Pixels Parfaits : Rance VI
Après le dernier « pixels parfaits » sur Wolf girl with you, je me suis dit que ce serait bien de vous proposer quelque chose de plus interactif, plus proche d’un vrai jeu mais toujours pour nous, les grands qui aiment quand c’est chaud. Et voilà que pour Noël 2016, MangaGamer, distributeur occidental d’eroge japonais, a enfin proposé en Anglais l’un des jeux d’une série très appréciée au Japon : Rance VI.
Rance VI est, comme son nom l’indique, le sixième volume d’une série d’eroge à succès démarrée en 1989, qui compte pour l’instant 9 épisodes et quelques spin-offs. Créée par la société AliceSoft, développeur d’eroge mais pas que, cette série nous raconte les aventures de Rance, un héros atypique promis à un destin grandiose car, contrairement au commun des mortels dont le niveau maximum est fixé à la naissance, son potentiel est sans limites. Couplé à une libido elle aussi sans limites, ce postulat de départ nous promet moult rebondissements. Ce sont majoritairement des jeux de rôles dans lesquels vous ferez évoluer les personnages, avec des mécaniques de jeu qui peuvent changer complètement d’un épisode à l’autre. Dans le cas présent, Rance VI sorti initialement en 2004 est considéré comme un dungeon crawler, un genre à part entière qui consiste à vous balader dans des zones délimitées avec des déplacements en case par case. Ce type de jeu a connu ses heures de gloire dans les années 90 avec des titres comme Dungeon Master ou Eye of the beholder, même s’il est difficile pour moi d’expliquer leur succès vu l’absence de filles à poil dedans.
Contrairement aux dungeons crawlers habituels où votre équipe est constituée dès le départ, Rance VI vous propose de constituer au fil du jeu un pool de personnages dans lequel vous pourrez piocher à tout moment, sous réserve de leur état de fatigue ou d’affinité avec le héros. Chaque combat réduisant leur jauge d’endurance, il faudra ainsi les manager pour arriver à la fin des niveaux. Une apparente complexité qui est compensée par le fait que même ceux qui ne participent pas aux combats gagnent de l’expérience, ce qui évite le syndrome de la team d’élite entourée de bas niveaux. On retrouve évidemment les archétypes habituels avec les guerriers solides, soigneurs et magiciens en papier mâché, et toutes leurs variantes.
Le jeu nous offre une relative liberté dans le choix des destinations avec une carte du monde où l’on peut choisir le prochain théâtre des opérations en fonction des quêtes en cours et de la progression du groupe. Les environnements sont assez variés mais plutôt basiques, le budget graphisme est passé dans les artworks, ce qui n’est pas plus mal pour un eroge. En parcourant les niveaux, on tombera sur les classiques coffres, leviers et portes, mais aussi sur des éléments plus originaux comme des étoiles et cœurs géants qui feront avancer l’intrigue et créeront des interactions entre les équipiers grâce à de petites saynètes sympathiques.
Ces nouveautés sont de plaisants intermèdes entrecoupant une expédition. Dans le même genre, les cartes sont saupoudrées de nuages et d’étoiles rouges qui proposent des combats très ardus en guise de challenges et des combats de boss bien badass pour conclure les quêtes. Cette façon de prévenir avant les combats difficiles contraste avec le système des combats aléatoires qui se déclenchent à mesure que nous parcourons les niveaux. On retrouve d’ailleurs l’autre grande tradition des RPGs japonais qui consiste à mettre sur votre chemin des ennemis presque insurmontables tant que le niveau / équipement requis n’est pas atteint, un travers pardonnable au vu des autres qualités du titre.
Heureusement car, mine de rien, du combat il va y en avoir souvent. Ceux-ci sont toutefois assez simples et mettent face à face simultanément un maximum de 6 héros et 6 ennemis disposés sur 2 lignes verticales : avant et arrière. Fort logiquement, les guerriers placés en première ligne protégeront l’arrière constitué des soigneurs et attaquants à distance. Vous mélangez un poil de stratégie avec la gestion des coups simples / rapides et puissants / lents, les dégâts potentiels à optimiser, l’ordre d’action des ennemis / personnages et cela donne un cocktail plutôt sympa. Pas de quoi mettre les RPGs classiques en danger mais assez fun. Et si la lassitude vous gagne, il existe un mode semi automatique qui vous soulagera pour les combats répétitifs, sans rendre les moments difficiles complètement triviaux. Que demande le peuple ?
Il y a deux sortes d’eroge hétéro, ceux dont le héros masculin peut être remplacé par un robot avec une bite tellement il est transparent, et les autres. Rance, le protagoniste de référence en devient presque inclassable tellement il pousse le stéréotype masculin à la caricature. Faites la liste de tous les travers habituellement réservés aux hommes et vous serez proche de sa description. Il est sexiste, obsédé, macho, imbécile, impulsif, violent, impatient, malpoli, fondamentalement égoïste, vantard, j’en passe et des meilleures. Son but dans la vie est simple : devenir le plus puissant et se taper toutes les jolies filles. Malgré ses innombrables défauts, il est facile de s’attacher au personnage et à ses principes un peu tordus qui l’empêchent de faire du mal aux femmes, mais pas de leur voler leur virginité plutôt sauvagement. Ce doit être son côté Rocco Siffredi. Le jeu évite le style héros badass avec son harem en introduisant d’autres personnages masculins comme sidekicks ou pnj, même si vous ne verrez pas l’ombre de leur chibre. Rance se réserve tous les beaux morceaux. Côté casting féminin, il y a évidemment pléthore de proies pour lui, le gars a de l’amour à revendre.
