Où se cachent les baboss ?
Vous connaissez ce genre d’individus. Souvenez-vous, au lycée, du gars avec le poster du Che dans sa chambre, de la fille avec un dread fétiche qui rêvait de quitter ses parents pour expérimenter la liberté sur la route après avoir lu Kerouac. Bien souvent, ils aspirent au voyage en Afrique ou en Inde, parce que, là-bas, les gens portent de vraies valeurs et ils ont toujours le sourire. Ça craint tellement de vivre dans une société capitaliste. Un baboss (la graphie n’est pas stable) équivaut donc à un bounty mis en surbrillance.
Le terme est dérivé de toubabou qui donna toubab et son verlan babtou. Seulement, le baboss a mauvaise presse. Il est décrit trop négativement. D’aucuns trouvent sa pensée formatée et son hygiène inspire le doute. Halte-là ! Jalousie que tout ceci. Si le baboss est dénigré, c’est parce qu’il chope. De sexe féminin ou masculin, le baboss intrigue par le mystère de son habillement bigarré, de ses colliers ou de sa guitare. Eh oui, en soirée quelle fille n’a pas craqué sur le gars qui jouait No Woman, No Cry en parlant de son expérience anthropologique chez les Berbères marocains ? Quel mec n’a pas eu envie de la nana qui gueulait sur le gaspillage dans les supermarchés et dont le débardeur délavé soulignait avantageusement le décolleté ?
Souvent le baboss est beau, la baboss est belle sans fards, nature et proche de ses émotions. Les qualités parfaites pour un partenaire sexuel de choix. On l’espère sauvage, mais également tendre, bref c’est un fantasme. Pourquoi ne le retrouve-t-on pas dans le porn ? Où se cache-t-il ?
Dans la liste affolante de tags, le alt porn satisfait presque tout le monde. Les punks trouvent leur bonheur, les rockers aussi, les hipsters, les gothiques et autres emos tout autant ; rien sur les baboss. Une injustice flagrante. La babossitude succédant au mouvement hippie, les reconstitutions du look baba cool pourraient induire en erreur le fappeur. Il n’en est rien. Les hippies façon 1970 ne sont pas les baboss du troisième millénaire. L’apparence et les idées diffèrent subtilement.
En 2005, l’aventure Fuck for Forest palliait les désirs des amoureux du genre. Le site Web proposait du porno avec des dreadlocks, du poil et assurait de reverser les bénéfices à des projets humanitaires. Les médias traditionnels avaient relayé l’information cocasse. Cependant, vous deviez vous accrocher pour terminer votre affaire, le sex-appeal des modèles n’enthousiasmait que peu d’amateurs. De rares plateformes, sans réelle visibilité, misaient aussi sur le hippie. Mais, à dire vrai, ils comblaient la niche #hairy plus qu’autre chose. Depuis, le porn business n’a rien offert. Alors, vers qui se tourner pour fapper roots (mais pas trop) ?
Vers nos chers amis Mischa et Yan. Deux vrais baboss, vous allez les aimer. Cet adorable couple vient de République tchèque, la terre promise du porno (ravagée par Woodman et Rocco, mais l’espoir demeure). Misha, la fille, ne se maquille pas, sa couleur de cheveux ne doit rien aux laboratoires Schwarzkopf et ses yeux sont bleus. Yan, le mec, a le bouc en jachère, la queue de cheval courte, le corps fin et musclé. De jeunes gens dans la fleur de l’âge qui partagent leurs voyages et surtout leurs baises à travers le monde. Ici, un petit coup sur une plage déserte en Thaïlande. Là, une pipe dans une cabine de téléphérique au ski. Et aussi une faciale dans un bus sur l’autoroute. Du tag #exhib en veux-tu, ben tu en as. Du tag #authenticité à la pelle.
Les loustics gardent une fraicheur rare tout au long de leur aventure. Mais l’histoire commença autrement. Avant Yan, Voyta profitait des faveurs de Misha. Ce garçon au prénom étrange fut son premier amour. Lorsqu’elle eut 18 ans, ils décidèrent de se mettre en accord avec leurs désirs et de dévoiler leur quotidien sur watchusfuck.com. L’intitulé parle de lui-même. Nous étions en 2003.
Le temps gâte même les meilleurs fruits et l’idylle s’achève au début 2006. Une bien triste manière d’amorcer l’année. Misha écrit, sur le blog, ses sentiments, sa douleur, ses remords. Elle conte les tentatives de réconciliation et le sexe après rupture. En voici un extrait : « nous avons dîné d’une très bonne salade au saumon. Voyta est un excellent cuisinier. Après, nous sommes allés acheter du lubrifiant et du poppers, mais nous n’avons pu en trouver. » Rassurez-vous, ils pratiqueront tout de même la sodomie.
La récente célibataire continue à mettre en ligne des solos et à partager sa vie, ses rencontres, ses espoirs. En décembre 2007, Misha présente son nouvel amoureux : le beau Yan. Désormais, équipés des dernières technologies, ils produisent leurs vidéos en HD. APN dernier cri, caméra GoPro sur le front, ça fornique à bride abattue. Le couple voyage beaucoup et, sans aller aussi loin que ces fêlés du Japorn, il n’hésite pas à nouer le contact avec la population locale, ravie, sans aucun doute, de figurer sur un site pornographique.
Misha et Yan existent pour fournir du contenu au tag #baboss. Un tag qui a de l’avenir, parce qu’on peut gagner de l’argent grâce au porno et avoir des valeurs humanistes. Vive l’économie sociale et solidaire.
What else ?
In the time of chimpanzees I was a monkey.
babos ça viendrait pas plutôt de baba cool non?
oui, sinon ca equivaut a dire que Kool Shen est un babos y risque de pas aimer…
https://www.youtube.com/watch?v=r2Z0zCU9CwE