L’Oculus Rift ou la promesse d’une révolution

L’expérience porno immersive

Si pour le moment l’expérience que propose l’Oculus Rift dans sa version kit développeur (DK1) possède d’énormes défauts (mal de mer, qualité d’écran dégueulasse, temps de latence encore significatif), les sensations éprouvées lors des tests restent tout de même spectaculaires. Le cerveau est bluffé, le corps se demande ce qu’il doit faire (autant une qualité qu’un défaut) et globalement on sort de là en se demandant si notre réalité (la “vraie”) n’est pas finalement qu’une réalité simulée. Sensation étrange pour ceux qui ont peur de devenir schizophrènes, frisson de l’interdit pour ceux qui n’ont rien contre la drogue, nouvelle expérience de jeu pour les autres.

memeoculus

Une des particularités du porno est de pouvoir jouer avec la réalité pour proposer une expérience sexuelle par procuration ou substitution, cette industrie a donc tout a gagner à investir dans cette technologie dont l’atout numéro un est l’immersion. Même si pour moment la vidéo n’est pas la technique la plus facilement transposable vers l’Oculus Rift contrairement aux jeux vidéo et aux environnements virtuels (dont la gestion de la 3D est bien plus simple à mettre en place), la vidéo et donc le porno pourrait bien à moyen terme y trouver une application. Il existe d’ores et déjà des caméras qui filment à 360° (mais sans 3D, ce qui rend l’immersion moins intéressante), des essais ont déjà commencé pour le porno et on annonce un premier film (mainstream) tourné en 3D à 360°. La rencontre de ces mondes n’est donc qu’une question de patience.

Il est difficilement envisageable de pouvoir un jour se déplacer librement à l’intérieur d’une vidéo, nous sommes toujours condamnés à suivre le déplacement de la caméra, mais pouvoir orienter son champ de vision à 360° devrait rendre l’expérience porno beaucoup plus intégrante par rapport à la 3D actuelle, même la meilleure du marché. L’idée d’amener la 3D dans un environnement vidéo à 360° pourrait faire exploser les frontières du POV, si chère aux fappeurs.

Le porno a toujours fantasmé de pouvoir sortir de l’écran, d’être sur nos genoux. Stagliano en embarquant sa caméra sous les culs a inventé le style POV et a amené un nouveau champ visuel, la 3D (dans les 70s puis dans les 00s) tente d’amener les sujets près de nous mais se heurte à des problèmes techniques (et d’équipement des foyers), l’hologramme pourrait y parvenir un jour mais pas sûr qu’on soit encore là pour en témoigner. N’est-il pas plus simple d’entrer dans l’écran que de le faire jaillir ? C’est en tout cas l’espoir qu’on porte dans l’Oculus Rift quand la technologie sera aboutie, c’est à dire quand elle pourra gérer la 4K avec une production 3D de qualité.

Applications possibles : POV, soumission (imaginez Maitresse Madeline qui vous attache et vous colle son cul à 2 cm du visage), strip-tease, porn interactif. Globalement, toute production qui implique le spectacteur.

Dans la peau d’un voyeur

virtual_sssh010

Mettons de côté la vidéo et revenons à ce que propose déjà l’Oculus : l’immersion dans des mondes virtuels. Il existe une démo assez simple d’un appartement modélisé qui ne propose rien d’autre (pour le moment) que le fait de pouvoir l’explorer librement. Plutôt bien foutue, elle suffit à imaginer l’application qu’on pourrait en faire dans le porn. Il faut savoir penser au-delà des tags et réfléchir à ce que cherche concrètement un fappeur quand il lance un porn. Veut-il être acteur, spectateur ou voyeur ? Cherche-t-il à être en danger, rassuré ou frustré ? Si on oriente notre curseur des fantasmes vers le fait d’être voyeur, alors l’industrie du porn pourrait très rapidement y trouver une application concrète.

Imaginons le même appartement mais qui serait alors le théâtre d’une orgie d’humains modélisés ou de créatures imaginaires. On pourrait facilement se déplacer à l’intérieur, se rapprocher, scruter les corps, observer sans prendre le risque d’être vu. Un voyeur numérique ne cherche pas d’interaction, il se pose là, omniscient dans cet univers virtuel, pour se rincer l’oeil ou s’exciter. On pourrait aussi imaginer le même traitement dans un monde ouvert à explorer, où on irait chercher les recoins sales à observer selon nos désirs.

