Dis-moi comment tu fappes : analyse de vos historiques
En septembre dernier on lançait un petit projet, qui avait surtout une valeur empirique (on n’a pas la prétention de vous pondre une “étude” à la con et vous sortir une jolie infographie qui n’aurait de valeur que sa potentielle viralité). On vous a demandé la nature de vos historiques porno, afin de savoir, derrière la liberté qu’offre l’anonymat, quels étaient vos tags, vos préférences, vos habitudes. Vous avez été une bonne cinquantaine à nous répondre avec plus ou moins de précisions, on vous en remercie.
Tous les chiffres qui vont suivre sont à prendre avec des pincettes, sachant que le panel est réduit et que 15 % d’entre vous ont choisi finalement le total anonymat. Ces chiffres reflètent surtout la consommation d’une partie de notre lectorat, et non des Français.
– Vous êtes 67 % d’hommes – 33 % de femmes.
– Vous avez 23,8 ans en moyenne.
– 7 % se déclarent bi (50% d’hommes – 50% de femmes), 3,5 s’estiment bi-curious (50% d’hommes – 50% de femmes) et 5,2 % gays (100% d’hommes). Le reste est constitué d’hétéros ou de gens qui ne souhaitent pas donner d’informations à ce sujet.
– Vous venez majoritairement des grandes villes de France et des capitales francophones.
La suprématie des tubes
Premier constat, vous êtes 92 % à utiliser des tubes pour regarder du porno, avec une écrasante majorité pour xHamster et xVideos-XNXX (qui sont les mêmes tubes, seule l’interface change), puis viennent Pornhub, Redtube et d’autres moins connus. Youporn est assez peu utilisé au final, ce qui montre bien une chose : vous avez besoin d’avoir accès au plus grand catalogue possible, et vous commencez à vous détourner des tubes qui multiplient les partenariats et les vidéos sponsorisées (celles de 5 min montées à la truelle).
On voit aussi à travers ces résultats la montée en puissance d’xHamster, qui n’est pas devenu un des premiers sites pornos au monde par hasard , malgré des serveurs assez lents et un moteur de recherche interne peu efficace (il faut se méfier des chiffres de LiveJasmin, dont le trafic est très gonflé par la publicité). XHamster est à l’heure actuelle le tube le mieux fourni, que ce soit en contenu piraté (ils sont peu regardants sur les droits…) mais également en contenu homemade et sans réelle barrière entre les sexes (contrairement aux autres tubes). De plus, sa stratégie 2.0 lui apporte un atout communautaire intéressant en fidélisant ses utilisateurs.
Le règne du tout gratuit
Dans vos historiques, personne ne mentionne d’abonnement à des sites payants, ou alors seulement vers des previews gratuites (du type Jacquie et Michel ou Kink), personne ne mentionne également de sites de téléchargement illégal, le streaming gratuit est donc le grand gagnant de cette enquête. Qui dit culture porn, dit forcément culture web et la culture du gratuit qui va avec.
L’arrivée des tubes en 2006-2007 marque nettement une rupture dans le mode de consommation, on peut même parler de troisième révolution dans le porno en ligne (après l’avènement d’internet, puis de l’ADSL et donc l’ouverture au marché de la vidéo) au grand dam de l’industrie, qui a bien du mal à envisager la publicité comme alternative à l’offre payante traditionnelle. La question des droits se pose évidemment, mais est-ce le problème des consommateurs ? On voit à travers cette petite enquête que tant qu’il y a du contenu, les gens en regardent peu importe l’origine des vidéos, quelles soient pro, piratées, amateurs ou homemade ; seule leur profusion compte (et son accessibilité/gratuité évidemment).
La culture du zapping
Le mode de consommation est au picorage : vous restez de 5 à 30 min en enchaînant les vidéos, avec une moyenne autour de 10 minutes, ce qui est tout de même remarquable (d’un point de vue publicitaire) comparé au temps moyen passé sur un site d’actualité par exemple (3 à 6 min en moyenne). Vos recherches se divisent en deux méthodes : il y a ceux qui cherchent par tag et ceux qui cherchent par actrices. Et dans les deux cas, très rares sont vos sessions où vous restez sur une scène ou une actrice en particulier : on est dans une consommation en zapping, soit en cumulant suffisamment d’images pour jouir, soit en tombant au final sur la bonne vidéo. Vous tournez autour d’une bonne vingtaine de requêtes par session.
