La ministre Laurence Rossignol veut lutter contre la pornographie
Dans un entretien vidéo dévoilé le 19 février par le site catholique Padreblog, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, Laurence Rossignol, affirme que la pornographie est avilissante, que son industrie doit être combattue et que l’accès aux sites web X doit être interdit aux mineurs.
Laurence Rossignol part en guerre contre le porno
Interrogée par l’abbé Grosjean sur les raisons de son engagement anti-X, Laurence Rossignol fonce : “La pornographie est une violence faite aux femmes, c’est une autre forme d’exploitation sexuelle pour celles qui jouent dans ces films. Un documentaire produit il y a peu de temps, Pornocratie, montre à quel point l’industrie du sexe est devenue de plus en plus violente, de plus en plus dégradante pour les femmes”.
Ce n’est pas tout. Pour la ministre socialiste, “l’accès facile à la pornographie est une violence faite aux enfants”. Elle explique : “Je ne crois pas qu’il soit normal et naturel qu’un enfant jeune, onze ans, douze ans, ait accès à des images pornographiques violentes, qui vont lui donner une idée, et des rapports homme-femme, et de la sexualité, qui n’a rien à voir avec ce que l’on souhaite pour lui, pour être un adulte heureux”. Que faire, demande l’intervieweur ? Laurence Rossignol affirme “qu’on travaille beaucoup là-dessus” et regrette, sourire aux lèvres : “On se heurte, c’est assez amusant d’ailleurs, à la liberté de création, à la liberté d’expression sur le net. On voit bien que la liberté d’expression, ça sert à tout, et aussi à défendre la pornographie et l’accès à la pornographie sur le net”.
Malgré les difficultés posées par le droit fondamental à la liberté d’expression, la représentante du gouvernement a trouvé des idées pour lutter contre la violence du X. Sa première proposition consiste à “refaire avec les parents la campagne de prévention sur les systèmes parentaux de verrouillage et les contrôles parentaux”. Elle précise connaître la limite de cette proposition, “parce que maintenant les gamins ils ont des smartphones, ils n’ont pas besoin de contrôle parental”.
Du coup, autre piste : censurer le web, tout simplement. “Il faudra contraindre et fermer l’accès à des sites Internet à des gamins”, annonce Laurence Rossignol. Toujours bien documentée, elle reconnaît que cette méthode risque de ne pas marcher : “Ces sites ne sont pas en France, c’est ça notre problème. Ils sont à l’étranger. Alors bien sûr, on va me dire, la Chine arrive bien à empêcher les Chinois de…” Malheureusement, elle est coupée par l’abbé avant la fin de sa phrase. Nous aurions aimé entendre la fin de cette comparaison.
Lutter à tout prix contre l’industrie pornographique
Ne reste que l’option du contrôle par carte bancaire, à laquelle la ministre se déclare “favorable”. Pour la mettre en place de manière efficace, il faudra obtenir l’accord des hébergeurs étrangers. Cela risque de poser problème, mais le combat continue. “Il faut lutter contre l’industrie pornographique, ce qu’elle suppose d’avilissement pour celles et ceux qui y travaillent, conclut-elle. Et il faut lutter contre l’accès des jeunes, des mineurs à l’image pornographique qui est avilissante pour l’amour, l’égalité femmes-hommes et la représentation qu’on a de ce qu’est la sexualité. (…) Je ne vois pas ce qu’on a à défendre, à défendre cette industrie pornographique, ce n’est plus de la liberté. On n’est plus dans les images que connaissaient nos grands-parents.”
Vous vous en doutez, Le Tag Parfait n’a pas vraiment apprécié cet entretien. Le fait qu’une ministre en fonction dévoile ses projets anti-pornographiques dans un entretien pour un blog religieux nous fait tiquer fort. Ses arguments de l’avilissement de la femme et de la protection de l’enfance ont déjà été brandis par le gouvernement anglais pour justifier la mise en place de lois anti-pornographiques de plus en plus violentes et intrusives. Les mesures qu’elle propose, des filtres parentaux au blocage des sites Internet, parfum Grand Firewall de Chine, sont réputées impossibles à mettre en place sans atteinte grave à la liberté d’expression.
Le nouveau bouc émissaire
Ce qui nous dérange le plus, c’est la manière dont la ministre conçoit la pornographie. Dans sa bouche, l’industrie du X passe pour une entité monolithique et hétérosexuelle qui ne produit que des images dégradantes en exploitant des femmes forcément victimes. Au Tag Parfait, on craint que Mme Rossignol se soit forgée une opinion de l’industrie à la va-vite devant Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe, un documentaire à charge de la réalisatrice Ovidie. Bien qu’il ait été apprécié par la critique, Pornocratie a reçu un accueil plus que mitigé chez les travailleurs du sexe. Ceux-ci le perçoivent souvent comme anti-porno, à l’instar de Hot Girls Wanted.
De nombreux gouvernements se sont attaqués au porno au cours de l’année 2016. La ministre de la Justice suédoise, Beatrice Ask, l’accuse de véhiculer une image dégradante des femmes et de faire baisser la natalité. Le parlement israélien l’aurait rendu inaccessible sur Internet si le Premier ministre Benyamin Netanyahou n’était pas intervenu. Mentionnons surtout les Anglais, qui ont censuré certaines pratiques comme le fisting et l’urophilie en attendant de trouver un moyen efficace de contrôler l’accès aux sites pour adultes. Aux Etats-Unis, plusieurs Etats ont déclaré le porno « crise de santé publique » et combattent pour son interdiction. Nous regrettons beaucoup qu’une ministre française ait rejoint cette équipe.
D’un autre côté, nous ne pouvons pas dire que nous sommes vraiment surpris. Abolitionniste en matière de prostitution, Laurence Rossignol a déjà montré qu’elle aimait faire fi de la réalité pour parler à la place des travailleurs du sexe. En avril 2016, elle a défendu la proposition de loi qui proposait, entre autres, de pénaliser les clients pris en flagrant délit. Après son adoption, elle s’est félicitée : « C’est un peu la loi Veil de notre génération ». Et tant pis pour la sécurité des prostituées, contraintes de se cacher pour préserver leur activité.
Le 1er mars, la ministre doit présenter un nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants. On ne sait pas si l’industrie pornographique sera dans ce plan, mais ce matin sur Itélé, Laurence Rossignol semblait bien déterminée à lutter contre l’accès à la pornographie pour les mineurs (et peu importe des conséquences pour les autres).
#LaMatinaleInfo > "Vers 11 ans, un mineur rencontre des images pornographiques, c'est très jeune", @laurossignol
► https://t.co/wN8mSdxGJP pic.twitter.com/EC0D892CHs— iTELE (@itele) February 21, 2017
Elle a pas tord sur la condition des femmes.
C’est pas les pratiques qui y font. Les hommes aussi se font fister et lisser dessus et ça les empêche pas de dominer ( un homme même se faire lisser dessus et quand même devenir maître du monde! )
Mais ce qui y fait c’est le marché.
Le porno, une nouvelle forme d’activisme?