Gloire au glory-hole
Petite fenêtre entre l’obscurité et le vice, le glory-hole n’aurait pu être qu’une coquetterie porno issue des pratiques sexuelles des lieux interlopes – il n’en est rien. Il renferme dans son absurde simplicité un caractère extrêmement troublant. Ce tag-trou mystérieux qui aspire les fappeurs à la recherche de plaisirs enivrants méritait bien qu’on y jette un coup d’oeil indiscret afin d’en extraire la divine substance.
Regarder par le trou de la serrure
Pendant un temps beaucoup trop long, je suis passé devant avec mépris. Je ne voyais pas l’intérêt de voir des acteurs glisser leur bite dans un trou pour découvrir des actrices débutantes – si ce n’est de satisfaire leur plaisir personnel et leur gland anonyme.
C’est GrosMikko, le premier qui m’a alerté sur l’essence hypnotique de cette niche qui semblait lui donner des plaisirs rares et insoupçonnés. Mais j’ai pris à l’époque cette information pour une de ses obsessions personnelles et j’ai repris mon chemin dans la forêt touffue des tags.
Puis un soir que j’étais à tenter un nouvelle fois de percer à travers ma cornue la recette du tag parfait, je me suis retrouvé face à Krissy Lynn en train de se toucher devant ce trou glorieux tant ignoré. Ma première réaction fut de jouir comme si le ciel m’envoyait un signe ; ma seconde de comprendre pourquoi l’odieux contre-plaqué troué m’avait tout à coup cloué au sol. Etait-ce l’aura démoniaque de Krissy Lynn qui traversait les murs ou bien cet anonymat crado qui m’envoûtait ? Pas de réponse, si ce n’est ce puissant orgasme ancré dans ma mémoire et une nouvelle énigme à résoudre.
Je pris alors la vidéo entre quatre yeux et commençais un long travaille d’analyse la bite à la main. Je décortiquais chaque seconde, j’analysais chaque pour tenter d’en comprendre le sens : c’était elle ou le trou, lui ou moi. Les jours suivants, j’entrepris d’élargir mon champs de recherche à d’autres vidéos similaires tournées par le studio dit du “pet de fouffe” : Dogfart.
Abbey Rain, Valentina Nappi, Yasmine de Leon… Les actrices du studio défilaient devant mes yeux et me procuraient tout autant de plaisir que Krissy. L’hypothèse qu’elle était l’unique responsable de mon trouble s’écartait alors doucement, c’était bien cette pièce qui enfermait un procédé magnétique. En allant encore plus dans mes faps, je découvris alors avec étonnement que les autres glory-hole me laissaient souvent très indifférent. Une troisième hypothèse faisait ainsi son apparition : c’était bien le réseau Dogfart le responsable de ce trop plein de perversion.
Les délires poisseux de Dogfart
Il est vrai que la découverte très tardive du studio chez moi coïncidait aussi avec celle du glory-hole. Le studio qui cultive un interracial décomplexé, très loin du raffinement parfois clinique d’un Blacked, avait eu du mal à se frayer un chemin dans mon historique jusqu’ici – tout comme Krissy Lynn d’ailleurs. J’avais longtemps écarté tout ce qui pouvait ressembler à une production gonzo cheap, peut-être pas snobisme et sans doute parce que j’avais une mauvaise image du concept Black on Blondes.
Mais un bon porno ne s’embête pas de considérations marketing et raciales, il se doit avant tout de posséder une atmosphère et une odeur capiteuse. Difficile à comprendre ou à interpréter pour le non-initié, même pour celui qui a roulé sa bosse sur les tubes, le caractère délicieusement sale d’un porn ne peut malheureusement être résumé en tag. On doit vous initier à sa saveur comme on vous amène pour la première fois dans un lieu interdit.
Personne ne m’avait jamais pris par la main pour m’expliquer Dogfart, Krissy ou le glory-hole. C’est sans doute la principale raison de mon ignorance, en plus de mon rejet primaire dû à une exploitation de cette niche, qu’il faut l’avouer, ne fait pas de place à la finesse.
Les secrets du glory-hole
Mon tag parfait devenait alors cette odeur enivrante, dénominateur commun de bien des faps. Toutes ces actrices et ces tags auxquels je me raccrochais depuis mon adolescence avaient l’odeur tenace du sexe sur les doigts qu’on porte à son nez dans un plaisir coupable. J’avais identifié depuis la perversion et la transgression, voilà qu’il se révélait maintenant à moi à travers mes narines. La vie pornographique est dense et riche, vous le savez bien, bien plus que les analyses à l’emporte pièce de ceux qui ne voient ce sujet qu’à travers leurs yeux, sans questionner leur corps et leur coeur. On peut après 17 ans de masturbation devant son écran tout redécouvrir du jour au lendemain.
Le glory-hole chez Dogfart possède dans sa simplicité déconcertante cette odeur particulière et fascinante que j’arrive difficilement à expliquer avec des mots. Quand je regarde ces vidéos, je ne m’imagine pas être de l’autre côté du trou, à aimer dans l’ombre. Je suis réellement le spectateur d’un gonzo dont l’unique décor est un panneau de contreplaqué trouvé chez Leroy Merlin. C’est brut et minimaliste et pourtant ça marche. Je prends un pied incroyable à regarder ces actrices commencer une scène solo, à se chauffer pour découvrir en feignant la surprise une bite noire ou blanche, généralement monstrueuse, à travers ce trou ridicule.
Quand elles commencent leur travail technique expert, je reste toujours du côté spectateur, je ne bouge jamais mentalement mon curseur pour m’identifier. Je contemple la beauté crade d’un porno réduit à une teub-accessoire et une actrice qui passe « par hasard » dans l’arrière boutique d’un sexshop. Ces scènes répétées à l’infini ne me lassent pas non plus, tout comme l’odeur de mes doigts continuera à m’enivrer jusqu’à ma mort. Ce n’est ni une façon pour moi de découvrir une actrice, ni une manière d’explorer la fellation, c’est exporter l’atmosphère poisseuse d’un vrai glory-hole en y ajoutant une dimension masturbatoire inédite sans prendre le moindre risque social et personnel.
Il y aurait beaucoup à dire sur l’atmosphère Dogfart et ses glory-hole, sur leur nonchalance et la manière dont ils ont réussi à transformer une niche raciale en pépite universelle. On pourrait citer leurs gang bang, leurs plans cuckolding, on pourrait s’étendre mille ans et dériver sur des tonnes de pages web leur complexe chimie. On pourrait… Mais on peut tout aussi choisir de se laisser guider par son instinct et de se masturber sans vraiment comprendre ce qu’il se trame dans notre tête. On peut se contenter prendre le porno comme il vient : une matière crue aux pouvoirs mystérieux dont le glory-hole n’en est que le symptôme.
Gloire à lui.
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