents s’ils apprenaient que tu les kiffais (un peu comme toutes celles que l’on retrouve dans le porn japonais, en fait). Enfin, je caricature un petit peu. On est tout de même au Japon, au pays de l’estampe, le dessin sexuel est ici une tradition séculaire. Mais je peux quand même vous dire que le choc de l’introduction de la pop culture ricaine après guerre a mis une vilaine claque au bon vieux Manuel des 48 Positions de l’époque Edo. Jadis, le valeureux samouraï cuissait déjà la Geisha dans tous les sens, mais avec honneur. Aujourd’hui le samouraï a été remplacé par le proviseur cochon, le yakuza pervers ou le Super Vilain, et la Geisha par l’étudiante en uniforme ou l’héroïne manga en perdition. Désolé Megumi, fallait t’arranger pour te faire dessiner au XIVeme siècle, parce que là tu vas prendre. Et très cher.
En fait, le Hentaï est une représentation dessinée de tous les fantasmes bizarres que l’on retrouve dans le « vrai » japorn (au point qu’on s’interroge parfois sur l’utilité du truc), mais avec la dose de WTF nécessaire à rendre le truc un peu spécial. Et pourtant, que ce soit les tentacules ou l’invisibilité, on vous a déjà montré au Tag que les nippons ne reculent devant rien en matière de bizarrerie pornographique. Mais en Hentaï, le nawak’ n’a plus aucune limite. Maintenant, il est possible de représenter une femme ninja / femme fontaine qui terrasse ses ennemis avec ses sécrétions jaillissantes. On peut même imaginer des mecs bien montés, c’est bonheur (rigolez pas, c’est du luxe chez eux). Faites-vous plaisir, c’est open bar. Les dessinateurs s’amusent gentiment à détourner le réel pour faire fantasmer des ados japonais socialement handicapés, à l’imagination anesthésiée par des gavages successifs d’images, et donnent par là même un champ d’étude illimité aux psychanalystes de tout poil. Au Japon, ce sont réellement toutes les possibilités qui sont couvertes, et cette pop-culture infantilisante poussée à l’extrême porte le Hentaï vers un succès phénoménal.
En occident, où on est un peu moins dans les trip 34, la raison du succès du Hentaï sur les tubes est sensiblement différente. Pour commencer, le public est un peu plus jeune (de l’adolescent un peu otaku principalement, là où au Japon on touche toutes les tranches d’âges, des ados aux adultes). Et ce qui marche, c’est la représentation d’idoles existantes. Comme je le disais en introduction, pour nous c’est le cœur d’enfant qui parle, c’est le réveil des fantasmes de l’époque où on voulait se marier avec maman. Alors on regarde Tifa tailler une grosse pipe à un mec pendant 10 minutes, et on rebranche la Playstation pour finir une 6ème fois Final Fantasy VII. On se doutait bien qu’elle aimait la bite, il nous fallait la confirmation. Mais au-delà du réveil des vieux fantasmes, le Hentaï a un avantage : c’est facile à assumer.
Un pote m’avouait récemment que lors de sa première année de fac, durant cette période difficile qu’est la fin de l’adolescence et le catapultage dans le monde réel, sa consommation de porn était quasi exclusivement composée de Hentaï. On est en plein dedans, il fallait un compromis entre les beautés en papier qui ont nourri nos rêves d’enfant et les vraies filles, celles qui aiment le sexe et qu’on n’a pas osé aborder à la soirée Erasmus. Le Hentaï est la solution de facilité de celui qui n’assume pas encore le vrai Porn, les vrais coups de reins. Par peur de l’inconnu ou par excès de morale mal placée, certains préfèrent voir atteinte la dignité de filles dessinées, celle-là est fictive au moins. On pourrait retrouver une bonne partie des scènes Hentaï dans du japorn traditionnel, mais non. Là on culpabilise moins (et au moins elles ont TOUTES des gros seins). Seulement mon canard, ça ne change rien aux faits : t’es toujours en train de te pignoler devant des cochonneries, tout seul devant ton écran, et tu aimes ça. Tu fais juste un peu trop ta mijaurée pour l’admettre.
En fait le Hentaï, c’est le Second Life du porno : c’est pour ceux qui veulent s’éloigner encore un peu plus de la réalité. Comme si le fantasme de se taper une meuf gaulée comme Asa Akira avec le talent de Manuel Ferrara n’était pas un voyage suffisant…
Quote : « et au moins elles ont TOUTES des gros seins » Et
les toutes jeunes filles qui se font toucher par les tentacules,
elles n’ont pas toujours des gros seins ! Sinon je me suis
parfaitement retrouvé de ce portrait de la génération née à la fin
des années 80, merci.
C’est aussi (et surtout) le royaume du #pedo, avec un avantage non-négligeable : à toi les fap-fap illégaux sans passer par la case prison.
Lentement, mais sûrement, le hentaï t’entraîne sur les rivages du vice. Et un jour, tu capitules : tu t’achète une figurine à la chatte en résine. http://www.figureotaku.com/mediaalbum/viewitem/6787/
Mais tellement, oubli notable en effet. Merci pour la précision.
L’article de ma journée, c’était tellement cool que je tape
de la bite sur le dernier tome de Bleach : « Orihime qui vas-tu
sucer ce soir ? »
Pas un mot sur les eroge? Le seul aveu d’y avoir joué peut
faire de n’importe quel personne respectable un paria.
Moi perso je baise Nicky Larson (et peut-être même quand il est interprété par Jackie Chan au ciné mais juste pour la blague alors) et Pr. Onizuka quand ils veulent. Donc je dis oui à ce doux article. Sinon là où ça devient un peu salaud, c’est quand on va du côté des Pokémon. Quoique Tentacool peut trouver sa place un peu partout.
Et à mon avis Onizuka ne se ferait pas prier pour te mettre une pile. YOROSHIKU !