VHS contre Betamax : le porno est-il si puissant ?
La légende raconte que si la VHS a triomphé de la Betamax dans la course au titre de cassette vidéo de référence, c’est avant tout grâce au porno. JVC, le créateur de la VHS, aurait assuré sa victoire en autorisant les pornographes à utiliser sa création pour commercialiser leurs films quand Sony, le papa de la Betamax, s’y refusait. La soif du fap plus forte que tout ? Malheureusement non, c’est un mythe qui a la vie dure.
La firme japonaise Sony a dévoilé la Betamax en 1975. La petite boîte noire permettait d’enregistrer des émissions de télé grâce à un magnétoscope vendu environ 1 000$. La VHS de JVC, lancée l’année suivante, proposait une qualité d’image inférieure à celle de la Betamax. Cependant, sa bande plus longue permettait d’enregistrer deux heures de vidéo par cassette, le double de sa concurrente. De plus, les VCR compatibles avec les VHS étaient disponibles pour 300$ en moyenne.
Les consommateurs ont vite fait leur choix. Malgré sa qualité d’enregistrement inférieure, la VHS était plus accessible que la Betamax. L’industrie pornographique a préféré la cassette de JVC à celle de Sony pour cette raison : en choisissant le format le plus disponible, elle assurait la bonne diffusion de ses produits, tout simplement. C’est le public qui a choisi la VHS, le X n’a fait que suivre. Précisions tout de même que contrairement à ce qu’affirme la rumeur, le format Betamax a été utilisé pour diffuser des vidéos pour adultes.
Le mythe du X comme moteur d’innovation technologique a la peau dure. Il y a une dizaine d’années, il est ressurgi dans le cadre d’une nouvelle guerre de supports vidéo : le HD DVD de Toshiba contre le Blu-ray de Sony. A l’époque, le site d’information Macworld n’avait pas hésité à publier un article intitulé Porn industry may be decider in Blu-ray, HD DVD battle. Ars Technica, Tom’s Guide, Tom’s Hardware, CNET et bien d’autres étaient du même avis. « Que vous l’aimiez ou non, l’industrie pornographique pèse lourd quand vient le moment de choisir un format audio-vidéo », lançait carrément le blogueur Jeffrey Donenfeld.
Après avoir penché pour le HD DVD, le X avait finalement adopté le Blu-ray. Le disque de Sony a été déclaré victorieux par la presse au début de l’année 2008, avec un gros clin d’oeil à l’industrie. Tant pis pour ses gros avantages sur son concurrent, comme sa compatibilité avec la Playstation 3, sa capacité de stockage supérieure ou son soutien par la majeure partie d’Hollywood. Pourtant, ce sont sans doute ces traits qui ont orienté le public vers le Blu-ray ; comme dans l’affrontement VHS-Betamax, les pornographes n’ont sans doute fait que suivre l’avis général.
Si ces mythes existent, c’est que nous fantasmons beaucoup sur la « force obscure » du X : l’industrie serait détentrice d’un pouvoir immense et insoupçonné, le genre qui aiguille l’innovation technologique à loisir et fait gagner des milliards qui n’existent pas. En réalité, même les plus gros studios de la planète n’ont d’autre choix que se soumettre aux décisions du public. Le vertige du futur, plus enivrant que jamais lorsqu’il est suscité par la rencontre entre sexe et technologie, aide à tomber dans le panneau.
Ce qui a séduit les studios pour le Bluray, ce sont surtout ces p$*ùin de DRM. Le HD DVD avait une plus grande souplesse de diffusion. Le format de Sony est beaucoup trop verrouillé pour être grand public, selon moi.
Aujourd’hui, la vraie guerre se fait sur les formats de fichiers, le MP4 gagne du terrain bien que Google a ouvert le format VP9. Il est utilisé sur YouTube, me semble-t-il.
Je ne suis pas convaincu que le format physique ait beaucoup d’avenir de nos jours. Je songe, d’ailleurs, sérieusement à revendre ma collection qui prend la poussière.
Ca n’a aucun avenir, vaut mieux investir dans des solutions de refroidissement pour des data center. héhéé