Youporn se rapproche de Youtube

On n’a jamais été très partisan de Youporn au Tag, car au-delà de la marque référence qu’est devenu le tube, il était surtout depuis quelques années le parent pauvre du système, rétrogradé au rang de tube historique au contenu vieillissant et doublon avec le reste du Pornhub Network. La concurrence fait rage dans le streaming gratuit, entre le rouleau compresseur xVideos, la richesse de contenu de xHamster et l’arrivée des agrégateurs de tubes comme Tubegalore ; Youporn se devait d’offrir une réponse rapide s’il voulait encore rester dans la course.

Le porno à l’ère du marketing digital

Fabian Thylmann (Manwin), dont l’ambition est de faire de son Pornhub Network, le Google du porn, a racheté Youporn l’année dernière, et a commencé à y injecter par petites touches du marketing digital (création du blog, compte Twitter, clip officiel…). Mais une petite révolution vient de faire son apparition depuis la rentrée, un bouton qui change tout et qui rapproche un peu plus Youporn de Youtube : les chaînes officielles.

Depuis que le potentiel de Youtube a (enfin) été compris par les maisons de disque et l’industrie de l’entertainment, l’accent a été mis sur ces chaînes officielles. Dans un premier temps afin d’augmenter la disponibilité de l’offre et la présence en ligne, pour contrer les utilisateurs qui seraient tentés d’uploader eux-mêmes le contenu  faute de disponibilité. Dans un second temps, pour administrer ce contenu et optimiser les gains pour les ayants droits et l’achat vers le contenu. Une augmentation significative du chiffre d’affaire est constatée “de l’ordre de 20-25 %” pour les artistes ayant cette visibilité nous dit Julien, channel manager chez Believe.

Si le porno en ligne ne se rémunère pas encore au nombre de vues, et difficilement via la pub, son principal business model est celui de l’affiliation : quand vous effectuez un achat après avoir cliqué sur une bannière (ou un lien), l’affilié reçoit un pourcentage de la transaction, généralement 50%. C’est sans rentrer dans les détails ainsi que vivent les webmasters dans le X, et une partie importante des revenus des tubes.

Ce système a presque toujours existé sur les tubes, mais il n’a jamais été mis en avant car ils se contentaient généralement d’héberger du contenu à la tonne sans vraiment penser à l’expérience utilisateur. Pornhub a déjà timidement lancé des chaînes, c’est Youporn qui vient officiellement de poser la première pierre vers le futur du porn en streaming.

J’ai tapé « visibility » dans Google Images

La visibilité, ça change le porn

Ils ont regroupé tous les studios affiliés ou partenaires dans une rubrique clairement identifiée sur le site (en haut à gauche, avec un NEW rose bien visible – impossible de passer à côté) ; presque 500 chaînes sont présentes, soit une belle représentation de l’offre en ligne disponible. On retrouve évidemment les sites appartenant à Manwin (propriétaire de Youporn) : Digital Playground, Mofos, Brazzers, Twistys, Reality Kings… mais également des gros studios indépendants comme Vivid, X-Art ou Naugthy America. Le reste étant constitué de studios spécialisés dans le gonzo ou dans les niches dont Backroom CastingCouch, Rocco Siffredi ou Public Disgrace (Kink) pour ne citer qu’eux.

Des experts ont décidé un jour que la durée optimale pour satisfaire et en même temps frustrer le fappeur et ainsi le pousser à consommer avoisinait les cinq minutes, la grand majorité des vidéos disponibles sont donc de cette durée mais certains balancent les versions longues, c’est le cas en autres d’X-Art, Rocco ou NetVideoGirls. Rien de nouveau finalement, c’est la visibilité de l’offre qui fait la différence, la façon dont la promotion contribue à alimenter du tube, tout en optimisant ses ventes, et en rémunérant l’hébergeur (qui devient alors distributeur).

