Clips4Sale, au paradis des fétichistes
Il existe un territoire indépendant dans les plaines étendues du porn en ligne, un pays où le temps s’est arrêté circa 2003. Bien loin d’être dépeuplé, il accueille en son sein un million de visiteurs uniques par jour. Antithèse des tubes par son business model payant, c’est un lieu où le Marquis de Sade a élu domicile et coule des jours paisibles étonné par l’imagination flamboyante de ses contemporains. Ce site c’est Clips4Sale, la Mecque de la règle 34.
Dans le porn tout se monnaye
C’est un voyage étonnant qu’on vous propose, à cheval entre le passé et le futur où des individus ont poussé le concept de tag parfait et de niche jusqu’à son paroxysme ; où les esthètes du fétichisme se rejoignent dans des alcôves du web encadrées par les règles du site (pas d’uro, de sang, de scato, de nécro, de pédo, de drogues…).
Clips4Sale qui fête cette année ses dix ans d’existence (et un AVN Awards 2012 du meilleur site alternatif), est la plus grosse plate-forme de vidéos fétichistes au monde où les producteurs – professionnels mais surtout amateurs – proposent de vendre directement aux consommateurs leurs clips (de deux minutes à une heure) dans des petits studios regroupés par sous-catégories. « La plupart des studios sont des amateurs qui bossent depuis chez eux, seulement une petite partie sont des professionnels. On s’adresse aux fétichistes mais nous avons également du contenu mainstream, avec plus de 150 catégories à ce jour », nous explique Neil, à la tête de cette gigantesque supérette porno.
La principale révolution du porno sur internet a été son virage vers l’amateurisme à la fin des années 90s, qui a supplanté dans le coeur d’une bonne partie des fappeurs les productions mainstream devenues trop lisses ou trop convenues. Ce fut l’avènement d’un porno maison ou semi-pro qui tendait enfin au réel, qu’on pouvait presque toucher. En parallèle s’est également développé un porno fétichiste ultra niché afin de satisfaire des demandes toujours plus exigeantes.
Quand un porno répond avec précision à une attente ou un fantasme, on se l’approprie, on le vit par procuration, il comble ainsi ce besoin de projection qui est le moteur de l’excitation. C’est pourquoi les sexcams et les sextapes marchent autant et font la joie des jouisseurs et de l’industrie du X. Les gars derrière Clips4Sale ont bien compris ces deux principes et ont donné la possibilité à tous les amateurs et fétichistes du monde de pouvoir se rencontrer dans un même endroit et ainsi échanger contre quelques dollars fantasmes et productions.
Avec un design austère et peu engageant, C4S n’a quasiment pas évolué depuis dix ans mais engrange un flot d’un millier de clips par jour : « Nous voulions que le design soit simple et efficace pour ne pas emmerder les visiteurs avec des pop ups de partout avec des filles à poil comme le font les autres sites. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Parfois on change des petits trucs à gauche à droite quand les clients nous font des remarques, mais pas tellement plus ». Un succès similaire à Reddit, 4chan, Craiglist ou Leboncoin chez nous, du web d’avant qui ne s’embête pas de coquetteries esthétiques.
Connecté à plus de 50 000 studios à travers le monde, Clips4Sale peut se targuer d’être la source la plus incroyable et diversifiée de porn (payant) sur internet, avec des tags tellement précis et improbables qu’ils repoussent les frontières de l’imagination. Il se dégage du site cette impression folle d’être face à une montagne de possibilités, de parcourir une jungle touffue et compacte et d’y croiser des milliers de petites tribus.
Du chiffre d’affaire généré par ce quasar de l’internet, on ne saura rien, mais avec une audience aussi massive et surtout un business model au pay per view, entre 1 et 2 dollars la minute, dont 40 % reviennent au site et avec autant de clients, on peut être certains que la somme engendrée par le site par an est colossale (et on imagine aisément une infrastructure pour le moins conséquente).