Pas de distinction de sexe ou d’orientation sexuelle dans cette consommation, vous utilisez les tubes de la même manière, et c’est un des points importants qui ressort de vos historiques, que nous avions déjà entraperçu depuis un moment (via les Parfaites, ou simplement en discutant avec vous) : il n’y a pas une consommation typiquement masculine ou féminine.
Des fantasmes variés et riches mais quelques tags parfaits
Il serait assez risqué de s’essayer à définir vos tags préférés tant vos historiques sont variés. Seule une étude sur un panel très large de consommateurs pourraient donner de résultats convaincants en se basant sur les logs de connexion des utilisateurs des tubes par exemple. Mais, il faut tordre le coup définitivement aux idées reçues, qui voudraient que les femmes regardent du porno soft et “respectueux” et que les hommes du porno macho et violent.
Quelques exemples :
– Les personnes qui regardent des DP (double pénération) sont principalement des femmes.
– On peut remarquer que les femmes regardent plus de scènes de soumission (voire d’humiliation) que les hommes.
– La seule personne à être allée sur x-art mater des teens était un homme.
– Les femmes (hétéros ou non) regardent de manière significative du porno gay (homme).
Nous pouvons tout de même sortir de ces statistiques quelques grandes lignes. Dans les tags les plus courants, on trouve en champion toutes catégories anal et ses dérivés (rimjob, DP…) dans 44,19 % de vos historiques, suivi de teen à 32,56 % ce qui nous amène tout naturellement à un tag parfait qui semble vous travailler plus que d’autres, le combo : teen anal ou first time anal. Soit l’innocence alliée à la porte des secrets, un fantasme éternel.
Vous aimez aussi particulièrement les tags de la sphère “violente” : BDSM, punished, humiliated ou forced apparaissent dans 34,88 % de vos recherches. Entre l’anal, les jeunettes et la “violence”, se dessine ici un tableau du vice fortement intéressant.
Le porno tel que nous le consommons étant surtout la représentation de fantasmes sur écran dans un but masturbatoire, il est assez logique qu’il tende vers ce qu’on aimerait essayer, ce qui nous excite et plus particulièrement ce que nous n’avons pas à portée de main. De là à en conclure des choses abominables et décadentes, c’est une thèse que nous ne partageons évidemment pas au Tag Parfait puisque vous connaissant un peu, nous avons surtout remarqué que vous étiez dans votre très grande majorité tout à fait normaux (mais malheureusement pour vous, la normalité ne fait pas la une des journaux).
Le reste des résultats n’est pas assez significatif pour en tirer une analyse pertinente, mais il révèle que le porno est riche et que vos fantasmes le sont tout autant ; et dans l’intimité d’une chambre et d’une connexion adsl s’exprime la créativité. Il existe autant de fantasmes que de personnes, il serait donc périlleux de tirer un portrait type du fappeur lambda.
Aujourd’hui Youporn, demain Spotiporn ?
Ces résultats ne nous ont pas tellement surpris, on s’attendait à voir une telle profusion de tags différents, mais peut-être pas de manière aussi touffue et riche. Mais nous avons tout de même été étonnés par l’archi-domination des tubes, qui en dit long sur le décalage entre la consommation réelle de porno chez les moins de 30 ans et le peu d’effort que fait l’industrie du porn – en dehors des webmasters – pour s’y adapter.
Une partie de l’industrie porno ferait donc bien de voir d’un autre œil les tubes et leur modèle économique basé sur la pub (CPM, affiliation, fixe), l’avenir se jouera sans aucun doute sur ce terrain. Si l’industrie du disque réussi en ce moment à doucement remonter la pente c’est en partie grâce au streaming via Spotify, Deezer ou Youtube (qu’il soit par abonnement payant, ou gratuit par la pub). Tout comme dans le porno, la musique a dû faire face au piratage et au refus des jeunes connectés de mettre la main à la poche. Il a fallu un temps assez long pour que des gens comme Pascal Nègre (qui représente avec Universal Music Group tout de même 38% du marché global) change de position sur le streaming (hier le mal, aujourd’hui le bien).
Le porno est un marché en mutation, de ne pas évoluer ou le comprendre, c’est foncer dans le mur. Alors, qu’attend cette industrie ? Que Fabian Thylmann, qui représente avec Manwin une part considérable du business actuel, finisse par racheter tout le monde et impose sa vision (le bonhomme étant loin d’être altruiste et surtout se contre-fout du porno en lui-même) ? Cette hégémonie n’est pas saine, il faut que d’autres acteurs puissants montent au créneau et proposent de nouvelles solutions pour l’avenir du porno en ligne, sinon on arrivera à un monde pornographique où tous les pouvoirs seront concentrés au sein d’un même groupe.
