Comment l’interdiction du X gâche la vie sexuelle des Chinois
La pornographie est complètement illégale en Chine. En produire, en distribuer, en acheter peut vous faire atterrir en prison, parfois pour le restant de vos jours. Les autorités sont prêtes à tout pour empêcher le peuple de fapper, quitte à friser le ridicule : les streamers ont interdiction de manger des bananes, les articles qui parlent de relations intimes disparaissent régulièrement du web. Ce zèle pudibond a des conséquences graves, écrit l’éditorialiste Yi Heng dans le magazine en ligne sur la Chine moderne Sixth Tone : à cause de lui, le sexe est devenu synonyme de pornographie dans l’esprit des Chinois. Comme elle, il est désormais tabou.
Ce rapprochement est d’autant plus problématique qu’il existe un décalage entre les hommes et les femmes chinoises au sujet du X, écrit Yi Heng : les premiers “ont eu l’occasion de regarder ou partager du contenu pornographique avec leur amis pendant leurs études supérieures”, les secondes “se demandent toujours comment mettre la mains sur du porno”. Ce déséquilibre entre en résonance avec une perception romantique du sexe ; en Chine, les relations charnelles sont synonymes d’engagement et le manque d’expérience est un signe de pureté.
Bilan : les hommes s’accrochent à leur virginité, même s’ils ont une relation amoureuse. Leur vie sexuelle repose sur le porno qu’ils parviennent à préserver sur leur disque dur. Comme le tabou général les empêche de comprendre que le X n’est qu’une fiction, leur entrée dans la vie sexuelle à deux est parfois difficile. “Elle est trop silencieuse”, “Elle n’a pas d’orgasme”, “Elle ne squirte pas”… Yi Heng, qui est également conseillère pour couples, affirme avoir reçu beaucoup de clients qui se plaignaient de ce genre de problèmes.
De leur côté, les femmes ne sont pas familières avec la manière dont l’expression sexuelle est représentée dans les films pornographiques. Pendant que l’omerta sur le sexe les garde à distance de tout exemple ou explication, les vieilles idées sur l’ingénuité au lit les poussent à percevoir les attentes de leurs conjoints familiers du X comme dégradantes. Difficile de se comprendre quand le gouvernement, les tabous, les inégalités et les traditions pèsent sur le sujet de l’embrouille.
Comment progresser ? Yi Heng a confiance : à l’en croire, la culture chinoise se développe dans le sens d’une plus grande liberté. “Je pense que l’attitude des gens vis-à-vis de la pornographie et de l’expression sexuelle grandiront avec elle pour devenir plus ouverte, tolérante et libérale”, explique-t-elle en conclusion de son article. Quelque chose nous dit qu’il serait plus rapide et efficace de ne plus jeter les pornographes en prison et de se détendre un peu sur la censure. Une bonne conversation vaut mieux qu’un tabou qui pourrit.
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