2010-2020 : mon top 10 de la décennie porno
Oyez, oyez. En janvier, la décennie s’est achevée (les puristes diront qu’elle s’achève à la fin de 2020, puisque le calendrier commence à l’an 01 et pas l’an 00, mais cessez donc de faire vos rabat-joies, que diable !). J’imagine que, comme moi, vous avez croisé sur les réseaux sociaux des tops, des rétrospectives, des classements, bref, des retours sur tous les pans de la culture : musicale, cinéphile, littéraire, etc. Il manquait néanmoins un énorme pan, que dis-je un pan, un cap, un pic, une péninsule de culture que les médias rechignent à traiter, mais qui est le cheval de bataille de notre magazine : le porno ! Et ça tombe bien car le Tag Parfait fête ses 10 ans très bientôt, du coup cette rétrospective tombe à point nommé.
Tag de la décennie
Longue a été l’hésitation. #Squirt ou #Rimjob, that is the question. D’un coté, une vraie performance, une prouesse, un miracle, qui n’était autrefois qu’une rumeur, un mythe, une légende urbaine. Le squirt est devenu, à l’heure où je vous écris, un passage presque obligé du porn. Là où il était autrefois rare, il est maintenant un banal événement, une ligne sur un scénario, un ajout en bas de page du contrat. L’acte en soi reste toujours aussi cinégénique, mais il est aujourd’hui sur-exposé, certaines actrices comme Adriana Chechik l’ayant pris comme « signature move ».
En revanche, le rimjob est banal, un acte que tout le monde est en mesure de pratiquer, rien de techniquement extraordinaire, et pourtant il a été si peu exploité par nos aïeux. Mais le passé est le passé, et l’avenir nous appartient. Le rimjob a réussi à se faufiler par la petite porte, et l’entrée des artistes n’est plus tabou, elle ne vient plus déstabiliser la virilité (toxique?) de nos hardeurs hétéros. Et c’est tant mieux, car cette petite porte ouverte ces dernières années donne sur un autre plaisir, où perdurent encore quelques tabous, qui je l’espère ne résisteront pas à la décennie future : les années 2020 seront prostatiques, ou ne seront pas.
Producteur de la décennie
En dépit du fait que nous partagions le même prénom, c’est sans favoritisme aucun que j’ai choisi Greg Lansky pour être l’homme derrière le fap des années 2010. Il aura suffit d’une idée, ce genre de petit coup de génie qui parait si simple avec le recul : prendre le genre le plus mal traité, et lui redonner ses lettres de noblesse. C’est dans cette optique que Greg lance Blacked, qui produira des films avec uniquement des acteurs noirs. Auparavant cantonnés aux rôles de gangsters, de banlieusards ou d’évadés rentrant par effraction chez Lisa Ann, les hardeurs sont ici en costumes, ont des belles voitures et de magnifiques appartements. Ils ont réussis, et peuvent séduire les plus belles femmes.
Cette formule marchera, et permettra à Lansky de développer sa seconde force : son casting. Après Blacked, il lance Tushy, puis Vixen et ses Vixen Angels, la crème de la crème des actrices, qu’il expose sur Instagram comme de véritables tops models. Dernier coup de génie, les versions « raw » de Blacked et Tushy, avec une caméra plus proche de l’action, un simple spot blanc comme éclairage et quelques scènes tournées à l’iPhone, avec bandes noires sur les cotés. Ce réalisme cru dans une ambiance pourtant soignée fonctionnant parfaitement, Lansky prouve encore une fois que s’il y a bien un visionnaire dans le porno, c’est lui.
Couple de la décennie
« LeoLulu »… Beaucoup d’L pour ce couple angélique (pas peu fier de ce jeu de mots). Les mots me manquent pour les décrire, non pas par manque d’inspiration, mais justement parce que c’est ce qu’ils veulent, et c’est ce qui marche. Laissez-moi me lancer dans une comparaison pas si hasardeuse. Si je vous demandais de décrire le tueur d’Halloween, vous ne pourriez pas, car il n’est rien d’autre qu’une ombre, une projection du mal, l’incarnation d’une force obscure et inarrêtable dont on ne voit jamais le visage.
