Quand la « Porn panic » s’étend à travers le monde
Certains pays du monde s’effraient de plus en plus à la vue d’une teub machinalement poussée dans un orifice. Je parle bien de pornographie. Et comme à leurs habitudes – et pour justifier certains maux sociaux dans leur pays – les gouvernements s’acharnent à diaboliser le porn sous toutes ces coutures. Rapide tour d’horizon et constats de ces dernières semaines. On commence outre-Manche pour finir par l’actualité en Ouganda.
Au Royaume-Uni
On se souvient du filtre (ISP) mis en place par le gouvernement de David Cameron en accord avec les principaux fournisseurs d’accès internet du pays, qui limite l’accès des internautes anglais à la pornographie au nom de la protection de l’enfance. Egalement visés par cette censure gouvernementale : « les sites extrémistes » et les « liés au suicide ». Ce filtre est devenu si intrusif qu’il s’est même étendu au monde du jeu vidéo. Au début de l’année 2014, les joueurs de League Of Legends se sont retrouvés dans l’impossibilité de télécharger la dernière mise à jour de leur jeu préféré. En effet, le fichier « VarusExpirationTimer.luaob » fut détecté comme nocif par le filtre, empêchant des milliers de gamers Britanniques d’avoir accès au jeu.
Le gouvernement anglais s’est aussi attaqué à la popularité du sexe anal dans la pornographie. Il y a quelques mois, Cameron et compagnie ont organisé un référendum sur la mise en place de contrôles plus sévères à l’entrée des sites X. Dans un document de consultation publié par le ministère de la Culture, des Médias et du Sport à l’intention des votants, on pouvait lire : « Si la popularisation du sexe anal ne peut être directement attribuée à la consommation de pornographie, affirme le Child Safety Online : Age Verification for Pornography, ces pratiques sont présentes dans un grand pourcentage de films pornographiques mainstream. »
Le Telegraph résume admirablement le problème en épinglant le terme « porn panic » dans un article publié vendredi dernier : « Les hypothèses du document – comme toutes celles qui sont liées au « porn panic » – semblent entièrement centrées sur les hétérosexuels, tant et si bien qu’il ne prend même pas la peine de les citer, même quand il parle de sexe anal. A la place, il cite une étude qui suggère que le sexe anal n’est pas souvent perçu comme source de plaisir pour les jeunes femmes. En d’autres termes, le gouvernement semble angoissé à l’idée que le porno hétéro encourage les hétéros à pratiquer le « sexe gay ». » Une déclaration extrêmement dangereuse et infondée.
Le cas Chinois
Du côté de la Chine, la « porn panic » est encore plus tangible. L’Empire du milieu, qui s’est carrément doté d’un Bureau anti-pornographie, a récemment mis en examen les créateurs des très populaires applications mobiles Xiokaxiu et Miaopai pour distribution de vidéos X. Ce n’est pas une première pour le gouvernement Chinois : en 2015, il avait déjà lancé une grande campagne de cyber-nettoyage en arrêtant 130 personnes suspectées d’avoir partagé des photos dénudées via les applications de messagerie instantanée Chinoise QQ ou Wechat.
En Ouganda
Maintenant, cap sur l’Ouganda. Le magazine Xbiz rapporte qu’une loi anti-pornographie datée de 2014 vient d’être officiellement ratifiée par le gouvernement. Ce texte que l’on pourrait qualifier « d’absolu » définit la pornographie comme « toute pratique culturelle (…) qui représente une personne engagée dans des activités ou des comportements sexuels explicites ». Sont également considérées comme pornographiques les « parties sexuelles d’une personne », un « comportement érotique destiné à provoquer l’excitation sexuelle » et « tout acte indécent ou un comportement tendant à corrompre les mœurs« .
Des mots aux contours flous, et donc sujets à multiples interprétations. Grâce à eux, le gouvernement pourra sanctionner les films mainstream et indépendants, l’art en général et tout ce qui pourrait le gêner de près ou de loin par son caractère sexuellement explicite. Ceux qui violent cette nouvelle loi seront passibles de dix années d’emprisonnement et de 3 000$ d’amende. La « porn panic » continue.
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