La FOX veut son Rocky Horror Picture Show

Quarante ans. Quarante ans de Time Warp. De coups de pelvis presley. De Tim Curry (qui pour l’occasion avait chipé son rôle à Mick Jagger). De travestissement et de transexualité débridé, de voix rocailleuse et d’hystéries dansantes. Le grand binoclard n’était pas encore le maire de Spin City, le cuir était saillant et on nageait, en pleine époque Watergate, dans un bain d’anachronismes SF et de déviances de drive-in. Ce voyage, on le vit encore, et il a pour blaze The Rocky Horror Picture Show. The show must go on.

Fracassant échec à sa sortie en salles, cette adaptation cinématographique par Jim Sharman de la pièce musicale éponyme de l’acteur Richard O’Brien est progressivement devenue, à travers l’ère des midnight movies, séances nocturnes en forme d’expériences sociologiques dont elle est l’un des représentants emblématiques, une pièce littéralement culte. L’objet de processions collectives rythmées par des actions coordonnées et autres manifestations festives de la part d’un public prosterné aux pieds d’une Icone de la contre-culture. Depuis, autant de lunes vécues à se remémorer ces follâtries macabres, ces délires gothiques post-modernes sentant bon la frénésie sexuelle et les seins-doux de Susan Sarandon, désormais devenue Reine des MILFs. L’indéniable meilleure comédie musicale des seventies, en très étroite compétition avec la Phantom of the Paradise de De Palma, n’en finit pas de parasiter nos rêves humides. Seule déception : ne pas avoir vu, comme cela aurait pu être le cas, l’incroyable Steve Martin s’égosiller dans le rôle du mari penaud.

Creatures_of_the_Night

Pour célébrer comme il faut l’anniv’ du film au-delà des séances hebdomadaires du Studio Galande, la FOX a annoncé une superbe fausse-bonne idée : la mise en chantier d’une version téléfilmesque de la Bête. On sait seulement que le réalisateur de High School Musical II sera à la barre. Breaking News, on sait également que ce sera très nul. Un peu comme si Kev Adams se prenait pour Edward Furlong dans une version de Terminator II torchée par Gary Marshall.

Le plus triste dans l’affaire c’est de comprendre ô combien l’entreprise est absurde en cela qu’elle semble d’emblée planquer sous le tapis le concentré de subversion qu’était le film de Sharman. Et surtout ce par quoi il parvient à traverser les générations : le caractère contestataire de l’érotisme, la force du fétichisme, la revendication du transgenre, l’anarchie-rock, la transgression des interdits, la régression bis comme forme ultime de transcendance artistique.

Sans oublier Meat Loaf dans le rôle de Meat Loaf. Mais bon, balancé par le réal de Hocus Pocus, ça risque d’être aussi punk que les films coquins de Jean-Marc Barr. Rendez-moi le stupre, rendez-moi Bowie, les bas-résilles et rendez-moi les femmes sexy des rigolades pour gosses d’antan, style Angelica Huston dans La Famille Adams. J’veux du cuir. Par contre, vous pouvez garder Richard Nixon. Merci.

Encore aujourd’hui, on se plait à contempler le monstre comme ce qu’il est, une incongru version Broadway des fantasmes charnels de Bram Stocker et de Mary Shelley, aspergée d’une sauce bad taste épicée comme il faut. Clairement le trip est plus proche des exubérances d’un excellent Simpson Horror Show que des “hommages” que lui ont rendu la série Glee. Et ce n’est pas le Dr Hibbert qui me contredira.

Les amateurs du Dr. X et de Flash Gordon foulant la capitale pourront par ailleurs se dandiner comme il faut fin octobre au son de Sweet Transvetite, au sein d’un manoir secret annonçant déjà les plaisirs carnavalesques d’Halloween.

 

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