Loue amour contre pipe
« Il y a des moments de vérité dans une vie » : bis repetita. Il y a ceux qui se conjuguent au passé, quand la fille qui te fait face ressemble « à toutes celles qui ont peuplé ta vie, tes nuits, tes rêves parfois ». Et plus rarement encore, il y a ceux qui se conjuguent au futur – ou peut-être au conditionnel, selon le karma qui nourrit ta timeline.
Ces moments arrivent souvent sans crier gare. Le mien est tombé hier soir, au détour d’une fenêtre semblable à toutes les autres. Pas même un tir de sommation pour annoncer cette minute quarante-neuf secondes qui dézingua tout sur son passage. Seule compte désormais cette fillette qui me toise du regard à travers l’écran, tantôt mutine, tantôt badine.
Elle semble tellement belle ! qu’on l’imagine ukrainienne. Stalking effectué, il paraît même qu’elle l’est : Ivana Sugar, c’est son petit nom de scène. Mais je n’aime pas Ivana : trop belle pour moi. Je n’aime que cette « Blonde cock sucker » qui « plays with cum » comme seul Jésus pourrait le faire – paix à son âme.
Son sourire empli de sperme a suffi à rayer mon passé de la carte. Celles qui ont peuplé ma vie / mes nuits / mes rêves ont rapidement flairé l’orage : elles ont fui mon cerveau sans demander leur reste, et ne viendront plus jamais me fourrer l’inconscient. Il n’y a que toi + moi, et toutes celles qui me veulent peuvent crever en silence.
Ceci n’est pas une pipe : ceci est LA pipe. La pipe d’une salope, endimanchée dans ses cheveux sales, qui saute sur la bite sans passer par la case Départ. Elle me ferait presque sentir minable, avec sa bouche prête à me demander l’hallu. Le pire ? c’est que je lui offrirais.
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