Eh bien il est pour moi tout aussi impossible de décrire LeoLulu, car ils sont la projection d’un rêve, d’un fantasme, d’un idéal. Ils sont beaux, ils sont heureux, tout autour d’eux rayonne. Ils produisent des vidéos à un rythme affolant sans perdre en intensité, collaborent avec des stars mainstream et des grosses plateformes. Et, chose inimaginable avant 2010 et l’arrivée massive du porno amateur, tout cela sans jamais montrer leurs visages. Et même si j’imagine que l’absence de faciès soit une volonté d’anonymat et non un parti pris artistique, LeoLulu ont, comme John Carpenter, réussi à créer une allégorie, une incarnation d’une force lumineuse et irrésistible : l’amour.
Vidéo amateur de la décennie
Il y a toujours eu un paradoxe dans le gonzo. L’absence de scénario indique clairement au spectateur qu’il regarde un porno. Débarrassé de l’effort intellectuel nécessaire à l’assimiler que « ce monsieur est un plombier » ou que « cette dame est une ménagère insatisfaite par son mari », le spectateur peut directement profiter du spectacle. D’un autre côté, l’absence d’apanage met en lumière que ces deux individus ne sont pas intimes, qu’ils n’ont pas la proximité d’un couple ou l’étincelle que pourraient avoir une ménagère et un plombier. Qui sont-ils donc pour s’infliger mutuellement de pareilles pratiques ? Un pied sur le visage ici, un face sitting là, une sodomie finalement ?
Une sodomie, justement, c’est le sujet principal de la vidéo amateur de la décennie. Luna et James (qui poursuivent désormais leur route en solo, ndlr) nous avaient prouvé avec leurs Sex Diaries qu’ils étaient un couple amoureux, on pouvait donc accepter sans broncher que James interrompe la partie de Sekiro de Luna pour enchaîner sur un rapport anal. Loin de la sodomie crue servie dans beaucoup de gonzos, elle est ici demandée, préparée avec amour puis dégustée avec passion, le tout filmé en POV dans un décor cosy. L’acte passe naturellement à la caméra, sans qu’on ne se pose de question. En résolvant l’équation du gonzo, les amateurs Luna et James ont démontré qu’ils pouvaient faire mieux que les pros.
Acteur de la décennie
Si je vous dis latino, vous penserez sans doute à un grand brun musclé, bronzé avec une barbe de trois jours. Queue nenni. Le latino dont nous parlons aujourd’hui est maigre, pâlichon et imberbe comme un lycéen : Jordi El Nino Polla, Jordi ENP pour les intimes. Il débute sa carrière en 2013, mais ce n’est qu’en 2016 avec les productions Brazzers qu’il perce vraiment.
Son aspect jeune et loin des clichés du hardeur classique permet au spectateur de s’identifier plus facilement à ce « gringalet » dont les vêtements cachent néanmoins un sexe d’une bien belle taille. Son style lui permet d’être aussi à l’aise avec des teens petites et menues qu’avec des Milfs beaucoup plus impressionnantes, par leurs mensurations et leur expérience. Jordi est un véritable tout terrain, une bouffée de fraîcheur dans un milieu où les acteurs tendaient à être des monstres de muscle et de virilité.
Actrice de la décennie
Qui d’autre que Mia Khalifa ? Ce choix est bien entendu partial – beaucoup d’autres actrices ont marqué cette décennie – mais soyons honnêtes, qui ne se rappelle pas de Mia ? Un visage timide planté sur un corps de bimbo, Mia Khalifa est l’anti-thèse parfaite de LA pornstar des années 2000, Sasha Grey. Avec son physique fin et son regard à vous arracher la chemise, Sasha a eu une carrière prolifique, 300 films en 5 ans d’activité, alors que les vidéos de Mia se comptent sur les doigts de votre main libre et ont été faites en l’espace d’un an. Sasha était une intellectuelle, Mia est fan de sport. Sasha était une assoiffée de sexe, Mia est tour à tour une étudiante, un rat de bibliothèque ou une fille en hijab. Hijab qui lui vaudra à la fois son succès, mais aussi des menaces de mort.
Mia sera sûrement autant connue pour ses vidéos que pour ses polémiques : elle a dernièrement donné une interview de près d’1h30 sur son passé, où elle dit regretter son expérience dans le porn. Même si elle présente cela comme un vécu personnel et non un jugement sur le milieu, cette interview lui a valu un retour de bâton par certains membres de la profession qui critiquent sa position et le fait qu’elle continue d’exploiter son nom de scène tout en reniant son parcours. En tout cas, qu’on aime ou pas Mia, elle aura comme Sasha dépassé les limites du porn, et sera devenue un visage connu de toute une génération.