Quand on lui demande si son gros bébé est l’avenir du porn et la solution à la crise que traverse ce secteur, Neil répond à côté pour mieux nous expliquer que son entreprise n’a pas fini de se développer dans le bon sens :« nous allons bientôt rentrer dans le “cam game” parce qu’il y a un énorme vide à combler dans le fétichisme et on a des bonnes filles capables de faire les shows qui correspondent exactement aux attentes des consommateurs ». En gros, ce qu’ils ont déjà réussi dans le porn de niche, ils comptent bien l’appliquer au juteux secteur de la sexcam, de beaux jours en perspective.
Plongée dans les entrailles de la bête
Ce site, j’ai dû le croiser plusieurs fois sans jamais vraiment oser franchir la porte, l’interface peu accueillante pour un bleu-bite avait dû transformer mon gland en schtroumpf grincheux. C’est en enquêtant sur Natasha, cette mère incestueuse qui surfait sur les frontières de la légalité et en tombant sur son studio sur Clips4Sale (qui a dû changer de ligne éditoriale entre temps, faut croire qu’on ne peut pas faire n’importe quoi avec des pantins d’enfant dans le porn : « No Underage Material Real or Simulated (ex., sex with dolls) ») que je suis vraiment entré dans les entrailles de la bête.
Ce site – même si on décide de ne pas y lâcher un kopeck – est la caverne d’Ali Baba des fantaisies humaines. Au début, on ne panne pas grand chose à l’organisation du site, puis on se met à tester au hasard une catégorie, puis des tag ultra précis, puis on plonge dans la folie. On nage entre des tags incroyables, des fétichismes insoupçonnés, des vidéos dont on ne connaîtra qu’un gif rapide et une preview ultra-courte dans des sous-catégories qui vrillent le cerveau. Impossible d’énumérer tous les fantasmes disponibles sur Clips4Sale, il faudrait plusieurs vies pour les parcourir.
Une femme vampire qui joue avec sa langue, une sucette et d’autres parties de son corps pour un dollar la minute, somme qui se double si on décide de lui acheter son petit vice : gober des bébés poisson rouge. Le tag “Swimming” qui regroupe des gens… qui nagent. La très solitaire catégorie “Shopping” qui se contente de suivre des filles qui font les courses, tout comme celle consacrée aux fétichistes des cheveux (une visite chez les coiffeurs qui vous coûtera cher sans même entr’apercevoir un bout de sein). L’incroyable et admirable tag “Giantess”, du POV au grand angle censé donner l’illusion d’être lilliputien (qui a également sa version avec effets spéciaux, du genre “Chérie j’ai rétréci tonton le podophile”). Des amateurs de pets et de bave à la pelle, des gens qui se mettent des doigts dans le nez ou qui respirent leur lèvre supérieure, tout un tas d’objets incongrus dans tous les orifices, les fascinés des ballons gonflables, les fanatiques du nombril…
Mais le délire ne s’arrête pas là, du Stomach Growling, du Finger Nail Polishing pour les fans de blogueuses modes et autres fasionistas, des plans masques à gaz, l’incompréhensible catégorie Silent Movies, de tout, de tout, de tout, on a suffisamment de matière pour continuer Le Tag Parfait jusqu’à l’extinction de l’humanité. Pour sortir la tête de l’eau, les catégories les plus visitées restent tout de même moins pointues (quoique…) d’après Neil : Bondage, Foot Fetish, Tickling, FemDom, Milf, et Handjobs.
Le porn à la demande
La puissance du site ne s’arrête pas à son menu déroulant à l’infini de tags traduits dans toutes les langues mais aussi vers quoi l’industrie tend (et doit tendre) : le porn à la demande.
