Fabian Thylmann : OM NOM NOM NOM
Dans le porn, il y a deux choses qui m’excitent : le porn et l’industrie, mais dans cette industrie, c’est comme dans le porn, il y a toujours des acteurs ou actrices un peu plus excitants que d’autres. Et il y a un personnage récurrent qui m’obsède pas mal, c’est ce cher teuton de Fabian Thylmann, magnat du milieu, avec sa holding Manwin.
On vous a déjà parlé de son groupe, on a interviewé un de ses anciens employés, on vous tient souvent au courant de ses dernières acquisitions, mais le bougre est peu bavard. Seulement quelques dépêches pour Xbiz (les Échos du Porn américain) et puis c’est tout. Alors quand un tweet tombe nonchalamment de son compte pour annoncer un article sur lui dans le très sérieux Financial Times Deutchland (FTD pour les intimes), on arrête tout, on coupe les lumières et on laisse juste tourner celle de sécurité, comme dans les sous-marins en pleine mission.
On doute que vous ayez 2,50 € à lâcher pour lire un article en allemand, alors on a appelé Andie à la rescousse et sa délicieuse maîtrise de la langue de Goethe.
Pour les fanatiques de dataporn, on commence déjà par quelques chiffres :
- Chiffre d’affaires moyen de Manwin : plusieurs centaines de millions de dollars.
- Répartition des recettes : 50% publicité / 50% offre payante.
- 300 millions de visiteurs uniques par mois pour l’ensemble des sites du groupe.
- Soit 16 milliards de pages vues / mois. En comparaison Wikipedia c’est 6 milliards et Facebook 1 000 milliards.
- Taux de transformation (utilisateur qui passe à une offre payante) 1/1000.
- Manwin a levé pour 362 millions de dollars au près d’une société d’investissement New-Yorkaise.
- Crédit qui a été revendu depuis à 12 fonds d’investissement (qui souhaitent rester anonymes).
- Fabian Thylmann dirige seul sa holding, il en est l’unique propriétaire et habite en Belgique.
- Le groupe emploie environ un millier d’employés (principalement à Montréal, mais le siège est situé au Luxembourg).
Manwin > Dune sandworm
Manwin a absorbé une belle partie du porno mondial, ses acquisitions devraient s’arrêter d’ici 8 à 12 mois « on ne devrait pas avoir besoin de plus » dit Fabian au FTD, car leur offre « recouvrira bientôt toutes les niches ». Ils sont en effet présents sur les tubes (via le Pornhub Network), les studios (Digital Playground, Wicked, Reality Kings…), les sexcams (celles du Pornhub Network ou privateamateur.com) et la télé avec Playboy TV. On ne sait pas qui sera le prochain, mais pour lui le style « glamcore » est un « manque qui doit être comblé au plus vite ». Le groupe détient déjà le site Babes.com, le studio X-Art étant bizarrement très présent sur Youporn, il se pourrait bien que ce soit son prochain achat, ou un studio équivalent (les X-Art like sont légion), mais ce ne sont là que de vicieuses suppositions.
L’autre gros marché à exploiter est celui de la télévision, le rachat de Playboy servant de laisser-passer « Playboy (…) est une marque qui permet d’approcher les gens. Grâce à eux, j’ai un pied dans la porte et je peux faire entrer mes autres marques ». Le groupe a accès à des données statistiques impressionnantes sur les modes de consommation de ses utilisateurs, et partant du principe qu’une vidéo qui marche sur internet, marche à la télé, ils comptent bien les utiliser pour attaquer efficacement le marché de la télévision pour adulte : « on voit tout de suite quels contenus fonctionnent et lesquels ne fonctionnent pas, et ce dans le monde entier. Ce sont des statistiques que la télévision n’a jamais eues ».
Prochain arrêt en gare d’applications
Thylmann veut également s’implanter sur un nouveau marché, celui des jeux et des applications mobiles (celle de Pornhub est sortie récemment), leur développement est déjà en cours et devraient « arriver sur le marché d’ici deux à trois mois ». On en sait pas plus sur le contenu, mais il ne devrait pas être seulement pour adulte, Fabian voulant créer des ponts entre le porn et l’entertainment traditionnel, via notamment des séries comme Games of Throne, Spartacus ou l’arrivée des acteurs porno à Hollywood : « je ne vois pas de raison de ne pas profiter de cette tendance ». A long terme, cette activité devrait rapporter 50% du chiffre d’affaires, avec des possibles rachats (ce mec a donc une grosse dalle, pire qu’un bavarois à la fête de la bière), même si on ne voit pas vraiment où il veut en venir… même si on lui fait confiance.
Financièrement solide, construite par un grand cabinet d’audit financier et fiscalement optimisée (si le siège se trouve au Luxembourg, ça n’est pas pour son industrie pornographique), la holding Manwin est rentable dans un marché pourtant morose et en pleine restructuration (avec un effondrement total du marché du DVD, -75% des dernières années). Dorénavant seul à pouvoir manoeuvrer avec aisance dans le juteux mais difficile marché du porno, rien ne peut arrêter Fabian Thylmann, qui a su bien avant tout le monde mettre le doigt sur les changements des modes de consommation dans le business du porn.
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