Shirley Lara : « La cam est un grand moteur d’empowerment pour les femmes »
Shirley Lara a 31 ans et est la directrice des opérations du plus gros site de live cam du monde, l’incontournable Chaturbate. Femme d’affaires dans un monde typiquement masculin, elle affiche ouvertement ses valeurs féministes et voit dans la sexcam un modèle d’empowerment pour les femmes du monde entier. Elle a accepté de répondre à nos questions dans un style américain et une communication très contrôlée. Le cul, c’est avant tout une histoire d’argent.
Bonjour Shirley, qu’est-ce que ça fait d’être à la tête d’un site aussi important à seulement 31 ans ?
C’est énormément de responsabilités ! Beaucoup de gens dépendent financièrement de nous. Nous avons créé une plateforme qui propose la meilleure façon de gagner de l’argent pour les diffuseurs [modèles, ndlr] tout en amenant la meilleure expérience utilisateur possible. Nous avons changé la vie de tellement de personnes, ça me fait toujours chaud au coeur de l’entendre.
Comment êtes-vous devenue directrice des opérations de Chaturbate ?
Je le suis devenue en abattant des tonnes de boulot et en ne comptant pas mes heures. On a lancé le site en 2011 et on a bossé dur pour créer une plateforme qui donne le pouvoir aux modèles.
Depuis son lancement, le site a rencontré un succès assez dingue et a écrasé ses concurrents. Comment expliquez-vous cette réussite alors que vos services sont assez similaires aux autres ?
Chaturbate a changé la façon de gagner de l’argent dans la sexcam en amenant beaucoup d’interactivité entre les modèles et leurs fans grâce à tout un tas de fonctionnalités automatisées. Ça leur permet de rester focus à 100 % sur leur show et aux fans sur la chatroom.
La France est le 3e pays à visiter le site, mais assez peu de Français diffusent. Pourquoi une telle différence entre l’offre et la demande ?
Nous avons quand même pas mal de Français qui diffusent sur notre plateforme. Beaucoup de diffuseurs sont billingues, voire trilingues. C’est vraiment impressionnant. En fait, une de nos meilleures modèles s’appelle Melody Kush, elle est francophone et diffuse depuis le Québec.
Dans une interview pour TheNextWeb, vous semblez être très excitée à propos de l’arrivée de la réalité virtuelle. Est-ce que vous pensez offrir du streaming VR bientôt ?
Tout à fait, la réalité virtuelle est dans les tuyaux. Nous sommes encore à un niveau d’interaction où le live et les sextoys connectés sont en plein essor. La barrière de la réalité virtuelle est due au fait que la plupart des foyers n’ont pas une connexion suffisante pour supporter cette technologique. Les casques sont également chers, plus de 600$.
Quelles sont les fonctionnalités à venir pour le site ?
Nous développons en permanence de nouvelles fonctionnalités pour les utilisateurs et les diffuseurs. Du côté de la diffusion, nous avons lancé le « Daily Pay » récemment qui permet aux diffuseurs de convertir leurs tokens et de recevoir leur virement le même jour. Cette fonctionnalité est encore en beta test sur le marché américain mais elle devrait être disponible à l’international très prochainement.
Quand est-ce que vous allez lancer une vraie version mobile ?
Bien qu’une bonne partie de nos membres regardent le site depuis leur téléphone, nous travaillons actuellement à l’amélioration de notre version mobile. On vous tient au courant !
L’application OhMiBod est un énorme succès depuis son lancement. Pouvez-vous nous raconter son histoire ? Qui a eu l’idée ?
En fait, le club OhMiBod est ouvert depuis des années ! Ce sont quelques diffuseurs malins qui ont eu l’idée de l’utiliser comme ça dans leurs shows. Ce sont eux qui ont attiré l’attention du public sur son existence. L’application a été créée par un membre de notre communauté et a aidé au succès de OhMiBod sur la plateforme.
Est-ce que vous considérez les sites de VOD spécialisés, type ManyVids ou ExtraLunchMoney, comme des concurrents ?
Sur Chaturbate, si une personne s’offre un show privé et si le diffuseur les y autorise, elle a la possibilité de l’enregistrer pour le regarder plus tard. Grâce à cette fonctionnalité, les fans peuvent être les casteurs et les metteurs en scène de leurs propres films porno. Les sites comme ManyVids n’offrent pas cette possibilité ; ils vendent des vidéos préfabriquées. Du coup, nous ne les percevons pas comme des concurrents.
Est-ce que vous pensez que la cam peut-être un outil d’empowerment pour les femmes ?
La cam est un grand moteur d’empowerment pour les femmes comme pour les hommes. Chaturbate est une entreprise créative qui permet aux diffuseurs d’être leurs propres patrons. Nous sommes très fiers de leur permettre de travailler dans le confort de leur maison, d’exprimer leur créativité et de gagner leur vie tout en distrayant leur communauté.
Le marché sud-américain semble être un gros secteur et beaucoup de studios [société qui prend une commission sur le travail des performeurs contre un espace qui leur permet de travailler, ndlr] font du business là-bas. Pourquoi, d’après vous ?
Je pense que ces studios ont permis à de nombreux diffuseurs de se lancer. Sans eux, ils n’auraient pas pu le faire pour tout un tas de raison : absence d’accès à Internet, à un ordinateur ou à un environnement propice à la diffusion
Quelles relations entretenez-vous eux ?
Nous nous entendons très bien avec les studios. J’ai eu la chance de pouvoir en visiter et j’ai été impressionnée par les conditions de travail et les petits à-côtés qu’ils offrent.
On entend souvent dire que l’industrie est un milieu très masculin. Qu’en pensez-vous ? Ca cadre avec votre expérience ?
Comme disait Sheryl Sandberg [directrice des opérations de Facebook, ndlr], l’une de mes femmes d’affaires préférées : “Nous ne pouvons pas changer ce dont nous n’avons pas conscience, mais une fois que nous en avons pris conscience, nous ne pouvons faire autrement que le changer.”
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour les prochaines années ?
La paix dans le monde.
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