Pourquoi le site porno pour femmes Bellesa fait polémique
Au premier abord, Bellesa a tout d’un site porno bien sous tous rapports. Un design soigné et des textes qui affichent fièrement des valeurs éthiques et féministes, avec un discours supposément rebelle et révolutionnaire, le tout appuyé par une communication positive autour de la sextech et de l’entreprenariat. Sa mission ? Etre le premier site porno pour femmes (sic) qui répond enfin aux attentes des consommatrices.
Lancé officiellement en février dernier, le site Bellesa jouit d’une belle couverture médiatique. De la presse locale de Montréal, aux articles tech américains, en passant par quelques lignes sur l’empowerment dans Medium, la presse s’enthousiasme pour le projet de Michelle Shnaidman sa créatrice.
Le fantasme de la sextech
Dans la vidéo officielle de présentation du site, elle s’affiche dans ses spacieux locaux, mug de café à la main en prenant soin de cocher toutes les cases d’une future success story à la sauce start-up : c’est une femme belle, une entrepreneure active qui prend à bras le corps la question du porno pour les femmes en apportant une solution claire, simple et agréable. Et ça marche : 6 mois après son lancement, le site attire déjà plus d’un million de visiteurs par mois.
Cependant, ce beau vernis cache une réalité plus douteuse. En regardant de plus près, on découvre que le site n’est en fait qu’un agrégateur de tube qui met à disposition une sélection de scènes “pour femmes” en provenance du tube porno SpankBang, à mille lieux des citations inspirantes et positives de leur instagram qui prônent la différence et l’empowerment.
Le féminisme comme outil marketing
Si la sélection est rigoureuse, elle l’est aussi sur un point bien précis : l’équipe derrière Bellesa s’attèle à ne sélectionner rigoureusement que des vidéos volées. Aucune ne provient de contenu (légal) promotionnel ou d’amateurs vérifiés (comme c’est le cas sur notre site de curation Le Bon Fap). Une particularité du site qui tranche avec leur discours éthique, féministe et “révolutionnaire”. Bellesa ne fait qu’appliquer le business des tubes à leur lancement : du contenu gratuit pour générer du trafic, le tout avec la bénédiction des médias qui y voient une belle histoire à raconter.
Le porn se rebiffe
Depuis quelques jours, des performers et réalisateurs ont découvert les méthodes employées par la firme et font passer le mot partout afin que chacun puisse rapidement signaler le contenu volé grâce à des demandes DMCA (à adresser à Spankbang car Bellesa n’héberge pas physiquement le contenu sélectionné).
@BellesaCo Why does your site feature stolen content? You are not empowering anyone by stealing content from performers.
— MickeyMod (@theMickeyMod) September 19, 2017
Ils rappellent à raison que le fait de pirater des vidéos est la base même du problème qui mine l’industrie du porno depuis des années et dont souffrent particulièrement les studios.
PIRATED PORN HURTS SEX WORKERS. THE END. https://t.co/6r2GcHySOV
— Lux 🍯 Alptraum (@LuxAlptraum) September 19, 2017
Le site ethical.porn a même très rapidement écrit un article pour dénoncer le site et appelle chaque producteur concerné à les contacter pour faire supprimer les vidéos piratées pour couper l’herbe sous le pied de Bellesa.
Stealing porn empowers no one. And to pirate specifically from female producers in the branding of 'porn for women'… Shame on @BellesaCo. https://t.co/Zka1RGiwtD
— Jiz Lee (@jizlee) September 19, 2017
Alors, que faire en tant que consommateur ? Dans un premier temps, ne pas vous laisser berner par cette belle communication, puis éviter Bellesa car il existe de bien meilleurs sites porno féministes et depuis plus de 10 ans. Enfin, si vous ne voulez pas payer pour votre porn, préférez des tubes gratuits qui respectent les créateurs de contenu : que ce soit des tubes purement promotionnels comme PornTube, des agrégateurs comme Le Bon Fap ou ceux qui permettent aux amateurs d’être rémunérés par l’audience qu’ils génèrent.
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