Bon il s’agit en fait plutôt de lubricité pour être honnête et il la réserve aux plus mignonnes, c’est qu’il est difficile le bougre. Parmi elles, certaines cèdent tout de suite à ses avances, comme Sill son esclave magicienne aux cheveux roses avec qui il forniquera même en public, alors que d’autres lui vouent une haine tenace qui nécessitera une montagne de patience pour être surmontée, comme pour Sanaka la chevalière en armure qu’il avait défloré dans un épisode précèdent. Les petits gars d’AliceSoft sont généreux et proposent ainsi plusieurs dizaines de partenaires à combler dont la plupart profitent d’un background touffu, que ce soit un personnage récurrent ou pas. C’est d’ailleurs suffisamment rare qu’un eroge prenne le temps de développer un vrai scénario et des personnages pour être noté. Je vous épargnerai les catastrophes que j’ai rencontrées en remplissant ma mission divine en quête de pixels parfaits. Le chef Gonzo ne me contredira pas si je dis que le porn n’a pas obligatoirement besoin d’un scénario, mais que quand il y en a un bon c’est tout de même mieux. Surtout qu’avec une durée située entre 40 et 50 heures de jeu, il faut bien cela pour tenir jusqu’à la fin.
Alors ça y est, il y en a qui commencent à couiner comme quoi 40 – 50h de jeu c’est trop long pour quelques images de cul fixes. D’abord, je ne pense pas que l’on puisse qualifier de « quelques » les plus de 250 superbes artworks que l’ont fait miroiter aux plus courageux d’entre nous. Rance VI prend juste le temps de tisser des liens entre vous et celles dont vous découvrirez l’intimité. C’est justement l’effort fourni pour faire craquer les plus récalcitrantes qui donne toute sa valeur au résultat final. De nombreux eroges choisissent de se focaliser sur la partie « ero » en délaissant plus ou moins le côté jeu ; ici ce n’est clairement pas le cas. Au gré des missions principales et secondaires, vous allez collecter des orbes de différentes couleurs qui vous permettront de progresser dans vos relations avec les autres personnages et d’améliorer leurs capacités en passant. Ce mécanisme nous laisse ainsi choisir vers qui concentrer « nos efforts de séduction ». Vous avez un crush pour Maria, la +size aux cheveux bleus armée d’un lance roquette ? Économisez vos orbes pour lui prouver au plus vite votre amour viril.
Les joueurs d’eroge étant d’ailleurs souvent atteints de collectionnite aigüe, un game designer facétieux n’a rien trouvé de mieux que de nous proposer de capturer les monstres féminins pour les dresser à avoir des orgasmes. Ah le salaud, à cause de mon fétichisme pour les relations sexuelles inter-espèces, me voilà reparti dans les premiers niveaux à la recherche de nouveaux trophées. Ces systèmes demandent effectivement un peu de farming pour débloquer toutes les filles, vous n’allez pas pouvoir en profiter en restant une main sur la barre espace et l’autre sur la bite ou tout autre organe sexuel. C’est par contre la garantie que vous méritez vos récompenses les enfants. De son côté, MangaGamer a fait du sacré bon boulot en récupérant les versions non censurées et haute résolution des dessins. Le trait est sûr et les proportions parfaites, on sent que les artistes d’AliceSoft ont du métier. Surtout quand on se rappelle que le jeu est sorti en 2004.
On a trop souvent tendance à considérer les eroges comme des jeux de seconde zone destinés à des joueurs peu exigeants en manque de leur fix de hentai. La grande majorité des productions va effectivement dans ce sens, que ce soit en mettant de côté le gameplay ou en nous vendant un simple diaporama en guise de jeu. Alors quand on a pris la mauvaise habitude de foncer à toute vitesse à travers les catalogues de jeux et que l’on tombe sur un morceau comme Rance VI, ça fait très mal. Vous pouvez oublier les jeux flash, clickers et 90% des eroges classiques après une rencontre pareille, Rance est juste énorme. Un jeu de cul qui vous fait continuer la partie même après la scène bien hot ? Je re-signe quand vous voulez. Et si cela ne suffisait pas à vous convaincre, MangaGamer vous offre en bonus Rance 5D, l’épisode précédent. La place manque pour en faire le test complet, mais même seuls les deux valent carrément le coup. L’attente pour les voir arriver fut longue mais bon sang, ce sont des jeux comme on en voudrait plus par chez nous. Alors n’hésitez pas à leur montrer qu’il existe un marché de joueurs exigeants hors du Japon.
Développeur : AliceSoft
Disponible sur MangaGamer en version téléchargeable ou physique
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