20 ans d’écart : le teen, la MILF et le printemps
Dimanche cinéma. J’ai fait fumer ma carte UGC illimité. D’abord Spring Breakers d’Harmony Korine, son porte-flingue et ses teens en poom poom short : oublié l’horizon gris et rectiligne d’un Paris boudeur. Puis 20 ans d’écart de David Moreau, une comédie romantique française réussie. Si, dans les deux cas, il est question de printemps, le premier aguiche le porn sans détour, jouant avec son imagerie, quand le second marivaude, enchaînant les clins d’œil subtils… Contre toute attente, je laisse James Franco et les bikinis au placard, ils sont meugnons, mais ne durent qu’une saison. Je choisis Pierre Niney, Virginie Efira et l’amour éternel. C’est ma sensibilité qui s’exprime.
Au Tag Parfait, on combat farouchement l’unilatéralité. David Moreau se place ainsi en pôle position sur la grille de mes super-héros. Co-scénariste et co-réalisateur de Ils et The Eye, il délaisse ici le genre de l’horreur pour la romance et l’humour, mais continue de parler des « autres », fantômes et donneurs de leçons qui voudraient nous pourrir la vie.
À 38 ans, Alice est une MILF ambitieuse en passe de devenir rédac’ chef de Rebelle, une parodie convaincante du Vogue d’Anna Wintour. Elle est néanmoins trop coincée pour ce fourbi de prescripteurs de tendances où l’hypersexualisation va de pair avec l’esprit de compétition et les fausses extravagances. C’est pourquoi elle voit dans la rencontre du romanesque et maladroit Balthazar, 20 ans, l’éventuelle clé du succès. Elle lui plaît et décide d’en profiter. Elle s’en sert alors comme d’un escort boy, s’essaie aux décolletés outrageux et à l’argot des « djeuns » [maîtrisant tout juste le swag des 90’s] : elle se fabrique un avatar. En se moquant gentiment de ces vieux qui veulent « faire jeunes », David Moreau métaphorise malgré lui un septième art qui imite trop souvent ce qu’il ne connaît pas et ne veut pas connaître. Lui fait l’inverse.
Au-delà de la trame amoureuse et des punchlines affriolantes, se déploie un hommage mesuré et omniprésent aux codes de l’Internet et de la pornographie. D’abord, il y a la figure de la « cougar », tag de départ et fil rouge d’une histoire marrante qui, évitant l’écueil du discours de politicard, nous interroge sur le couple et la femme d’aujourd’hui. La femme 2.0, « l’Alice 2.0 », concept qu’invente son collègue et unique ami, Simon, et que l’héroïne explore par arrivisme puis par conviction, n’hésitant pas à proposer un sujet autour de la femme Youporn idéale [que l’homme poursuit sans relâche sur les tubes] lors d’un comité de rédaction jubilatoire.
[youtuber youtube=’https://www.youtube.com/watch?v=4ka2ntGoeYE’]Ce que dit aussi 20 ans d’écart, c’est que si sur Internet la MILF et la cougar sont des fantasmes tombés dans les lieux communs, IRL, on ne tolère ou comprend pas toujours que des femmes « âgées » sortent avec des hommes plus jeunes, même dans les milieux aisés et « ouverts ». D’ailleurs, si le DILF est un néologisme qui regroupe les daddies les plus téméraires dans les arcanes du web, il n’a pas encore investi le langage courant. La cougar reste quant à elle orpheline.
L’ex-mari d’Alice s’est remis en couple avec une jeunette et le père de Balthazar, un vieux beau macho [génial Charles Berling] qui aime parler de cul et anime une émission automobile où la femme dénudée devient l’accessoire au même titre que le couvre-volant, couche avec une ancienne camarade de classe de son fils. L’un et l’autre rient de la relation d’Alice et Balthazar sans jamais la rapprocher des leurs. « Ce n’est pas pareil. » Ils incarnent les contradictions de notre société. Les conventions sociales surannées vs la modernité.
Nos protagonistes badinent à l’ère des nouvelles technologies, de la maquette de magazine présentée sur écran tactile, des sextos missiles, du smartphone que l’ado dégaine comme un Beretta 92 et utilise à l’instar des pimbêches de la série Gossip Girls. Ils sont ordinaires et pourtant acteurs, filmés et photographiés à leur insu, dans une rue ou une soirée en mode pince-fesses, et balancés sur Twitter. Liaison dangereuse. Liaison entre deux époques. Celle de Virginie Efira qui a grandi au rythme de Quand Harry rencontre Sally et Pretty woman, et celle de Pierre Niney, version parlante et 3D de Louis Garrel, enfant du cinéma X et de la génération Y à qui j’aurais bien demandé « C’est quoi ton porn ? », mais que ses attachées de presse ont voulu protéger du grand méchant « nous », prétextant un planning bouclé.
Je ne suis pas plus rageuse que 20 ans d’écart n’est pamphlétaire. HPG, l’ex acteur porno qui endosse le rôle d’un artiste contemporain narcissique, Virginie Efira la girl next door qui se reconvertit en femme fatale façon Rita Hayworth et Pierre Niney alias Balthazar qui invoque Jean-Luc Mélenchon pour se retenir de jouir sont autant d’indices qui nous rappellent que l’autodérision est la règle absolue.
J’ai pas grand chose d’intelligent à ajouter mais j’avais besoin d’une tribune pour crier tout l’amour que j’éprouve pour Virginie Effira après être allé voir ce film. Elle a reussi là où toutes les actrices porno avaient échoué, elle m’a réconcilié avec la Milfitude. Virginie, je t’aime.
L’extrait est assez plaisant (pour une fois qu’on accorde à YouPorn un intérêt qui dépasse la simple blague vaseuse), même si la fin vire à une généralisation un petit peu trop castratrice au goût de mes roupettes. Je ne suis pas sûr d’avoir saisi la référence à HPG et l’art contemporain Lula, à quoi fais-tu allusion ?
Je fais référence à une scène géniale du film dans laquelle HPG joue le rôle d’un artiste contemporain imbuvable et autocentré.
Bon, je chipote hein mais Virginie Efira n’a pas encore d’enfant donc on ne peut la qualifier de MILF et à 35 ans, je ne crois pas non plus que le terme Cougar soit approprié. N’y a-t-il pas un Tag générique pour les trentenaires sans enfant ?
Sinon, ça m’a donné envie d’aller voir le film 😀
Et ouais, trop excitante Virginie Efira.
Salut,
Ouais c’est trop long et y a pas assez d’images de cul.
Cordialement,
François Milgioni
2000 ans d’écart , ce n’est plus une relation Teen Milf… n’est-ce pas…
Vous dîtes que pour l’instant les femmes dîtes « cougars » ont le vent en poupe sur la toile mais qu’irl ce profil est toujours difficile à assumer pour une femme… je trouve ça vrai mais bien dommage. Maintenant il ne fait aucun doute que les mentalités changent de plus en plus et qu’une femme n’aura bientôt plus aucun mal à se montrer en public avec un homme plus jeune, à l’image des sugar daddies 🙂
Vous êtes gérant de sexshop ou « une femme mure » ? Cette petite schizophrénie dans les commentaires est assez troublante, n’est-ce pas ?