Jacquie et Michel point net, j’y ai vu ta maman
Il y a des branlettes difficiles à assumer.
Il y a des branlettes sur Jacquie et Michel.
Jacquie et Michel est né avec les sites persos à la Geocities. Il se visitait entre une session chat AOL et Yahoo! Insolites quand les parents partaient dîner en ville. Au début des années 2000, J&M est devenu une marque avec son joli nom de domaine : Jacquieetmichel.net. Succès underground ultime, il le doit à la communauté « polissonne », « libertine » à qui le site propose de partager ses photos 100% amat’ accompagnées d’un petit texte de présentation. Genre : « On est un jeune couple du 84. Elle 26, lui 45. On cherche d’autres couples ou femmes seules pour visio d’abord et exhib ensuite ».
Codé dans un HTML 1.0 très strict, son fond noir, sa typo jaune et ses liens bleus (violets quand on les a visité) ne satisfont même plus les ayatollahs des normes W3C de 1999. Gérant une communauté qui ne cesse de se renouveler, grâce à la puissance silencieuse qu’est le libertinage, le site ne semble vouloir jamais se moderniser et reste, paradoxalement, omniprésent dans la culture porn amateur made in France.
Y participer est une mission dingue. Il faut tout d’abord que sa femme accepte de montrer sa foufoune dans un Brico-Dépôt, ensuite il faut envoyer un mail avec ses photos (on floute le visage si elle est timide) accompagnées d’un petit mot. Puis on attend sagement qu’ils le mettent en ligne. Fin août-début septembre, souvent, pendant les nuits chaudes du Cap d’Agde, ta contrib’ attend sagement dans leur boîte mail. Alors ta femme oublie ces conneries jusqu’à la rentrée où elle se demande pourquoi ses collègues la trouvent bien plus cool qu’avant.
Impossible ici de liker ou de share, on est juste là pour mater en jonglant avec 40 pop-ups de vieilles écartant les cuisses sous 3 blacks trouvés en club. Le seul moyen de commenter est d’écrire directement aux libertins sur leur boîte perso symbolisée par un gif animé. Malgré son austérité, le site est souvent cité dans le milieu et pas mal de « concurrents » essayent de pomper allègrement son contenu et de débaucher les exhibos habitués – qui s’en plaignent parfois dans le texte accompagnant leur série : « Si vous êtes producteur cela ne sert à rien de nous contacter, nous serons toujours fidèle à Jacquie et Michel et ne cherchons que des couples avec qui nous amuser. Merci ». Le site sert aussi de vitrine à quelques actrices amateurs ayant une plateforme perso où elles vendent de l’exhib et du handjob.
Sur Jacquie et Michel, le homemade s’est tranquillement démocratisé bien avant la mode des « sextapes » et les couples les plus louches continuent de poster leurs images tranquillement afin de faire « durcir nos grosses queues juteuses ». On espère y croiser la mère bonne d’un pote ou une ancienne prof en porte-jarretelle mais malheureusement ça n’arrive jamais.
Sans flux RSS, avec technologie archaïque, Jacquie et Michel joue sur la fidélité de ses contributeurs, mais surtout celle de ses (très nombreux) visiteurs. Des accros. Certains préfèrent Jacqueline du 47, d’autres se rapprocheront de Claire du 84 qui cherche à dépuceler des « jeunots ». Personne ne connait vraiment leur profil, on pense qu’il y a beaucoup de gens du milieu libertin mais je crois qu’il y a surtout de tout : du twitto influent à nos darons, en passant par du post-ado en quête de sensation. Une majorité silencieuse qui semble y trouver son compte.
Mais derrière ces échanges de photos parfois érotiques, parfois uro, parfois exhib, parfois hard, il y a une entreprise qui a su transformer nos branlettes honteuses en fric abondant tout en gardant sa « libertine credibility« . Le modèle économique est simple : au-dessus des contributions gratuites on pose une LARGE bannière avec des mots en ÉNORMES qui vendent une baise hard et disponible de suite, garantie 100 % Jacquie et Michel. On se retrouve alors sur jacquieetmicheltv.
Le tout est dispo assez facilement grâce au système Allopass qui soigne sa jeune cible (un appel surtaxé = un code = une vidéo, un système discret et facile avec son téléphone portable). Pour contrer un peu youporn et avec une radinerie assumée, Jacquieetmicheltv propose aussi aux contributeurs de balancer leurs vidéos. On peut trouver ça cool et espérer que la création contemporaine et alternative s’empare du média, mais c’est surtout la confirmation d’une information : 90% des « camescopes HD » du marché produisent une bouillie infâme de pixels. Difficile d’y reconnaitre une maman au milieu de sa cuisine, la tête collée dans son panier à fruits dans un montage habilement réalisé sur Windows Movie Maker. Les seules vidéos à peu près branlables sont en fait produites par Jacquie et Michel. Du gonzo semi-pro, semi-glauque, très franchouillard-Bois-de-Boulogne-style.
Michel a co-écrit avec Frédéric Ploton « Avis aux amateurs » (chez Tana éditions), un bouquin où il raconte l’histoire du « couple » : succes story mêlant libéralisation de la sexualité et nouvelles technologies. Sic. Rien ne peut arrêter ce site qui est au porn ce que les blogueuses sont à la littérature. Une alternative trop dégueulasse pour y aller tous les jours. Une chose est sûre, on peut se branler tranquille, nos vieux baisent.
Pourquoi la société impose-t-elle des tabous et contraintes! Laissons vivre la sexualité de chacun comme il le désire. Tant qu’il y a consentement, rien ne devrait être interdit, surtout pas les rencontres coquines!
De la pub qui passe pas direct dans les spams ? Pour la performance, je pense que je vais laisser ce commentaire.
Bien résumé ! Et c’est le souvenir de mes premieres webranlettes qui ressurgit …
Je suis informaticien, et si vous en chercher un je suis dispo…
Pour plus d’information me concernant écrivez moi sur mon adresse personelle: c.matth@live.fr
Je ne comprends pas bien : pourquoi serait-ce plus compliqué d’assumer une branlette sur J&M que sur un site gonzo ou autre ?
Peut-être parce que les mecs autour parlent mal, que les filles sont pas à l’aise, qu’on a du mal à s’identifier ?
Merci Jacquie et Michel
Merci qui ?
« Rien ne peut arrêter ce site qui est au porn ce que les blogueuses sont à la littérature. »
Superbe synthèse.
Ce site s’adresse à ceux qui ne conçoivent pas la pornographie autrement que comme de la vidéo crasseuse avec des filles qui font de la peine. C’est fait par des vieux pour des vieux, ça pue, c’est moche, et ça crèvera avec cette génération de cons persuadés que l’âge d’or du X c’était les années 70.