Chère Maia Mazaurette

Chère Maïa Mazaurette,

Je t’envoie cette carte depuis la terrasse de la rédac’, où on profite tranquillou du soleil pour bronzer un peu,

J’ai longtemps hésité à t’écrire cette lettre. Je t’aime bien, tu sais. Vraiment. J’ai passé plusieurs années de ma tendre jeunesse à apprendre la vie sur Sexactu, furetant dans les commentaires, y liant des amitiés. J’ai même écrit un article pour toi ; et pour tout t’avouer, je crois qu’il m’arrive encore de fantasmer sur ta tenue de paintball, même si je ne l’assumerai pas ici. Mais voilà : je n’en peux plus, de toi, de tes écrits, de ta morale. Je souhaite te le dire depuis un moment, mais ça n’arrivait pas à sortir sans qu’une larme ne s’écrase sur mon clavier. Le résumé en deux mots ? tais-toi… Steuplé.

Sexactu, le sexmalaise (allégorie)

Tu me trouves dur ? Je vais te donner deux petits exemples récents, et les offrir en pâture à notre lectorat qui décidera de ton sort, en se plongeant si besoin est dans tes archives [EDIT : wowowo, allez feuilleter Shit Maïa Mazaurette says, lancé par l’ami Phapping après lecture du billet qui suit]. Le premier ne semble pas bien méchant au premier abord, mais en dit long sur la bête. Ça ne devait n’être qu’un petit billet rigolo pour « calculer son âge sexuel ». Sauf que c’était tout sauf rigolo. Bon, déjà : on t’a peut-être pas mise au courant, mais rédiger des tests de pureté en 2012 – deux-mille-putain-de-douze ! -, c’est un peu comme confier une rubrique lolcats à Cauet.

Mais le vrai souci tient dans le fond, et cette manière si peu subtile que tu as de hiérarchiser les pratiques sexuelles. De sous-entendre, du haut de ta haute-autorité, qu’il y’a des pratiques et sentiments plus matures que d’autres – et donc, de facto, « meilleurs » pour tes lecteurs. Je ne sais pas si c’était un classement ironique, peut-être, auquel cas c’était juste pas drôle ; mais si ça se voulait un tant soit peu sérieux, alors c’était franchement con, pour tes nombreux lecteurs qui n’auraient pas forcément le recul nécessaire.

Ce qui nous amène au second article, bien plus dérangeant, et qui a eu le don d’énerver le taulier. C’est vrai qu’il a tendance à vite partir en live dès qu’on parle de toi, mais là on a sérieusement flippé : il tournait comme une bête en cage dans la rédac’, la stagiaire a même hésité à appeler la SPA. Tout ça parce qu’il a lu ce que tu racontais sur le dernier clip de SebastiAn… celui tourné par Gaspard Noé et qui met en scène une fillette hypersexualisée, selon l’expression consacrée. Sache que ton « vu qu’on peut difficilement l’écouter par amour de la musique » a eu du mal à passer…

Le boss était salement vénère, je te jure. Pour tout te dire, il n’avait même plus la force de se facepalmer, et c’est la stagiaire qui s’en est chargée pour lui. Conclusion du doc’ : brûlure au second degré tellement son front était bouillant. Heureusement qu’on avait pris une stagiaire conventionnée.

Sexactu, éloge du bon goût (allégorie)

J’ai bien essayé de te défendre, les goûts et les couleurs, ce genre d’argument que je ressors à chaque fois qu’on prononce ton nom, mais il m’a mis l’article sous les yeux… Alors, bah ouais : j’ai facepalmé de concert, j’en ai encore une bosse. Parce que tu y racontais grave de la merde : t’interrogeant sur les « points d’enfance » (sic) perdus par l’actrice avec ce tournage, et prétextant que « l’art est censé nous interpeller, mais pas en grattant là où nous sommes grattés en permanence ». Poncif dont l’intelligence n’a d’égale que la distance qui sépare le parquet des dents de Chantal Jouanno, btw.

Toujours plus loin, tu finissais carrément par dénoncer, pépère, « un clip flirtant avec la pédophilie » qui offrira auxdits pédo « trois minutes de masturbation gratuite. » DAFUQ, comment on en est arrivé là ? Pas besoin de réacs quand on a des sexblogs comme ça. Tu le reconnais d’ailleurs toi-même dans l’article, avant d’en rajouter une méchante couche dans une vindicte surréaliste de prétention : « La femme-enfant c’est le pire coup du monde parce qu’on ne peut pas bien copuler sans bien assumer. Et à cinq ans d’âge mental revendiqué, c’est compliqué d’assumer le sexe. »

Le problème est pas tant que tu l’écrives, mais que des gens le lisent. On va pas se le cacher : des milliers – des millions ? – de lecteurs découvrent le sexe à travers ton regard, et repartent quine en berne avec de sales idées dans leur caboche innocente. Sexactu c’était tant mieux pour eux, aujourd’hui c’est tant pis. S’il y a un truc que j’ai retenu des mes années passées sur Sexactu, c’est qu’il n’y a rien de plus teubé que le moralisme sexuel, et tu es tombée en plein dedans, à faire le jeu des méchants censeurs (hop, je vais relire Marcella Iacub pour me laver les yeux). Je suis colère, je suis dépit. J’ai l’impression d’avoir perdu une soeur, tristement remplacée par une mère fouettarde.

Sexactu, après la lecture (allégorie)

J’aurais pu te citer mille autres exemples, mais je suis resté bloqué sur les deux-trois les plus nauséeux de ces dernières semaines. Maïa Mazaurette, je te le dis avec tendresse : il faut partir, maintenant. Sexactu, c’était sympa quand tu étais la seule sur ce créneau humour, geek & sexo : un peu de fraîcheur sur nos petits zizis à peine pubères. Mais voilà, dix ans de règne t’ont usée jusqu’à la moelle, et ça donne ce genre de bouillies indignes d’une personne qui fait autorité dans les mass-medias. D’ailleurs, tu viens de fêter tes 33 ans : coïncidence des failles temporelles, c’est précisément à cet âge que le petit Jésus a pris sa retraite, ça ne serait pas bête de suivre son exemple.

De toute façon, tu as une brillante carrière d’auteure à laquelle te consacrer à plein temps ; promis, j’achèterai tous tes bouquins. Alors maintenant, laisse notre sexo tranquille avec tes idées malsaines. S’il te plaît, en tant qu’ex-groupie : tais-toi, au moins pour moi. Et pour les millions de teenagers innocents qui passeront derrière moi.

Sache qu’ici il fait chaud, on s’amuse comme des fous à la rédac, et je pense malgré tout fort à toi.

Bisou, on reste amis quand même ? <3

Ton Jizzou.

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