Tiffany Doll : « Une femme a le droit de faire ce qu’elle veut de son corps »
Tiffany Doll a débuté sur les plateaux de tournage en 2010 et n’a pas cessé d’explorer depuis. Elle a tourné avec les plus grands studios de production, dans de nombreux styles, du plus soft au plus rough, de la douceur au BDSM extrême. Maman depuis quelques temps, elle a accepté de répondre à quelques questions sur son parcours et sur sa vision de l’industrie.
Salut Tiffany, avant de commencer cette interview, félicitations pour la naissance de ton bébé ! Penses-tu que le porno est un acte de libération de la femme dans un monde où perdurent les inégalités entre femmes et hommes ?
Je ne pense pas que le porno est un acte de libération de la femme. La femme n’a pas besoin de ça pour se sentir et être libre. Par contre, je pense qu’une femme a le droit de vouloir faire ce qu’elle veut de son corps – c’est pour ça que je ne cautionnerai jamais les soi-disant féministes anti-porno et que je salue celles qui montrent une autre image du milieu du X en valorisant la femme.
Tu as tourné enceinte, peu d’actrices le font. Comment ont été accueillies ces scènes ? La reprise des tournages est-elle prévue ?
La reprise des tournages était prévue, mais l’événement avec Nacho a un peu tout chamboulé (Nacho Vidal avait été testé positif au test VIH, information démentie depuis ndlr) . J’ai fait une grosse pause et maintenant je reprends doucement. Je choisis vraiment plus ce que je veux faire et je ne cherche pas à travailler à tout prix. J’ai aujourd’hui d’autres priorités mais je n’arrête pas ma carrière.
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— Tiffany Doll (@Tiffanydollxxx) November 16, 2019
Chaque actrice, en activité ou non, annonçant sa grossesse est la cible de nombreuses critiques, plus ou moins virulentes, la dernière en date étant Nikita Bellucci. Est-il réellement possible de l’ignorer ? Faut-il être armé psychologiquement ?
Malheureusement, les réseaux sociaux ont ouvert une boîte de pandore. Beaucoup de personnes s’amusent à insulter les autres grâce à l’anonymat et la sécurité qu’elles ressentent derrières leurs écrans. Actrices porno ou pas, tout le monde peut être visé par ces personnes malveillantes. On en parle d’ailleurs beaucoup à propos du harcèlement scolaire. Je pense que c’est vraiment la même chose. La différence, c’est que moi je ne rencontre jamais mes harceleurs ou détracteurs – appelez-les comme vous voulez – et qu’il m’est facile de les ignorer. C’est ce que je fais, car je n’accorde que peu d’importance à ce qu’ils peuvent penser et dire de moi. Ce sont souvent des personnes frustrées avec une vie merdique, donc bon… Ma seule réponse aujourd’hui, c’est de les bannir et de les signaler. Je ne m’attarde plus à répondre. Il faut être armé psychologiquement car il faut être assez fort pour n’en avoir rien à foutre et ce n’est pas toujours évident.
On parle d’un gel total des productions pendant 8 semaines en Europe lors d’un cas de VIH. Le cas Nacho Vidal a résonné comme un coup de tonnerre dans l’industrie. Comment vit-on cela de l’intérieur ? Les productions ont-elle de l’avance pour pallier un manque temporaire de sorties ?
Les productions ont toujours de l’avance, mais ce n’est pas en prévision de ce genre d’événements. Un film est tourné des mois à l’avance donc elles n’ont pas de problème de ce côté-là. Ce qui pose problème, c’est plus l’argent dépensé dans une production qu’on doit arrêter ou annuler, sachant que le milieu du X ne rapporte plus autant qu’avant.
Il semble plus compliqué d’être contaminé dans le milieu du porno – où les tests de dépistages sont fréquents, que dans la vie courante – que penses-tu de cette idée ?
Je le pensais aussi pendant un moment, mais les récents événements m’ont fait changer d’avis. Le souci, c’est qu’on ne peut pas surveiller ce que les autres font en privé et que certains se foutent royalement de la santé de leur partenaire. Dans le privé comme dans le porno, il faut faire attention.
Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d’État au numérique, avait déclaré que la lutte contre l’accès à la pornographie aux mineurs était à l’étude. Que penses-tu de l’impact de la pornographie sur les plus jeunes ?
Le vrai problème n’est pas le porno en soi mais plutôt son accessibilité. Il est tellement facile de voir du X aujourd’hui que les actes sexuels pratiqués dans les vidéos se sont banalisés. Les jeunes pensent qu’il faut baiser comme dans les pornos et ne savent pas que ce sont avant tout des films. Le porno gratuit rend les jeunes abrutis tout comme les émissions de télé débiles et les jeux vidéo comme Fortnite ou Apex. Même si j’ai eu accès à du porno gratuitement dans mon adolescence, ce n’était pas le même genre de scènes. C’était les films disponibles sur Canal+, où l’acte le plus extrême était une petite sodomie.