Il faut voir les consommateurs de porno actuels comme des sauterelles qui vont de champs en champs pour se nourrir, en refusant les péages par habitude ou par culture. Alors pourquoi ne pas leur mettre un petit panneau publicitaire sur le dos pour en tirer profit ou proposer une offre d’abonnement de qualité, au lieu de voir ses récoltes dévastées ? Il serait peut-être grand temps que quelqu’un lance un Spotify du porn ou régularise la situation comme l’a fait d’une certaine manière Youtube à son époque (où l’ère pre-Vevo était tout aussi anarchique question droits que sur les tubes porno). C’est ce que fait actuellement Fabian Thylmann, sauf que sa boulimie fait plus penser à un Kim Dotcom du porn qu’à un sauveur (même s’il ne fait qu’appliquer sans se cacher la philosophie des créateurs de Brazzers/Pornhub, dont il n’est que le successeur).
En attendant, les fappeurs fappent, et montrent la voie de ce que le porno devrait être dans les prochaines années : un catalogue exceptionnel des fantasmes, où tous les genres et les envies seront représentés à l’infini. L’avenir est aux moteurs de recherches puissants, au porn à la demande, à un menu pornographique contextualisé qui s’adaptera aux habitudes de consommation ; mais également aux prescripteurs de contenu, qui vous diront quoi regarder. Un patchwork de porno pro, amat, homemade et live sur une plateforme sociale, rangée, détaillée, belle, rapide et fonctionnelle. Une machine de guerre dédiée aux plaisirs solitaires.
On peut pas se cotiser là tous ensemble pour créer ce Spotify du porn ? Avec une petite adresse sympa, du style perfecttags.com 😀
Pour que ça marche, il faut que la majorité des producteurs acceptent d’être payés à l’audience, c’est très mal parti pour le moment.
Une fois de plus très bien écrit… Voila un résumé de la situation actuelle très exhaustif et tellement vrai.
Merci à vous « le tag parfait » de partager et d’écrire sur ce thème, et d’abattre ce travail certain qu’il y a derrière l’épluchure des historiques des lecteurs, et la création d’une analyse comme celle là!
Très intéressant, pensez-vous renouveler cette enquête dans l’avenir, ça pourrait être une bonne chose de faire des points réguliers!
On ne pense pas que ça change grand chose, par contre le faire avec un tube pour être sur un autre échelle serait interessant.
L’enquête, bien qu’illustrée avec goût, loupe un des personnages:
http://belladonna.arapah.org/monsieur.png
Very précis very juste. On se reconnait easy.
A quand les réponse de ce sondage https://letagparfait.com/2011/09/01/sondage-masturbation/ ???
On a mis de côté car on n’a pas trouvé de gens capable de nous analyser solidement les data (puis on a oublié aussi)
ça n’a pas l’air bien compliqué pourtant…
réponses*
Très bonne et pertinente analyse la conclusion en ce qui concerne un « Spotify du Porn » est excellente.
(Bon perso’ je suis surpris du peu de gens évoquant consommer sur X-Art ou téléchargeant en HD ses Porn mais ça me regarde ^^ )
Possible qu’on « regarde » du x-art ou joymii mais qu’on « consomme » du porno plus sale. Enfin, c’est ce que je fais personnellement. A un moment quand c’est trop lisse, trop beau, ça devient moins excitant.
Histoire de mettre mon grain de sel : X-art c’est très joli, mais la perfection, ça m’ennuie assez vite. Il n’y a rien où s’accrocher, rien d’un peu sale ou mal peigné, alors que c’est justement ces petits détails-là qui me font y croire. Pour moi, c’est ça le porno, c’est le petit détail qui déclenche le feu d’artifice parce que tu as l’impression d’y être.
X-art, c’est quelque chose de très beau, mais qui ne fait pas partie du même monde à mes yeux. Les gens parfaits ne m’excitent pas, je ne me sens pas à ma place avec eux. Je vais les admirer dix minutes de temps en temps, mais quand j’ai envie de passer à la vitesse supérieure, je retourne sur les tubes en quête de quelque chose d’un peu plus corsé…