Le principal défaut des tubes est l’organisation bordélique des vidéos et sa recherche par tags un peu hasardeuse (ou experte si vous nous lisez…) et le sentiment de souvent tomber sur les mêmes vidéos. Avec ces chaînes, plus besoin de vous faire chier, vous pointez les niches ou les studios qui vous plaisent et vous vous baladez comme vous le faites déjà sur Youtube.

On ne sait si vous passerez l’étape de l’achat mais tout est fait pour que vous cliquiez dessus. Deux bannières gérées par Trafic Junky (la régie publicitaire de Manwin, – en encadré dans l’image ci-dessous), ainsi que deux liens (indiqués par des flèches rouges) renvoient vers les studios. C’est clairement indiqué, vous ne pouvez pas y échapper, et même en étant des vilains jeunes qui ne payent pas, vous serez tenté de cliquer dessus. Un autre dispositif plus insidieux vient compléter le tableau : le watermark sur les vidéos ainsi qu’une qualité d’encodage moyenne, qui tend à renforcer la frustration et forcer le passage au payant.

Backroom Casting Couch, une des chaînes les plus populaires sur Youporn

Un modèle économique gagnant

Youporn c’est 10-15 millions de visites par jour, dont les chaînes les plus populaires ont déjà claqué leur milliard de visites, et c’est une intégration totale dans le Pornhub Network (dont le cumul d’audience le place dans le top 20 mondial). Non content d’avoir sous son pouce une partie de l’industrie pornographie, Fabian Thylmann vient d’installer un modèle de distribution novateur et rentable.

Cocktail gagnant : audience importante + contenu officiel + gestion interne de la publicité + optimisation de la transformation + contrôle d’une partie de la production (via son propre réseau) + autopromo.

Fabian voulait faire de Manwin le google du porn, il vient déjà d’en faire le Youtube officiel. Une nouvelle ère est arrivée, celle de la maturité pour les tubes. On ne sait toujours pas ce qui pourrait détrôner le nouveau magnat du porn, les concurrents en face (xVideos ou xHamster) n’ont pas l’assise financière pour rivaliser, les studios n’ont plus le choix que de se plier, l’hégémonie est maintenant réelle mais finalement logique. Premier à vraiment développer le business autour des tubes avec pragmatisme, il en récolte maintenant les fruits.

Les jaloux ont déjà maigri.

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  • 50% sur de l’affiliation ? C’est 5% sur Amazon il me semble (à vérifier). Sur un abo à 30$ en moyenne (sur le mois pas les offres découvertes), 50% ça fait un bon petit pactole si ça transforme même moyennement…

  • C’est un stagiaire bourré qui a designé la bannière de Brazzers ?

  • Un article fort intéressant.

  • non y a pas que 50%. En fait, tu a le RevShare et le PPS.

    le PPS tu touches une commission fixe qui peut atteindre grosso modo un mois de ce que payerai un abonné. Par exemple chez Manwin, babes.com me paie 30$ par nouveau client une fois pour toute ; par contre je ne touche plus rien si le gars renouvelle son abonnement automatiquement. A l’inverse, le RevShare, la commission atteint 60% du montant payé par le client final et tous les mois tu touche la même chose tant qu’il n’arrête pas son abonnement.

    • Simplement pour mieux comprendre : si un type va sur ton site clique sur un format display redirigeant vers babes.com mais s’abonne sur un autre site du network, ce sont toujours les mêmes mécanismes de rémunération qui s’applique ?

      Est-ce que comme dans le « travel », il y a un cookie qui permet de traquer et réattribuer la transfo plusieurs jours après le clic initial ?

      Je pose ces questions car les niveaux de rémunération que tu décris sont relativement « élevés », limite ça me fait penser aux pratiques liées au secteur des jeux en lignes voire des assurances/crédits. En tout cas, ces articles sur les coulisses du porn-jeu c’est vraiment intéressant !

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