C’est l’axe de développement du business de la sexcam comme Guest1934 vous l’expliquait dans ses Chroniques de la Cam, le gimmick qui va rendre la fille irremplaçable et unique. Afin de développer leurs studios, les filles qui ont le plus de succès proposent de répondre en vidéo aux demandes de leur fans, les fameuses “requests”. Il suffit de leur envoyer un mini-scénario ou une demande particulière et elles s’exécutent. C’est le cas de “Lory” C4S-girl parmi tant d’autres qui, pour la coquette somme de 18,99 $, se met un seau sur la tête dans sa salle de bain ou répond à cette request assez pointue dont on vous laissera juge de l’odeur pédo-lol qui en émane :
“J’ai une autre demande, en espérant que vous allez pouvoir y répondre… Ça serait d’être une vilaine mère et d’aspirer le repas de l’assiette de votre fils : du poisson pané, des frites et des petits pois (le tout bien présenté)… Vous pourriez l’appeler pour dîner et comme il ne viendrait pas, lui dire : “ok je sais qui va tout manger, c’est l’aspirateur !” puis aspirer l’assiette, ça pourrait être super maîtresse 🙂 vous êtes géniale”
Ce brave homme lâchera sans ronchonner ses 18,99 $, soit 11,4 $ au minimum pour elle d’assuré (bien plus si sa request excite d’autres fanatiques). Un porn à la demande, tellement ciblé que le porn mainstream ne pourra jamais l’atteindre. La réalisation de mini-scénarios via des clips téléchargeables ou par sexcams est l’avenir de la masturbation en ligne. Est-ce que je vous ai raconté les petits scénarios que j’envoie à ma C4S-girl-like ? Plus ou moins, ici, je peux vous garantir que ce sont les meilleurs porn que je connaisse.
Lory possède plus de 400 clips à ce jour, on imagine qu’elle arrondit gentiment ses fins de mois en proposant aux hommes et femmes de la Terre d’assouvir leurs fantasmes les plus fous, tant mieux pour eux, pour elle, pour tout le monde.
Le futur s’écrit dans la niche
Pendant que l’industrie du porn cherche des solutions en tournant en rond, Clips4Sale a compris une chose assez simple : ce qu’on ne peut pas trouver gratuitement, on l’achète. Les fappeurs allant toujours plus loin dans la recherche de leur tag parfait, ils sont prêts à lâcher quelques dollars pour avoir accès à un porno unique, introuvable ailleurs, malgré l’effort des agrégateurs de contenu comme TubeGalore ou TubeKitty pour regrouper le maximum de tags imaginables.
Tous les jours sur Clips4sale des hommes et des femmes échangent leurs fantasmes, achètent et vendent leurs mini-productions. A travers cet énorme marché fétichiste, ce Bon Coin du porn, c’est l’avenir du porno en ligne qui transparaît : pointu, personnel, unique.
E.P.I.C
J’ai toujours été convaincu que le Live était une alternative viable pour parer au (presque) tout gratuit du web. Et ce pour tous les domaines (poke Hadopi).
Par contre, je ne sais pas si les studios peuvent y trouver leur compte. Imaginons un genre de crowdfunding du porn où les fappeurs paieraient pour leur propre scénar, réalisés par des pros. Dans le concret, j’imagine qu’il n’y aurait qu’un film par mois, celui ayant récolté le plus de votes/fonds ?
Ils auraient aussi un droit de regard sur les acteurs et tout (pour pas que ça retombe dans les prods surfaites actuelles)…
Combien seraient-ils prêts à payer ?
Est-ce que ça marcherait ?
Est-ce que c’est pas plus profond et que ce qu’ils aiment c’est surtout de savoir que ce sont de « vrais gens » ?
L’intérêt de Clips4Sale c’est de pouvoir répondre à des fantasmes ultra-précis, pas sûr que ça marche pour un plus grand nombre. Mais oui le côté « vrai gens » est clairement une tendance lourde du porn depuis des années et des années.
Bonjour, je fais actuellement des vidéos amateurs fétiches, et j’aimerais avoir des informations sur comment puis-je vendre mes vidéos sur C4S car je ne suis pas un producteur ou vendeur agrée. Pourriez-vous si vous en savez un peu plus que moi, me donner des informations. merci d’avance.