Affaire James Deen, la chronologie
En affirmant avoir été violée par son ancien compagnon James Deen, l’actrice Stoya a secoué l’industrie du porno. A juste titre : depuis, sept autres professionnelles ont accusé l’acteur d’agression sexuelle ou de violences. Dix jours après les tweets qui ont tout déclenché, le Tag Parfait vous propose d’y voir un peu plus clair avec une petite chronologie.
28 novembre
• A ses 226 000 followers, Stoya tweete : « James Deen m’a plaquée au sol et m’a baisée alors que je disais non, arrête, que j’utilisais mon safeword. Je ne peux plus acquiescer et sourire quand les gens parlent de lui ». Un scandale éclate.
29 novembre
• Le magazine féminin en ligne The Frisky réagit en annonçant la fin de sa collaboration avec James Deen. L’acteur y tenait une rubrique sexologique depuis le mois de juillet.
30 novembre
• L’actrice Tori Lux accuse l’acteur de l’avoir agressée sexuellement sur un plateau de tournage : « Il m’a attrapée par les cheveux et agenouillée de force en appuyant mon visage contre son entre-jambes à plusieurs reprises ». A sa suite, la performeuse Ashley Fires affirme que James Deen l’a agressée dans les douches du studio BDSM Kink. « Ces déclarations sont à la fois fausses et diffamatoires », tweete l’acteur, jusqu’alors silencieux.
• Dans un communiqué, Kink affirme mettre un terme à ses collaborations avec James Deen : « Nos performeurs méritent (…) de pouvoir travailler sans craindre d’être agressés ». Le studio Evil Angel fait de même.
• L’association de défense des professionnels de la pornographie Adult Performer Advocacy Committee rapporte que James Deen a démissionné de sa place de co-président.
1er décembre
• La célèbre actrice Kayden Kross manifeste son soutien à Stoya dans une tribune publiée dans Nylon.
2 décembre
• Deux actrices, Amber Rayne et Kora Peters, joignent leurs voix à celles de Stoya, Torix Lux et Ashley Fires. La première se souvient d’un grave incident survenu sur un tournage alors que James Deen n’était encore qu’un débutant, en 2006. Face aux caméras, l’acteur l’a frappée avec le poing et blessée à l’anus à force de brutalité.
La seconde affirme que l’acteur l’a sodomisée contre sa volonté après l’avoir étranglée pendant un tournage : « L’équipe l’a félicité pour avoir transformé une scène homme/femme simple en scène anale pour le même prix ».
• Joanna Angel, qui a fréquenté James Deen pendant six ans, se rappelle avoir eu « peur pour sa vie » quand, pendant une relation sexuelle, l’acteur a maintenu sa tête dans un lavabo rempli d’eau. « Plus d’une fois, je me suis réveillée alors qu’il m’étranglait dans son sommeil… ajoute-t-elle. C’est vraiment quelqu’un d’effrayant ».
3 décembre
• L’actrice Nickie Blue affirme avoir été abusée par James Deen dans un bar, pendant une soirée, après le tournage de son tout premier film. L’acteur l’aurait forcée à pratiquer une fellation qu’elle juge « trop brutale » avant d’uriner dans sa bouche, sans son consentement.
• Lily LaBeau témoigne de la brutalité de James Deen pour Vocativ. Elle se souvient avoir été frappée au visage par l’acteur pendant un tournage, si fort que sa mâchoire s’est bloquée. « C’était le moment le plus traumatisant de ma carrière, affirme-t-elle. (…) Je suis toujours choquée. Quand j’en parle, les larmes me viennent ».
4 décembre
• Stoya s’exprime en public pour la première fois depuis ses tweets du 28 novembre. Au Guardian, elle détaille son histoire : « Si vous entravez quelqu’un et que vous le baisez pendant qu’il dit « Non » et « Arrête » et qu’il utilise son safeword, c’est un viol ». Elle ajoute : « Ca m’a pris des mois et des mois et des mois (…) pour être capable de mettre un mot sur ce qui m’est arrivé – un viol ».
