CEI : l’expérience interdite
CEI n’est pas seulement l’acronyme de la Communauté des États Indépendants mais aussi celui d’une pratique sexuelle entre soumission et hypnose, un petit frère du remarquable JOI : Jerk Off Instructions. CEI, c’est pour Cum Eating Instructions, autrement dit “apprendre à manger du sperme sous les instructions de quelqu’un”. Vous savez quoi ? Je crois qu’on va partir sur une petite émulsion de sperme revisitée sur son lit de confusion, ça va être gourmand. Sauce blanche sur la gueule chef !
Voilà bien des mois que je tanne l’affreux Jizzou pour qu’il nous parle de cette coquetterie qui envahit gentiment les tubes. Cet accro au sperme semblait pourtant avoir toutes les qualités requises pour nous parler de ce nectar blanc, lui qui vous avait si bien parlé de Snowballing et de Cumswapping ; mais non, il a refusé. Lui qui clamait hier encore haut et fort “J’suis pas gastronome moi, j’aime le sperme, c’est tout !”. Est-ce sa conversion récente au végétalisme qui l’empêche de traire des vaches pour en récolter de quoi rendre ses os plus solides ? Nous n’en saurons rien.
Cum om nom nom
Quand il s’agit de se ruer dans la fange et d’en sortir tout crado, faut bien que quelqu’un se dévoue et n’ayant rien contre la traite des vaches ; encore moins celle des pénis (milking), j’ai donc remis mon casque à pointe et je suis allé voir de plus près de quoi le CEI était le vice.
Pas besoin de vous refaire un topo sur le Jerk Off Instructions, puisqu’il vous suffit de relire cet article. Le CEI s’inscrit dans la même veine : de la douce soumission voire de l’humiliation en POV, les yeux dans les yeux, entre hypnose et manuel d’instruction pour fappeur un peu neuneu. Globalement c’est assez efficace quand on aime bien croire qu’il y a de la vie entre l’écran et notre teub, comme une sorte de téléphone rose sans le frisson du direct, sauf que cette fois-ci la finalité diffère.
Dans le CEI, pas de sperme envoyé vers les cieux ou virtuellement sur un boule (enfin sur l’écran) mais dans d’autres réceptacles plus intimes : votre bouche ou votre main (puis finalement votre bouche). Apprendre à manger son sperme, voilà une drôle d’aventure qu’on avait oubliée depuis l’adolescence où l’on essayait à peu près tout ce qui était envisageable avec notre bite, à commencer par s’auto-sucer. Respect immense pour ceux qui y sont arrivé et ont découvert les joies d’avaler leur sperme avant leur meuf. Pour les autres qui manquaient de souplesse, on sait bien où tout ça a fini, promis ça sera notre petit secret. Wink wink.
La vie nous a appris à omettre ces moments intimes, car trop difficiles à avouer en public. Mais ici on peut tout se dire, il n’existe pas de tribunal des fantasmes et à l’abri dans une chambre fermée à double tour accolée à une navigation privée tout peut prendre vie sans que personne ne vienne vous expliquer les conventions collectives. Tout est possible : fap honteux, fantasmes inavoués, envies de gang bang hardcore, de shemale dominant, d’érotisme pour pleurer, de noms d’ex tapés dans xhamster pour tenter d’atteindre le tag impossible, et donc pourquoi pas aussi de Cum Eating Instructions.
Soldat du fap, ce héros sans témoin
Il vous fallait un héros de la honte pour vivre par procuration cette étonnante tentation, je me sacrifie donc pour la bonne cause, celle du porn et de ses innombrables ramifications. De toute façon, j’ai suffisamment cramé ma réputation auprès de l’Église Catholique que je ne suis plus à ça près. Carpe diem les amis.
Les tutos de cum eating ne manquent pas, bien que les producteurs passent leur temps à les faire sauter des tubes. Le choix le plus difficile se situe dans le casting. Mon petit truc c’est les voix et j’aime pas trop qu’on me parle comme à une merde car dans l’optique de manger mon sperme, j’aimerais mieux qu’on me prenne par la main. Le problème c’est qu’elles ont toutes ce rire hystérique en plus d’un ton ironique glaçant, j’imagine que ça prend chez certains qui aiment l’humiliation, perso ça me la coupe à moitié. Après avoir fouillé un long moment, j’arrive quand même à tomber sur une succube pas trop désagréable. Frisson dans le bide comme avant de sauter dans le vide, je me jette dans le vice.