Applications possibles : The Upper Floor en 3D, visite virtuelle de lieux dédiés au libertinage, soumission et immersion (femmes géantes, mondes ouverts à explorer…)

Second Life du porn

Si on pense monde virtuel et interactions, on pense évidemment à Second Life puis à Redlight District ou Kink Virtual mais l’intégration dans ces mondes virtuels pour le joueur lambda est souvent limitée à cause de la distance physique entre notre moi et notre moi virtuel. L’immersion complète procurée par l’Oculus règle alors ce problème, on ne regarde plus notre avatar, on devient physiquement notre avatar. Suffit alors de connecter les différents Oculus à un réseau, de s’y connecter, et de récréer une double vie sexuelle numérique.

Applications possibles : Kink Virtual, une nouvelle vie pour Second Life, des réseaux communautaires comme Fetlife.

Sexe augmenté : le Disneyland du Fap

VR_VStroker

Voici enfin la grande aventure qu’on attendait tous, la collusion entre les trois mastodontes de l’entertainment pour adultes : l’industrie du sextoy, des jeux vidéo et du porno, enfin réunis pour proposer ce qui ne se piratera jamais : un rapport sexuel virtuel mais avec toute l’excentricité et le terrain infini des fantasmes que peut apporter le porno.

Il existe déjà du sexe interactif dont on est le héros, même relié avec un sextoy qui devrait également intégrer prochainement l’Oculus Rift dans sa version 3D – mais on attend enfin le grand choc des titans qui nous amènera à une vie sexuelle virtuelle et totale. Sextoys connectés qui réagissent à l’image, immersion dans la scène avec le casque, une production qui nous regarde droit dans les yeux et nous, emportés dans le tourbillon des sensations, scotchés au siège à jouir comme dans un jeu, à jouir comme si on y était, à s’en mettre partout sur nos sièges vibrants comme à Disneyland.

On peut aussi imaginer le reste des applications citées plus haut s’intégrer aux sextoys connectés, que ce soit seul devant un ordi ou à plusieurs à travers un univers virtuel. Tout dépendra de l’expérience qu’on souhaitera intégrer. On parle de plus en plus de robots sexuels mais avant d’arriver à faire l’amour avec une machine, le chemin le plus court et le plus lucratif (pour les producteurs de contenus) reste celui du service sexuel augmenté, multi-connecté avec la connivence des futurs alliés de l’entertainment. Un futur aussi terrifiant qu’excitant.

Applications possibles : toutes celles citées précédemment et donc le porno et le sexe virtuel dans sa globalité. La promesse d’une révolution sexuelle.

Un point de non-retour

oculus-small

Sans vouloir surjouer l’excitation, l’Oculus Rift a clairement ouvert une grosse brèche dans les capacités immersives de l’image. Il suffit de regarder l’enthousiasme et l’accueil qu’a reçu le casque qui n’est – encore une fois – qu’au stade de développement, autant dans l’industrie du jeu que chez les gamers, pour s’en convaincre. Cette avancée amène déjà de nombreux questionnements sur notre présence sur Terre, sur l’utilité des rapports humains, on peut rapidement imaginer que cette réalité virtuelle amènera ses détracteurs et ses défenseurs, que certains en l’envisageant comme une drogue développeront une dépendance, que d’autres préféreront notre réalité.

Si le porno peine à se renouveler, à trouver un nouveau business model, il ferait bien de se pencher rapidement sur le cas de la réalité virtuelle et de s’allier avec les autres acteurs de l’entertainment pour y tirer profit. Nous sommes à l’aube d’une révolution, celle du sexe virtuel réaliste où les sensations ne se limitent plus qu’à des vains plaisirs visuels mais bien à une imbrication du corps et du cerveau dans l’espace virtuel. Palmer ne parle déjà plus d’immersion mais bien de présence, l’utopie dangereuse mais excitante proposée dans Strange Days n’est plus un fantasme intouchable, elle arrive enfin.

« Have you ever jacked in? Have you ever wire tripped? No? A virgin brain. Well, we’re gonna start you off right. This isn’t like « TV only better », this is life. Yeah, this is a piece of somebody’s life. Pure and uncut, straight from the cerebral cortex. You’re there! You’re doing it, seeing it, hearing-hearing it. You’re feeling it. » — Strange Days.

Difficile de prédire concrètement quel producteur ou quel fabricant saura adapter au mieux son offre et réussira à créer un produit spécialement conçu pour l’immersion porno, mais une chose est sûre, depuis cette première rencontre un triste dimanche de janvier, je n’ai jamais été aussi excité que par demain.

Aucun commentaire. Laisser un commentaire

  • Merci pour ce super article !

    Je savais qu’en étant patient nous aurions un jour la possibilité d’avoir du sexe virtuel. Et ce n’est que les prémices…

    Quoi de plus excitant que d’avoir chez soi une machine à fantasmes.

    Il va falloir être fort mentalement pour ne pas devenir addict.

    Congrat pour le travail que vous faites tous.

    Take care

Laisser un commentaire