• La conjointe actuelle de James Deen, Chanel Preston, témoigne dans le Daily Beast. « Cette situation m’a mise face à des sentiments contradictoires, évidemment, explique-t-elle. J’y fais face du mieux que je peux ». Malgré la pression qui pèse sur elle du fait de ses relations avec l’acteur, elle annonce continuer à exercer le rôle de co-présidente de l’APAC.
6 décembre
• BuzzFeed rappelle que Kink fait actuellement l’objet de quatre procédures judiciaires. Trois d’entre elles ont été initiées par des acteurs qui affirment avoir contracté le VIH à cause de Kink. La quatrième vient d’une ancienne employée qui affirme ne pas avoir été protégée par ses supérieurs quand elle a été « pelotée, caressée et harcelée » sur le tournage d’une scène bondage.
Les nombreuses révélations consécutives au cri de Stoya renvoient l’image d’une industrie muselée par la honte. Elles ravivent aussi le souvenir d’un très long portrait de James Deen publié en 2013 par Esquire. L’inquiétante brutalité de l’acteur y était déjà évoquée par l’une de ses anciennes collaboratrices, Andy San Dimas : « Je n’ai jamais été dominée par un mec comme ça. C’était comme si le vent me fouettait la gueule, c’était hyper brutal, car il me giflait et me crachait dessus. Bien sûr, je lui avais dit avant que j’étais ok, mais j’étais surprise par l’intensité de ses gestes. J’avais une énorme marque sur le visage et je n’ai parlé à personne pour le reste de la journée ».
Nous attendons toujours une réaction de James Deen, qui ne s’est pas exprimé publiquement depuis ses tweets du 30 novembre.
Merci pour se résumé bien complet ! Et surtout avec pas mal de liens externes pour en savoir plus. Je ne les ai pas encore lu, j’ai juste lu cette page pour l’instant, mais ça a l’air d’être encore plus important que je l’aurai cru. Je n’avais même pas entendu parlé de cette histoire avec Lily LaBeau, avec Stoya ce sont mes deux actrices préférées en plus…
A ce niveau là, il pourra toujours prétendre à de la diffamation, ça ne changera rien.
D’un côté, le point positif qui pourrait ressortir avec cette histoire qui fait bien parler d’elle, et d’un point de vu de loi et droit, c’est une meilleure supervision, ou encadrement, dans l’industrie pornographique (surtout pour ceux qui sont moins pro), et donc une sécurité dans l’emploi plus professionnel, pouvant résulter à une sortie de cet univers « muselé par la honte ». Même si c’est surement trop naïf de ma part de penser ça.
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Je me permets de répondre directement à Fansub ici, vu que le sujet est le même.
https://letagparfait.com/fr/2015/12/01/apres-les-accusations-le-vent-tourne-pour-james-deen/
« A force de faire ce type de scènes de domination n’a t-il pas pris trop de libertés par la suite? Je ne sais pas… »
Ca aurait plus tendance à donner l’effet inverse j’ai envie de dire (mais après tout dépend).
Ce n’est pas parce qu’on est dominant, qu’on a l’habitude de ce genre de relation, même en pouvant être très dominant, façon hardcore, que ça va amener à être irrespectueux et de ne pas se soucier de ses partenaires.
Bien-sûr je ne connais pas James Deen, je ne connais pas sa vie, tout ce qu’il a vécu, toutes les scènes qu’il a tourné, et pour qui, ni comment il les a perçu et vécu. Mais ici on a plus tendance à voir qu’il était comme ça depuis un moment (vu le témoignage d’Amber Rayne). Et il donne l’impression d’avoir quelque chose à prouver avec sa domination, comme s’il avait un malaise envers le sexe féminin. Même si, encore une fois, je ne le connais, mais en tout cas c’est ce qui en ressort.