Réalisatrice de la décennie
Et oui, nous parlons bien de réalisatrice, dans du porno mainstrean. Je ne saurais décrire Kayden Kross mieux que le camarade Saint-Sernin dans ses nombreux articles, mais une image vaut mille mots, il vous suffira donc de cliquer sur play sur une de ces vidéos pour comprendre ce dont nous parlons. Kayden a du talent, mais elle a surtout compris une chose fondamentale : le porno, c’est du cinéma. L’histoire n’est pas là pour justifier l’action, le décor pour combler le vide. Tout ici est harmonisé pour donner au spectateur des émotions, des sentiments, des ressentis. Kayden est une professionnelle dans le plus beau sens du terme : elle travaille tous les aspects de son film, de la lumière au scénario en passant par le cadre et les mouvements de caméra, tout ça dans un seul but : faire passer à travers l’écran une intention. Et ça, c’est le propre même du cinéma.
Vidéo de la décennie
La vidéo de la décennie ne pouvait être qu’une orgie, mais pas n’importe laquelle : After Dark partie 5. Produite par (comme par hasard) Greg Lansky, avec (comme par hasard) Kayden Kross à la réalisation, on parle ici d’une partie fine avec tout le gratin du fap : Tori Black, Mia Malkova, Vicki Chase, Kira Noir, Ana Foxxx, Abella Danger, Jessa Rhodes, Angela White, Ricky Johnson, Mick Blue, Bambino, Ryan Driller et Alex Jones. Précédée de 4 autres parties, After Dark partie 5 conclut une tragédie grecque avec une heure d’orgie romaine, 13 corps se mélangeant sur une table drapée de blanc, un décor sommaire, et une caméra tournant calmement autour du spectacle. Filmer sans fioriture une orgie aussi dantesque, ça donne plus qu’un bon porn, ça donne un beau porn.
Mon tour de cette décennie touche à sa fin. Les années 2010 auront su rappeler que le porno n’est pas art mineur, ou à part, mais bien un art cinématographique. Il est donc, comme le cinéma classique, un art technologique. Le porno s’est adapté exactement comme le reste du cinéma : on peut projeter sur grands écrans des films tournés au smartphone, et consommer sur nos smartphones des films tournés en 4K. L’accès au numérique permet à tout le monte de tourner et d’uploader des vidéos, et cela a permis à beaucoup plus de pratiques, de sexualités, de physiques, d’être mis en avant*. Une lumière d’espoir est arrivée, et même si le chemin est encore très long, les stéréotypes, les clichés, et les discriminations commencent à se dissiper, et les esprits commencent à s’ouvrir. Est-ce grâce à la diversification du porn que les esprits s’ouvrent, ou le contraire ? Surement un peu des deux. Et même si les créateurs dépendent toujours des plateformes, des studios, des études marketing ou des algorithmes, on peut espérer que, durant cette décennie 2020, le porn se surpasse et nous fasse atteindre à nous, fappeurs et fappeuses, le summum du plaisir.
Tag de la décennie : redhead/shorthead
Producteur de la décennie : Greg Lansky pour la qualité des images, c’est bien éclairé, bien cadré (le cadre ne bouge pas), les acteurs/ices sont jolis/ies ; par contre je trouve les décors très « baise chez ikea ». Ça a obligé les autres studio à s’élever au moins au même niveau. Côté production il ne reste plus qu’à masteriser le son pour qu’il soit plus uniforme tout au long des scènes et c’est le top (oui parce que bon les acteurs/ices qui beuglent leurs orgasmes ça me désoblige, ça me sort de l' »intimité »)
Couple de la décennie : n’étant pas un adepte de couple en particuliers je botte en touche avec le site desperate amateurs, il y a du sourire les filles sont jolies l’un des deux acteur à un charme fou, le cadre est sympas ; j’aime vraiment leur prod.
Acteur de la décennie : Danny D, je ne sais pas pourquoi, sa bonhomie apparente peut être.
Actrice de la décennie : Krissy Lynn, ses fesses ses grains de beautés. Je sais d’après mes tag de la décennie je devrai choisir Bree Daniels mais Bree Daniels c’est à part, j’ai envie de la cajolliner, prendre le chat qu’elle à sur les genoux pour y mettre ma tête,et le poser sur mon ventre à porté de ses caresses, pffffff j’en suis follement amoureux.
Réalisatrice de la décennie : pas d’avis
Scène de la décennie : Human – Riley Reid & Natalie Mars