Parmi les propositions envisagées, la première est la vérification d’une empreinte de carte bleue avant la connexion à un site pornographique, la seconde repose sur une carte à gratter disponible chez un buraliste. Qu’en penses-tu ?
Je n’ai aucun avis sur ces solutions, je ne saurais dire si c’est une bonne chose ou pas. Je ne pense pas être qualifiée pour trouver la bonne réponse à ce problème. Mais je pense qu’il peut y avoir un impact positif sur le business du porno, peut-être que les gens voudront se remettre à voir du porno de qualité.
Tu apparais dans de nombreux genres et sous-genres du porno, mainstream ou de niche. Y a-t-il une niche que tu n’as pas encore pratiquée et que tu aimerais expérimenter ?
Je suis une personne très ouverte et j’aime expérimenter de nouvelles choses. Comme tu le dis, j’apparais dans beaucoup de niches. Si je ne suis pas dans toutes, c’est sûrement que je ne veux pas ou ne me sens pas prête à franchir ce cap. J’ai essayé des choses qui ne m’ont pas plu, le BDSM par exemple, mais je ne regrette pas car j’étais curieuse et je le faisais car je le voulais. Aujourd’hui, je pense connaitre mes limites, mais qui sait, il ne faut jamais dire jamais.
Tu as tourné pour plusieurs productions américaines, notamment pour Evil Angel,Jules Jordan, Kink… Tu apparais aussi chez Joy Division, dans les productions d’Ovidie et pour Xconfessions ainsi que pour les prods de l’Est. Ça te donne une vision complète de la pornographie actuelle. Peux-tu nous parler de ces expériences et des différences notables entre les différentes prods ?
Entre les productions américaines citées et celle d’Europe de l’Est, il n’y a pas beaucoup de différence si ce n’est peut être que le budget. Les productions européennes font souvent des films/scènes avec des plus petits moyens que les Américains. C’est souvent du gonzo, facile à tourner, le genre de scènes que vous trouvez sur les tubes gratuits. Pour les productions comme celles d’Ovidie, Erika Lust ou Joy Division, il y a plus d’investissement personnel et de travail en amont. Il y a parfois du texte à apprendre, des rendez-vous par skype ou par téléphone pour discuter vraiment du projet. C’est un porno plus underground où il n’y a pas vraiment de stéréotypes et où tout le monde est accepté comme il est. On essaye de montrer une sexualité plus proche de la vérité et c’est pourquoi je pense qu’il est plus difficile de faire ce genre de films. Montrer aux gens qui nous sommes vraiment, ne plus se cacher derrière un personnage, n’est pas toujours évident.
Erika Lust propose du contenu à l’image très travaillée. Son contenu est directement adressé aux femmes, mais les hommes ne sont-ils pas friands de ce genre de proposition?
Je ne sais pas si Erika Lust s’adresse seulement aux femmes, je pense qu’elle s’adresse à ceux qui ne regardent pas du porno seulement pour se branler, mais qui aiment aussi l’esthétique, la beauté de la sexualité. J’aime beaucoup tourner pour elle et j’aime sa vision de la pornographie. C’est pour cela que j’ai pensé à elle lors de ma grossesse : je savais qu’elle saurait comprendre ce que je voulais montrer. J’aime beaucoup son style et je voulais vraiment faire une belle vidéo montrant pour une fois la sexualité d’une femme enceinte.
Ne penses-tu pas que le porno manque parfois d’humour ?
Pas du tout, je pense qu’il y a encore beaucoup d’humour dans le porno. Peut-être que je ne saisis pas ta question, mais si nous parlons de films alors je dois te contredire. Les films porno français sont souvent pleins d’humour, comme ce qu’on peut parfois voir dans le cinéma plus traditionnel à la française. Les Américains ont un humour qui leur est propre, différent du nôtre mais je pense que le gonzo nous montre des situations assez humoristiques.
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Tu fais partie du cercle des actrices qui durent, quel est ton secret ? Des projets futurs ?
Il n’y a pas de secret, il faut juste avoir envie de rester dans ce milieu. Souvent, les actrices arrêtent car elles veulent simplement changer de vie. Pour la suite, pas de gros projets, plutôt une continuation. Je souhaite continuer à travailler comme je le fais en me concentrant sur mon compte Onlyfans.com pour partager avec ceux qui me suivent des détails croustillants de ma vie privée. Je suis sur Cam4 tous les mois, 3 fois par mois et je m’y plais à rencontrer les fans de manière différente. Et bien sûr, j’essaye d’être une bonne maman.
Un mot pour finir ?
Carpe Diem.
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