Mais la domination ça n’empêche en rien le respect de l’autre. Surtout quand on part dans le BDSM. Où même en étant très dominant avec certains partenaires, c’est fait de sorte que toutes les parties sont totalement consentantes et sont capables d’influencer l’acte.
Moi-même aimant dominer, en allant du simple « meneur » dans l’acte (un peu comme la danse) au BDSM, je peux te dire que plus le temps va (et j’ai à peu près le même âge que Deen) et plus je suis respectueux, plus je fais attention à mes partenaires, et à leurs envies. Et franchement, pour peu que ça soit bien fait, le milieu BDSM c’est un justement un milieu où il y a un très gros respect entre les pratiquants, qu’on soit dominant, obédiant ou versatile.
Donc non, je ne dirais parce que c’est parce que Deen pratique la domination qu’il est devenu comme ça. Je dirais même que c’est l’inverse, il pratique la domination parce qu’il est comme ça.
Même si bien-sûr on ne le connait pas, et de son point de vu, avoir jouer dans tant de scène du genre ça a pu jouer aussi à renforcer cette partie de lui.
Après c’est sûr que je pars du principe qu’il est coupable, alors qu’il n’a pas été jugé et que la présomption d’innocence est à prendre en compte, et que c’est toujours plus compliqué que ce qu’on croit.
Mais avec le nombre de témoignages/accusations, je crois qu’on peut se le permettre.
N’étant pas du tout BDSM, je me suis toujours demandé candidement quel était le trip pour les femmes d’êtres dominées parfois assez brutalement merci – et je ne suis pas de ceux qui conçoivent les désirs féminins uniquement dans une perspective de tendresse et de sentimentalité. Je sais que les femmes ne sont pas des anges, mais de là à s’en prendre plein la tronche parfois jusqu’au traumatisme… (Andy San Dimas : « Bien sûr, je lui avais dit que j’étais ok, mais… »).
C’est le même trip qu’un homme qui se fait dominer. Je comprends pas trop la question en fait. La soumission n’a pas de genre.
Oui, comme dit gonzo ça n’a rien à voir avec le genre/sexe de la personne. Un homme peut tout aussi bien aimer se faire dominer qu’une femme, tout comme une femme peut aussi bien aimer dominer qu’un homme. Et on peut aimer dominer les femmes, les hommes ou les deux.
Quant à la raison… et bien ça, ça dépend des gens, il peut y avoir beaucoup de raisons différentes poussant à cette envie d’être dominé. L’une d’elles étant de se laisser aller en se remettant complètement à quelqu’un.
Disons que, pour simplifier, il y a deux types de personnes (ce qui faux, puisqu’on est jamais soit l’un soit l’autre, mais toujours entre les deux). Il y a ceux qui pour prendre le plus de plaisir on besoin de se contrôler, et par extension de contrôler l’acte sexuel. Ca peut être la domination BDSM, bien-sûr, mais même sans aller jusque là, ça peut simplement être l’envie d’être le meneur, celui qui induit le mouvement dans un acte sexuel, qui changera de position, qui a tendance à « créer » l’acte. Et il y a ceux qui pour prendre de plaisir ont besoin de laisser aller, de lâcher prise, d’arrêter de penser, et quelque part de s’en remettre à l’autre. Là aussi ça peut aller au BDSM, mais pour reprendre l’exemple d’avant, ça peut être juste suivre le mouvement induit par l’autre.
Le BDSM ne sera que l’évolution de cela, le laisser aller ultime, être totalement entre les mains d’autrui, lui laisser créer notre propre plaisir, ressentir son corps le plus intensivement possible, en ça la douleur est utile, et même là ça peut être juste des petites fessées bien sage en allant au fouet à lanière. Et pour peu qu’on arrive à jouer le jeu, on peut potentiellement arriver à un lâcher de prise ultime où on pense plus, on ressent simplement le plaisir.
