Écume-shot
Tandis que nous devisions gaiement avec mon alter-ego GrandSegment quant au joueur de NBA ayant connu la meilleure progression depuis la saison dernière, je ne pouvais m’empêcher de déplorer mon peu d’inspiration actuelle. Comment pouvais-je être capable de me compromettre dans le journalisme sportif alors que mes lectrices impatientes attendaient une prochaine livraison de leur dealer d’amour favori ? Pourquoi n’avais-je plus la verve tendue comme il y a encore quelques mois où je faisais sauter les braguettes et les strings Aubade à grand coup d’articles cathartiques ?
C’est à ce moment-là que mon comparse, voyant les larmes commencer à couler sur mes joues roses et dodues, dégaina sa collection de porno. Nous entamâmes alors une discussion toute autre. Les idées d’article me venaient à la pelle, j’aurais d’ailleurs pu en profiter pour déterrer ce projet sur le porno italien qui me tient tant à cœur. Non, ce sera pour une prochaine fois. Mon interlocuteur, passablement accablé par nos consommations diverses, n’en demeurait pas moins particulièrement loquace et m’interpela quant à « Porn in the U.S.A. », un film américain très vintage, il s’étonna du fait que je ne connaisse pas ce film et m’invita à découvrir une scène qui l’avait particulièrement marqué.
Plutôt que de tourner autour du pot, nous décidâmes de le fumer à nouveau, je me collai dans un gros fauteuil en latex et m’enfonçai lentement dans le monde du silence.
Tout est bleu autour de moi, un bleu turquoise du plus bel effet. Pas d’instrument à corde angoissant pour me rappeler au mauvais souvenir des squales voraces. Le calme, enfin… Oubliées les turpitudes citadines, les sardines matinales s’échappent de la ligne 7 et retrouvent l’immensité des fonds marins. Les morues ne sont plus nos supérieures hiérarchiques, personne ne se préoccupe d’elles, noyées dans l’intensité océanique. Les thons retrouvent leur beauté gracile. Mais que vois-je ? Deux êtres humains masqués viennent troubler ma transe ! L’image est mauvaise, on m’a toujours dit de ne pas ouvrir les yeux sous l’eau mais que voulez-vous, ma curiosité n’a pas de limite. Bien m’en prend, le couple d’aventuriers profite de cette escapade maritime pour laisser parler sa libid’eau. Il faut dire qu’ils disposent d’un matériel léger nos plongeurs du dimanche. Et dire que les scaphandriers de Méditerranée ne pouvaient même pas se branler dans leur carcan de bronze.
Nous sommes en 1985, la Maison Blanche abrite un ancien acteur, tout est possible et même de filmer une scène de cul sous l’eau. Pas en piscine, non, mais en « décor naturel ». La tâche semble ardue mais ça fonctionne, et même si ça peut nous sembler daté, la valeur vintage est telle que l’on ne peut pas rester indifférent. Bien que la scène soit tirée d’une autre œuvre («Porn in the USA » est plus une compilation de scènes qu’un film à proprement parler), on peut imaginer être en possession du premier exploit du genre. Les acteurs se livrent à un ballet aquatique du plus bel effet, celui du requin-marteau et du poisson-chatte. Pas de palier de décompression, c’est de la plongée sportive, monsieur s’arcboute sur les coraux, et madame vient mordre à l’hameçon. Championne d’apnée, celle-ci s’affaire sur le concombre de mer, elle a troqué le détendeur contre une anguille sans souplesse, raide comme un couteau, belle maîtrise. De l’éruption volcanique ne jaillira pas une nouvelle île mais un brouillard blanchâtre. Une éjac sous-marine, c’est moins impressionnant qu’en apesanteur, mais c’est tout aussi dégueulasse. Demandez à l’ancien porte-parole de Sainte Ingrid Betancourt…
Je sors la tête de l’eau un court instant car ce n’est pas le moment de boire la tasse, à moins que l’on goûte à la semence saumâtre – ce n’est pas mon cas. Je plonge aussitôt dans le grand bain, celui de l’internet. Que nous dit le tag #underwater ? 21 pages sur wide6 !
Le tag nous livre un détail et non des moindres, il nous rappelle une fois de plus que l’on vit à une époque émasculée. En effet, la piscine a remplacé les bains de mer. A l’exception de très rares scènes en extérieur – et encore à même pas 3 mètres de profondeur, dans les eaux saturées d’un atoll pacifique – nous sommes plus proches du pull marine que du cœlacanthe. La crainte de la narcose à l’azote peut-être ou plus simplement le recours à la facilité. Cette facilité qui déprime, qui rabaisse les fantasmes de centaines de marins d’eau douce, qui se demandent encore comment fourrer une sirène, alors qu’il en faut peu pour qu’elles mouillent.
Et pendant que certains font leur footing aux Buttes Chaumont, d’autres batifolent au milieu des algues et des coraux, et moi je me fais pomper sur les restes d’un vieux cargo culte.
PS: La petite compile amphibie pour mes baigneuses et baigneurs.
Rajon Rando, évidemment.
Haha, on a opté pour Dorell Wright de notre côté 😉
Ah le porn italien ! J’attends l’article avec impatience !
Tony P., fo’ shizzle.
Ah, on parlait pas musicalement ?
zero-g-porn : http://www.empflix.com/view.php?id=57065
Je suis curieux des sensations que ça pourrait apporter de le faire sous l’eau 🙂
J’espère que l’eau salée ne provoque rien lol, enfin les dauphins le font bien pourquoi pas nous
si vous aimez les filles marines voici un très beau blog : http://enattendantcousteau.tumblr.com