Être taxé pour mater du porn : les conservateurs contre-attaquent
Lorsque Donal Trump est devenu le 45e président des États-Unis en novembre 2016, l’industrie pornographique, par la voix de Eric Paul Leue, directeur de la Free Speech Coalition, s’est inquiétée publiquement de l’arrivée de cette administration ultra-conservatrice et farouchement anti-porno. Si le nouveau président avait un passif plutôt en phase avec le porno, sa garde rapprochée n’inspirait rien de bon à une industrie du porno américaine déjà malmenée à l’époque du Président Bush Jr.
Quelques mois plus tard, difficile de donner tort à la FSC. Les législateurs d’une douzaine d’États des États-Unis préparent une loi pour s’attaquer frontalement au porno qu’ils veulent faire reconnaître comme « crise de santé publique ». Afin de contrer ce qu’ils appellent une « épidémie », ils veulent bloquer par défaut l’accès aux contenus pornographiques sur les nouveaux ordinateurs et portables. Pour regarder du porn, il faudra dans ces États – si la loi est votée – s’acquitter d’une taxe unique de 20 $ par appareil pour prouver sa majorité.
La pornographie est addictive et affecte le cerveau. Comme chaque drogue, chaque addition, vous avez toujours besoin d’en prendre plus pour avoir le même effet que votre première fois – Kathleen Winn du réseau contre la traite des êtres humains d’Arizona
Cet argent servirait à financer les groupes qui luttent contre la traite des êtres humains, les violences domestiques et les agressions sexuelles. Les sites qui ne se plient pas à cette règle ou contournent le dispositif seraient automatiquement bloqués.
Cette initiative vise les sites gratuits et payants, mais ne rentre pas dans les détails d’autres sites où le porno est également accessible, comme sur Twitter, Google Images ou Tumblr.
La Caroline du Sud, la Floride, la Georgie et le Texas regardent de près cette mesure qui devait passer en Arizona dès la fin du mois d’avril (à notre connaissance, ce n’est pas encore le cas). L’objectif étant évidemment de l’adopter au niveau fédéral. Avec l’administration actuelle et le caractère incontrôlable de Donal Trump, il est fort possible que ce rêve mouillé de conservateur devienne bientôt une réalité.
Depuis 2014, le porno est devenu le bouc émissaire des conservateurs (mais aussi de la gauche abolitionniste française avec la bienveillance d’une partie des producteurs français). Chaque pas en avant vers une plus grande restriction ne semble plus émouvoir grand monde. À force de marteler que le porno est un danger pour les jeunes, qu’il est une drogue ou qu’il contribue aux violences domestiques, le grand public va commencer à y croire.
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