Les yeux dans l’oeil
L’expérience interdite commence, elle rit comme une cinglée et me prend pour un boloss, mais bonne pomme je m’exécute. Elle me parle de mon immense chibre, de sa beauté et de sa raideur mais d’un autre détail amusant, c’est qu’aujourd’hui ça sera différent. Y’a pas de souci, je sais aussi lire des tags ma petite, je vois bien où tu veux en venir avec tes allusions donc accélère la cadence, je l’ai déjà bien raide avec ton petit boule qui s’agite. Je fais tout ce qu’elle me dit, j’astique ma Tour Eiffel en faisant des grands mouvements ridicules, je l’écoute me flatter puis me traiter de petite crotte sans trop y prêter attention.
Je prends surtout conscience que je suis en train de suivre les instructions d’une vidéo comme d’autres dizaines de types en même temps et du ridicule que cela entraîne, mais j’évacue rapidement cette pensée et continue à secouer la queue du Mickey.
Progressivement elle commence à m’expliquer la suite des évènements, que le programme de ce soir est de se finir dans la bouche et tout manger. Ca a l’air de la rendre encore plus timbrée, mais pro, je dis rien, j’ai un papier à finir. Elle me demande alors de lever les pattes au ciel et d’approcher ma teub de ma bouche comme si j’allais la sucer et de bien viser sinon c’est tricher. Il faut savoir qu’à ce moment-là, il est impossible de regarder la vidéo, c’est sa bite ou elle, le désir ou la désirée. Il faut un faire un choix Cornélien pendant que la vidéo déroule, même si personne ne vous forcera à rien. Je le fais quand même pour les besoins de ce reportage saisissant qui devrait foutre la honte à ma famille pour plusieurs générations.
Me voici donc en tête-à-tête, dans une position de yoga érotique, à regarder ma teub qui n’en demandait pas tant. On se regarde les yeux dans l’oeil, je tente de me sucer mais je suis pas assez souple même en tirant la langue et en me pétant le dos. J’entends vaguement au loin ma gow d’un soir qui continue à délirer face à sa webcam et à me donner des instructions que je n’entends même plus. J’oublie rapidement qu’elle existe pour me concentrer sur ma tâche ridicule. Si des millions de gens le font sans ça que ça leur brûle le visage à l’acide, c’est que ça ne doit pas être si terrible.
Puis enfin la ligne d’arrivée approche, elle ressemble à un précipice où s’engloutit l’édifice de la raison mais comme toute pratique à la frontière de nos envies, elle donne du piment à l’excitation. Le compte à rebours commence, la peur se mêle à la l’excitation, j’ai l’impression d’avoir une bombe à fragmentation entre les mains. Puis à trop jouer avec elle, la petite faucheuse rompt les amarres et envoie au fond du bec ce qui était jusque-là réservé à un Tenga ou un mouchoir.
Silence.
Post fapum animal solum est
Stupeur. Malice. Stupeur. Malice. Horreur. Malheur. Pourquoi pas en fait. C’est chaud et sans trop de saveur et j’en ai partout. Post coïtum animal triste au carré, l’enfer s’étale sur ma gueule, c’est pas que ce soit la fin du monde, mais quelques ponts se sont effondrés en quelques secondes. J’espère seulement que le très haut n’en a pas fait un vine.
L’expérience s’arrête là, je maudis la Terre et le porn. Le problème c’est ni l’avant (excitant), ni l’instant (dangereux) mais l’après (la solitude). C’est se lever et voir sa tronche souillée, sans personne pour vous consoler. Car à l’autre bout de l’appart, il y a cette fille qui n’existe plus car la vidéo s’est arrêtée. Il n’y a plus rien à faire que de reprendre une activité qui vous emmerde, sans excitation, sans but, sans saveur. Si seulement il y avait une vie après la mort, si seulement on pouvait taper un burn-out perpétuel entre le jour et la nuit.
Outre le fait que ce soit un très bon article, c’est une véritable performance humaine que tu as fait la! Tous mes respects pour cette abnégation journalistique.
Si jamais je te croise au détour d’un fap club, permets-moi de venir te serrer la pince et de t’offrir un verre pour ça!
C’est beau ! Bravo !
Prochaine étape : le self ass to mouth
Sacré gonzo journalisme. Han la mise en abime !!!11!
La prochaine fois je fais l’instructrice.
Commence par un petit JOI pour la rédac :]
Très bon article. Si bien écrit, qu’à un moment, je réalise que je t’imagine en train de le faire. Instant troublant, vraiment.
» Frisson dans le bide comme avant de sauter dans le vide, je me jette dans le vice. » C’ est beau.
J’ai pleuré de rire, merci.
c’est quand même pas facile, ces quelques secondes avant l’instant fatidique, quand ton esprit commence à se réveiller et te dit « hey mec tu vas finir dans ta bouche?! OK vas y, mais t’assume »
enfin super article, ça c’est du journalisme d’investigation 😀