Les cuisses de Jupiter
Piscine, pastis, porno. On se serait cru dans une production Tony Carrera… Mais c’est avec la fine bouche de la french touch électro-pop que j’avais rendez-vous, pieds dans l’eau, pour parler musique et porno. Jupiter, aka Quarles et Amélie, aka Q&A pour faire court, couple aussi glitter sur scène que dans la vie. Discussion avec Quarles pendant qu’Amélie nageait à côté (et Edwd s’est incrusté pour poser quelques questions et taper dans le pastis)
Vous étiez récemment en syncro d’un reportage Hot Vidéo [“Angell Summers se tape le capitaine”, la vidéo a depuis été retirée]. Ça vous a fait quoi de faire le fond musical des fesses d’Angell Summers ?
Q : C’était sur un bateau, ambiance La croisière s’amuse… C’est un peu notre univers ! On était pas du tout contre, donc on les a contacté pour négocier un tarif… et ils ont supprimé la vidéo.
A : On pense qu’il l’ont retiré sans lire le mail, à force d’avoir des gens qui se plaignent d’être dans ce genre de vidéos.
Q : C’est con, parce qu’on était vraiment chaud !
Si on vous propose de faire la BO d’un porno, vous dites quoi ?
A : Bah ouais !
Q : Ça peut être drôle une fois, mais si tu commences à en faire trop tu es vite catalogué et ce n’est pas franchement flatteur. Mais beaucoup de gens font aujourd’hui des morceaux qui ressemblent à de la musique de films porno. Pas juste à de la musique pour baiser, vraiment à de la musique de film porno. Tout le dernier album de Tellier, par exemple. Au-delà du titre de l’album et de certaines paroles, il y a des sonorités de film porno, non ?
A : Mais bon, ça dépendrait quand même du film, on ne ferait pas ça juste pour le principe…
Justement, vous voudriez que ce soit quel style de film ?
Q : Je ne sais pas. Un film avec Angell Summers ? (krkrkrkrkrkrkkrkr)
A : Un film vraiment kitsch, pas quelque chose de classe ou de porno-chic ! Avec les mêmes costumes que Brigitte Bardot dans le clip de Contact.
Q : Un film du cul rétro, mais moderne. Une sorte de Black Dynamite du film de cul. D’ailleurs tu pourrais simplement l’appeler Black Dynamite !
A : Je verrais bien un décor de jungle, quelque chose d’exotique.
Q : À la Tarzan ? Comme ce dessin animé interdit aux mineurs dans les années 80, Tarzoon la honte de la jungle. Il va de branche en branche, son singe attaché à sa bite… Un super film.
A : Le film de la honte !
Quarles, tu m’as dit un jour que tu n’aimais pas le porn industriel….
Q : …tel qu’il est depuis la fin des années 80, en fait.
Tu voudrais un retour au porn vintage ?
Q : Pas de faux ongles, pas de fausses perruques, pas de faux seins… Peut-être qu’aujourd’hui elles ont même des faux culs ! Je veux juste quelque chose de plus vrai, de plus authentique. Mais pas nécessairement plus dégueulasse, hein. Le problème, c’est que le porno amateur est encore très cheap. Quand je dis “Black Dynamite du porno”, ça veut dire un film fait à l’ancienne MAIS avec des moyens. Malheureusement, je ne pense pas que ça arrivera de si tôt.
Authentique, c’est un peu ton leitmotiv ?
Q : C’est aussi le premier album de NTM, et je crois que ce n’était pas terrible…! Mais j’aurais du mal à justifier pourquoi j’aime l’authenticité. J’aime le porno amateur parce qu’il est vrai. Ça pourrait simplement être mieux shooté, avec de vrais moyens. Je ne parle pas d’un porno à l’image crade, mais d’un porno qui fasse vrai. Sans que ce soit dans une espèce de villa dans le Sud-Est avec du carrelage blanc. Ça pourrait être dans un appart’ pas mal, avec des gens pas mal qui font des trucs pas mal… et ce serait déjà pas mal !
Alors pourquoi on n’en est pas là aujourd’hui ?
Q : Il faut croire que les producteurs français ne sont pas doués. Mais plus les gens vont consommer du porno sans le payer sur Internet, plus ce sera cheap. Il faut tourner de plus en plus vite et de moins en moins cher, voire totalement gratuitement. Un moment ce sera tellement cheap qu’ils ne prendront même plus la peine de faire joli et ce sera très réaliste !
Musicalement, vous en êtes où ?
A : On va sortir un remix d’un groupe inattendu, plus inattendu que Kassav remixé sur Kass Limon, on va changer notre formule de live… Et surtout, on est en train de boucler notre album.
Q : On a presque une quinzaine de titres, de quoi faire un album solide. Peut-être avec une thématique porno, qui sait ?
A : Le nom de l’album sera assez évocateur.
Q : On a pas mal de références dans les covers de funk vintage, qui étaient assez érotique. Regarde Le pamplemousse, Planet of Love. C’est pas un faux cul, ça je te le dis. Ce serait la couv’ de notre disque, j’en serais fier.
Vous tirez votre nom, Jupiter, d’un vieux synthé…
A : D’un super synthé qu’on ne va pas tarder à acquérir, je pense.
Vous êtes fétichistes des beaux instruments vintages, en fait !
A : Oui, mais c’est pas seulement parce qu’ils sont beaux et vintage, c’est aussi et surtout parce qu’ils sonnent grave bien !
Q : On n’essaye pas de faire de la musique datée d’il y a 30 ans, sinon on ne ferait pas vraiment avancer les choses. On essaye juste de faire ré-émerger certains principes qui nous sont chers, comme par exemple l’authenticité des instruments. Sans faire du conservatisme musical, ça nous semble important. Et les gens savent que ce n’est pas juste pour se la raconter qu’on utilise des vieux instruments, c’est parce que les choses étaient mieux faites à l’époque. Et c’est un peu ce que je pense avec le porno.
Un message à vos futur(e)s fans ?
A : Je voudrais que les gens dansent davantage en concert, pas qu’ils restent juste debout comme à un spectacle.
Q : Tu sens qu’à Paris les gens ont parfois envie de danser mais n’osent pas. Les Français et a fortiori les parisiens sont coincés en public. Tous les hivers, les couvertures de magazine affichent : “Cet été, osez le noir”… Black is the new black : c’est ça Paris ! Enfin je dis ça, mais là je suis sapé comme un clubbeur “Ch’ti à Ibiza”.
Il y a des morceaux particuliers qui vous font vibrer les gonades ?
A : Le problème, c’est qu’on a tendance à être très pro quand on écoute un morceau. On note les détails, on décortique les arrangements.
Q : On a évidemment encore des réactions émotives, mais on écoute souvent attentivement en essayant d’analyser la moindre chose qu’on entend, les instruments, les effets. Et plus on écoute, moins on est émotif, et plus on se concentre sur les détails. Forcément, on n’écoute jamais de musique pour faire l’amour. Si je me faisais chier, ce serait peut-être différent. Mais quand t’es dedans, t’es à fond dedans. That’s what she said !
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Propos recueillis par Jizzkov. Photos par © Tenoot.
Bon, on a la musique, il ne manque que peu pour réaliser un film. Après tout. #simple
Wowow on s’arrête là.
Sexuality de Tellier ça troue.
Oh, mais Quarles n’a jamais dit le contraire, juste que l’album faisait très « musique de film porno » ce qui n’est pas un défaut en soi, en tous cas pas dans sa bouche. Parce que oui, ça troue.