Mais surtout, en plus d’être quelque chose qui est toujours fait dans le respect (ou en tout cas doit l’être), c’est aussi quelque chose à ne pas prendre au premier degré. Comme tout le sexe en fait, c’est du role play, où au minimum on joue une version sexuelle de nous même. C’est un jeu, c’est pas parce qu’on rabaisse quelqu’un dans le sexe qu’on la rabaisse dans la vie, qu’on pense qu’elle nous est inférieure, et inversement pour quelqu’un qui se laisse dominer sexuellement. Et les termes dominant/dominé ne sont pas des termes de jugement, c’est pas « mieux » d’aimer plus l’un que l’autre. Même si dans le sexe il peut y avoir cette connotation de supérieur/inférieur, au fond il y a toujours un aspect d’égalité (ou plutôt ça doit l’être).
C’est une simple manière d’arriver à l’extase, d’expérimenter le plaisir sous différentes formes et de repousser de plus en plus les limites dans une recherche du pure plaisir.
Puis faut savoir que les pratiquants BDSM ne sont pas forcément des gens qui ne pratiquent que ça, c’est juste l’une des manières de prendre plaisir. Autant il y en a qui vont faire ça le plus souvent, autant d’autre vont le pratiquer de temps en temps, par période. Et je trouve que c’est quelque chose qui est toujours bon d’expérimenter.
Bien-sûr c’est plus compliqué que ça. Comme je disais plus haut, on n’est jamais soit l’un soit l’autre. Un pur dominant n’existe pas plus qu’un pure dominé, on a tous une part dominant et une part dominé. On a envie de contrôler et envie de se laisser contrôler. Après on est plus « d’un côté » que de l’autre, mais on peut toujours s’ouvrir à l’autre, tout comme on peut s’ouvrir à toute forme de domination, de la petite et douce à la hardcore. Le tout c’est de découvrir et d’accepter qui on est dans l’optique de s’ouvrir au reste (puisqu’au fond, l’ultime c’est d’être un parfait versatile, de pouvoir « tout aimer »).
Perso je sais que je suis dominant, que j’aime contrôler, mais aussi que ce contrôle c’est presque complexif au fond. Et je sais, et accepte, qu’être dominant ça veut aussi dire être mal à l’aise en étant dominé, qu’on a quelque part peur de se laisse dominer, de se laisser approcher. Parce que le BDSM, la relation domination/dominé, c’est celui qui est dominé qui s’ouvre à l’autre. Et c’est seulement en partant de là que je peux arriver à trouver un moyen d’expérimenter la soumission. En l’occurrence, avec ma compagne, aussi dominante que moi, et inversement elle se lâche avec moi.
D’ailleurs il y a pas mal d’exemples inverses dans le BDSM, de personne ayant commencé en étant soumis puis sont devenus des dominants. C’est une simple évolution. Et c’est toujours bon d’expérimenter, il y a toujours quelque chose à en tirer, et ça aide à s’ouvrir.
Alors, bien-sûr, ça n’est que mon point de vu ça. Et les points de vu sont très variés et différents, parce que nos expérience sont toutes différentes, et selon à qui tu demandes tu auras des réponses différentes, mais disons que ça constitue une base de réflexion.
Merci de vos réponses.
Maintenant que James Deen vient de briser le silence, verra-t-on la naissance d’un hashtag jecroisjamesdeen ?
Je trouve délicieux l’hypocrisie du milieu du porno (kink et consort qui rompent leurs contrats avec Deen alors qu’il n’est pas passé en procès) qui ne voudrait surtout pas qu’on découvre que James Deen est peut-être que l’arbre qui cache la forêt
Alors… soit tu as des informations et tu les donnes, soit tu dis rien, car là tu sous-entends qu’il y a d’autres acteurs qui sont « protégés » par des studios comme Kink (certainement un des plus sérieux de toute la planète).
Et du coup, au tag, vous allez faire comment si vous perdez l’un de vos plus gros contributeurs à vos gifs?
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