Mon smartphone est un plan cul
J’avais 12-13 ans, je venais de découvrir L’orgasme, avec un « L » parce que je pensais être l’unique trouveur du machin. Bon, j’ai vite compris que je n’avais pas découvert un trésor de guerre mais plutôt une bonne manière de me détendre avant d’affronter le diner familial. A peine le « à table » retentissait dans l’appart, que déjà les toilettes devenaient ma maison close et en trois minutes chrono je m’envoyais un bon shoot d’endorphine. J’arrivais alors avec un sourire de drogué content de sa came et le diner se passait bien.
Le pouvoir de l’imagination que Mère nature nous a dotés jusqu’à l’adolescence et perdu depuis dans les limbes du net, me donnait à l’époque des éjacs précoces fort pratiques. Dorénavant le temps mis pour me satisfaire s’allonge à mesure que les tags se sophistiquent. Et t’as l’air con lorsque dans le train, l’envie de faire passer la pilule du gamin qui gueule par un petit shoot, se solde par un quart d’heure cramé au chiottes où tu sors énervé, tout rouge et avec une tendinite au bras droit. L’imagination s’est évaporée en même temps que les CDs 50h AOL et je risque fort de finir en taule si ce gamin ne s’arrête pas. Sale ambiance les amis.
Mais, une révolution est en train de s’opérer, la généralisation des smartphones dans nos vies et l’accessibilité quasi permanente à 40 % du trafic d’Internet, c’est à dire, le cul le cul le cul, nous renvoie aux premières heures de notre riche vie sexuelle en solitaire. Tous les tubes ont leur version mobile, Google est partout, ma bite fonctionne bien et mon imagination au placard est remplacée par des montées d’adrénaline, du genre « mec, tu vois ce gamin ? T’as 5 min pour te shooter sinon c’est « le » qui prendra le dessus, pas plus, reviens le sourire au bec et eye contact sa mère ». IPhone branché, 3G capté, direction la maison close à grande vitesse. Poignage express, sensation retrouvée, détente observée, gamin sauvé. Mon avocat a validé.
Cinq minutes chrono car question branlette express tu ne peux pas la faire dans le détail, tu prends la première merde qui passe et tu respires à fond. Tu oublies les scènes c’est trop long à charger, tu veux juste du jambon et du gras, que ça cogne sec façon cartoucherie, du genre ball trap dans une cave. Ça te rappelle tes premiers émois, quand le daron allait se coucher, montre en main et l’autre dans le slip, fap fap fap pour un 100 mètres à la Christophe Lemaitre. Les blancs en neige en moins de 10 secondes et finish sur le fil avant d’être cramé. C’est ça que j’ai retrouvé et depuis ca m’amuse. Je me shoote à l’ancienne et pour un petit moment la vie redevient douce comme la brise sur ton visage, les matins de conquêtes.
Et l’industrie là-dedans ? Je crois qu’elle m’a repéré, car bon nombre de sites commencent à être payants, les détournements étant plus compliqués sur téléphone que sur ordi, y’a de la maille à se faire. Pornhub + Youporn + Xvideos >20 millions de connexions / jour. Il charge sa première vidéo d’une minute, il en veut plus, il raque : logique imparable. Du fric, du cul, miam le business, surtout que le « client » s’en tape un peu du contenu et en tant que bon amateur de branlette à l’arrache, je coupe le son ou garde toujours une oreille à l’affut. La tension augmente quand on est sur le qui-vive, au risque de se perdre dans un fail paranoïaque qui ferait retomber l’afflux sanguin comme la mer se retire quand les enfants crient trop sur la plage. Juste un support visuel, sans dentelle ni starlette, un plan cash et direct comme si tu me disais de te suivre aux toilettes. On s’y retrouve je crois, mais je suis trop timide pour te regarder, je préfère être sur mon téléphone à charger des vidéos sales comme si j’étais tombé sur la pub d’un vieux 3615 olé-olé.
La nostalgie m’emporte en écrivant ces lignes, des larmes coulent sur mon clavier mais j’ai une super gaule en attente. Je crois que je vais aller aux toilettes, j’ai pré-chargé des vidéos complètement nazes, y’a encore des gamins qui crient dans la cour et mes fenêtres ressemblent à du papier à cigarette. Tu saisis l’astuce, les gamins m’emmerdent, donc je m’envoie en dosage rapide cette molécule qui masse doucement ma tête et prépare des siestes de luxe. Voilà mon nouveau style. Je me garde une bonne branlette bien longue avec mes meufs de l’internet quand j’ai le temps, ce n’est pas le même orgasme, quand je me touche devant Stoya, on parle vraiment d’amour.
Je crois que je viens de toucher un truc, je fais l’amour à mon ordi et je baise mon téléphone, je ne sais pas si on peut en faire un bon sujet pour un mag de plage, mais cette phrase est sincère. Le mépris d’une baise rapide, la sophistication d’une bonne séance de sexe, la technologie me ramène à la vie et je sais même plus si je ne préfère pas ma meuf virtuelle à celle qui est dans mon lit. J’ai commencé à comparer mon téléphone à un plan cul, mon ordi à une régulière et l’iPad dans tout ça ? Un bon PQR, un plan cul régulier avec la technologie. De la girl next door à emporter partout, faites un don. Merci.
Mais maintenant y a encore mieux. Les pédés ayant un smartphone peuvent se connecter directement à « grindr », application qui permet de trouver les personnes connectées les plus proches. Je sais pas si tu as vu « Short Bus » mais à un moment un des mecs utilise un truc similaire. Le principe est assez simple : tu te connectes et tu vois les profils des mecs les plus proches. C’est un espèce de meetic porno du style « Utilisateur: bogossbienmonté54 / voir profil / voir photos / situé à 25m ». Un espèce de GPS du cul. Glauque et très drôle.
Oui on m’en a parlé y’a deux jours. Le type va écrire un article dessus je crois.
De la pure avant-garde.
En internat, on mettait des pornos sur nos iPod Vidéo, c’était chouette le petit écran dans une main et le flacon de pop’ dans l’autre.
Et encore on avait des iPod vidéo…