Erika Lust – Cabaret Desire
Il n’y a pas que le porn de 14h dans la vie pour préparer une bonne sieste qui se regarde montre en main, efficace et concret. Il existe des alternatives, plus douces, plus sensuelles qui sans tomber dans l’ennui d’un érotisme ringard, réveillent les sens et excitent. Cette troisième voie, Erika Lust l’aborde avec délicatesse avec Cabaret Desire, son dernier film.
On vous avait déjà montré le trailer maintenant qu’on l’a vu en entier, on va enfin pouvoir vous en parler plus en détail. Le Cabaret Desire est un endroit où vous vous installez confortablement pour boire un verre et regarder s’enlacer des gens autour d’une barre, sorte de boudoir moderne où l’on vient se prélasser en couple. Pour quelques jetons, une femme vient vous conter une histoire, début du mirage et plongée dans l’érotisme .
Quatre histoires nous sont donc contées, naviguant entre érotisme et pornographie sans jamais complètement plonger ni dans l’un, ni dans l’autre, on tangue doucement et c’est tout à fait agréable. La réalisation est douce, pas une once de mauvais goût, son délicat (et même mixage délicat, c’est si rare d’avoir une vraie #teamson), image fine sans être trop travaillée, acteurs crédibles. Donc on y croit, le contrat est rempli. Qu’en est-il de l’excitation ?
Pour revenir au postulat de départ, si on différencie excitation et efficacité, c’est pour différencier montée du désir et branlette sauvage. Le porno est un support masturbatoire mais il peut également être un support aphrodisiaque. C’est en cela que le porno d’Erika Lust fonctionne, il faut le voir comme des préliminaires, ce qu’on appelle le #teasing – faire monter la pression pour faire simple – et qu’on oublie totalement en France. Un porno efficace vise l’orgasme ; un porno excitant, c’est le délice de la montée, quand les pupilles se dilatent, quand le corps s’ouvre, quand on a qu’une envie, c’est de passer à la suite. On apprécie ce moment, on le fait durer, on laisse venir à nous les vagues de bonheur, on savoure ces moments de tension, jusqu’à l’explosion.
Le porno hardcore, les traversées d’autoroute avec des types TBM, la performance, on ne crache pas dessus, mais ce n’est pas l’idéal dans un contexte d’apéro en couple. Erika Lust parle aux gens de sa génération, ceux qui ont la trentaine tranquille, ceux qu’on résume un peu vite en simple “bobos”. Avec Cabaret Desire, Erika réussi à mixer sa sensibilité à la pornographie sans tomber dans l’ennui, ce que certains lui reprochaient auparavant. Un film cohérent, qui se regarde en couple car Erika a choisi ici de parler sexualité à travers le porn, c’est tout à fait louable et rafraîchissant. Puis, une production qui déroule ses 90 minutes sans qu’on se sente le besoin de zapper, c’est devenu une denrée si rare.
Film à conseiller aux curieux, aux blasés du porno, aux saoulés des autoroutes qui préfèrent les petites ruelles ensoleillées de Barcelone, aux fatigués du pilonnage intensif, aux gens qui pensent qu’il n’y pas de frontière entre érotisme et pornographie, aux couples, aux filles. En prenant du recul, ça commence à faire du monde.
Cabaret Desire, un autre porno est en marche, disponible sur la plateforme Lust Cinema.
« Film à conseiller aux curieux, aux blasés du porno, aux saoulés des autoroutes qui préfèrent les petites ruelles ensoleillées de Barcelone, aux fatigués du pilonnage intensif, aux gens qui pensent qu’il n’y pas de frontière entre érotisme et pornographie, aux couples, aux filles.
En prenant du recul, ça commence à faire du monde. »
Hum, rien qu’avec les filles, la moitié de l’humanité. Moi j’appelle ça plus que « du monde » 😉
Bah non, je suis une femelle, et je ne me reconnais pas du tout dans le travail d’Erika Lust. D’ailleurs, l’idée même d’un porno pour femmes me dégoûte. Qu’une femme fasse du porno, point, qu’elle tourne SES fantasmes, et que ceux qui l’aiment, hommes et femmes confondus, la suivent. Les femmes auraient toutes des fantasmes plus doucereux ? Bullshit. Sinon, avec les mâles, pour jouer aux fesses, on se retrouverait où ? Je préfère encore les productions américaines, comme Brazzers, Bang Bros ou Naughty America, par exemple. Du ludique, du caricatural, du « pilonnage intensif », des orgies, des éclats de rire et des éjacs pour toute la paroisse. Désolée.
Marie-Gaëlle aussi a été déçu : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/215127;cabaret-desire-quand-le-porno-feministe-se-revele-decevant.html
Et que cette histoire de « porno pour femme » a peu de sens. Un porno plus réaliste peut-être. Moins caricatural oué. Sinon, ça reste du fantasme et ça différe d’une personne à l’autre. Homme ou femme. Les femmes pouvant être plus hardcore que les hommes et réciproquement.
Mais un porno sexué, je pense pas que ça existe.
Tiens, ça manque au Tag. Une tribune pour débattre. Live.