Le mystérieux sextoy des femmes de marin

Entre le 18ème et le 19ème siècle, la plupart des baleiniers américains prenaient la mer depuis Nantucket. Cette petite île de l’Atlantique nord a connu la richesse grâce à ses courageux pêcheurs. Au début des années 1800, 15 000 baleines étaient tuées annuellement; un litre de leur huile, utilisée en premier lieu pour l’éclairage, valait alors une cinquantaine de dollars.

Bien sûr, la richesse n’était pas si facilement accessible pour les marins. En plus d’être risquées, les expéditions étaient longues, jusqu’à huit ans. La solitude des femmes de Nantucket est devenue légendaire. Les historiens rapportent que pour combler leur absence et assurer la fidélité de leurs épouses, les loups de mer de l’île leur offraient des godemichés appelés « He’s-at-home ». Une tradition sur laquelle le journaliste Ben Shattuck a décidé d’enquêter pour le magazine The Common.

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Le jouet oublié

Les ouvrages consultés par Ben Shattuck témoignent de l’existence de ces jouets dans des termes chastes : un « cylindre vague », une « forme obscure ». Par curiosité pour ces objets fantômatiques, le journaliste s’est mis à leur recherche. La tâche s’est vite corsée. Le New Bedford Whaling Museum, riche d’une collection de 750 000 pièces liées à la chasse à la baleine, n’en possède aucun. Pas de trace des He’s-at-home du côté du Mystic Seaport non plus ; fâcheux, car il s’agit du plus grand musée maritime du monde.

Pourtant, les He’s-at-home existent bel et bien. Sur les conseils d’un employé de la bibliothèque scientifique de Nantucket, Ben Shattuck a fini par en retrouver un. Connie Congdon, 80 ans, a découvert qu’elle était la propriétaire d’un des ces godemichés légendaires à la fin des années 70, en faisant refaire sa cheminée. L’objet était caché dans une boîte dissimulée à l’intérieur du conduit.

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Dernier fragment 

Avec ses treize centimètres sur trois, son teint pâlot et son gland violacé, l’engin de plâtre n’en impose pas vraiment. Reste que les lettres retrouvées à ses côtés, datées de la dernière décennie du 19ème siècle, attestent de son authenticité. Mais comment expliquer la solitude de ce spécimen ? Malgré ses recherches, Ben Shattuck n’a croisé aucun autre He’s-at-home. De quoi amener le journaliste à formuler trois hypothèses sur l’histoire de ces sex toys.

Un : l’exemplaire découvert par Connie Congdon est le dernier vestige d’une histoire très vite enterrée du fait de son caractère embarrassant. Deux : ce godemiché centenaire n’était qu’une blague. Trois : en récupérant ce He’s-at-home en 1979, l’octogénaire a transformé à ce qui n’était jusqu’ici qu’une rumeur en fait. Qu’est-il vraiment advenu des jouets pour femmes de marins esseulées de Nantucket ? Ont-ils été détruits ? On ne le saura sans doute jamais. Ceux qui savent ont disparu il y a déjà bien longtemps.

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On peine à imaginer que toute cette histoire ne soit qu’une légende calcifiée en faits par le temps qui passe. Pour Ben Shattuck, l’existence des He’s-at-home a été occultée par la répression systématique de la sexualité féminine dans l’histoire. Encore aujourd’hui, le pénis de plâtre de Connie Congdon met mal à l’aise sur la petite île de l’Atlantique. « Il y a quelques temps, je l’ai montré à mes invités pendant un dîner, raconte la retraitée. Les seules qui n’ont pas été choquées ont été moi et une autre vieille personne. Les gens n’aiment pas en entendre parler. Pourtant, c’est la vie ».

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  • Les femmes de marin ont donc en commun avec leurs maris d´aimer les gros nœuds…

  • Après une enquête approfondie, j’ai découvert la véritable histoire du « he’s at home » de Connie Congdon. Elle sera publiée dans « Osez 20 histoires… d’obsession sexuelle », sans doute en mars prochain ( ?) aux éditions La Musardine. Merci pour l’inspiration !

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