Masturbation : les yeux dans les yeux
La vie est faite de cycles qui se répètent à l’infini et on court éperdument sur notre piste d’athlétisme jusqu’à mourir de fatigue. On ne change pas, on ne bouge pas, on s’épuise à croire le contraire. Mes premiers faps les plus sincères ont été dédiés à ces filles seules qui me laissaient croire que je pouvais peut-être les toucher à travers l’écran, le porno ne m’a ainsi pas marqué par ses pénés ; la gorge serrée je l’avais pour des choses simples : une culotte qui se mouille, des doigts qui fouillent, des yeux qui se plissent — l’impact du réel.
Pourtant, à en croire l’historique de ma vie sexuelle par procuration, je me suis bien plus souvent fini sur le money shot d’un type, que sur le regard perdu d’une fille. Calquer son mouvement sur l’image de la teub d’un autre qui d’une main s’agite et de l’autre maintient la tête de sa cible est plus efficace, plus égoïste, plus pratique (et hétéro-flexible aussi). J’ai tendance à croire qu’un orgasme non synchronisé est gâché, réflexe conditionné ou respect de l’apex, j’en ai au final un rien à secouer car après avoir joui, je préfère pioncer.
Le porn a pourtant plus de saveur quand il tend au réel que quand il part dans des histoires insensées de plombiers, de ramoneurs et d’équipe de foot américaine, qui se finissent invariablement quine à la main, à se secouer frénétiquement vers une bouche qui attend. Si on aime tant se caler sur ce fameux final countdown, pourquoi le faire systématiquement sur des types qui ne nous ressemblent pas ? Sur des bites qui ne sont pas les nôtres ? Jouir avec une fille, voilà la belle aventure du porno, de l’amour partagé par écrans interposés.
Masturbation, le mot est lancé
Fin 90s, un dossier, quelques scènes, beaucoup de masturbation. Percer le secret de la femme à travers l’écran et ses gros plans, accompagné d’une dose non négligeable de weed pour en augmenter l’effet. Scruter le moindre mouvement, le moindre détail, la moindre faille pour découvrir la réalité de l’orgasme. Anatomie, analyse, cours de SVT à la maison, ces doigts je pouvais les sentir ; la barrière était mentale et je m’efforçais de ne pas péter le tube cathodique qui séparait la frustration de la réalité. Ces filles, je les connaissais par coeur, celle avec ses gros boobs et sa dentelle rouge horrible, cette fameuse Beth dans son lit à qui je dois la passion du bon fappeur, cette japonaise à la cyprine étincelante et cette sextape filmée dans une chambre à la lumière baissée. Pas de fioriture, juste du voyeurisme jusqu’à l’orgasme avec Internet comme énorme trou de serrure vers toutes les portes des filles qui se donnent du plaisir seules.
Début 10s, un dossier, quelques scènes, beaucoup de masturbation. Retrouver l’essence de l’excitation à travers l’écran, accompagné d’une dose non négligeable de frustration. Scruter le moindre mouvement, la moindre faille pour déceler la réalité de l’orgasme que j’accompagne d’une explosion dans un Tenga au simili-vagin si serré que la justice m’empêche d’en faire une comparaison judicieuse. Les sextapes débarquent violemment dans mon ordi, le tag masturbation écrase les autres.
Quinze ans se sont écoulées et ce tag est toujours aussi authentique, je suis juste passé d’inconnues à des connaissances pour finalement retomber dans du solo d’inconnus, pour sentir le réel dans ma petite alchimie du soir à cinq doigts. 2013, retour aux sources du fap, du solo masturbation, tag indestructible, tag en béton armé, tag d’amour pour jouir les yeux dans les yeux. Qu’internet bénisse le nouveau business de la sexcam et ces milliers de femmes dont nous sommes les amants d’un soir, à ces types qui enregistrent ces flux, à celles qui offrent au public leur intimité, à ce renouvellement permanent qui permet de graver dans le marbre du web : le porno est éternel.
Mise en abyme
Les tubes se remplissent chaque jour un peu plus de vidéos de masturbation, beaucoup de rips de sexcams, assez peu de porn pro (peu intéressant pour cette industrie pragmatique) et toujours cette non-organisation qui fait ressembler ces sites à la caverne d’Ali Baba éparpillée dans une décharge, ou un vieux disquaires aux bac de vinyles un peu sales. La recherche du tag parfait ressemble finalement à celle des crate diggers, sauf qu’à la fin on évite d’en faire de la merde comme C2C.
Que trouve-t-on derrière la masturbation, ce tag ancestral ? De tout évidemment, de l’art et du cochon, des vidéos chiantes, des cams interminables mais aussi du Graal et dans cette recherche avide de perfection, ce tag apparaît comme une poupée russe, un univers coincé dans un autre, un référentiel différent mais toujours avec le même principe, la quête infinie et utopique vers la perfection, vers le regard qui transformera la glace en sperme, le mouvement parfait, le sextoy explorateur qui vous fera devenir l’homme-gode d’une nouvelle de Bukowski.
Pas facile de tomber sur la bonne vidéo tant il est important de se sentir concerné par la situation et ne pas être le énième spectateur d’une masturbation poussive. A ce petit jeu les sextapes privées marquent donc un point non négligeable, on s’excite déjà sur un instagram de boobs alors la version vidéo de doigts qui travaillent jusqu’à la grande explosion vaut tous les porns du monde. Retrouver pareille tension dans un porn lambda avec lequel on n’a aucun lien est très compliqué ; même avec un diplôme d’explorateur des internets.
Les fappeurs romantiques
Tapez uniquement masturbation et vous ne trouverez quasiment rien de bon tant c’est mal rangé, sauf par chance en passant par le flux brut des tubes (les dernières entrées). Il faut donc être précis, enchaîner les tags avec précision. Vous trouverez donc de l’anal pour les braves, du squirting pour les curieux, shemale selfshot pour les aventureux, fisting, self squirt (qui cache souvent un tag uro), tout un tas de trucs avec des objets de toutes les tailles, des panties, des wet panties, de la lingerie de partout, des doigts, des cum instructions d’amour, ces sous-genres qui font la richesse du porn moderne.
C’est alors l’ode à la masturbation, à ces yeux qui atteignent la limite, au squirt, aux mains dans la culotte, au multi-fap. Cet amour qui t’éclate la tronche quand t’as rien demandé et te rend amoureux comme à la première fois, quand t’étais jeune et seul et qu’il t’en fallait peu. Le porno est-il plus violent qu’il ne l’était hier ? Faux. On n’est pas des animaux, on veut juste retrouver l’essence de l’excitation, si certains se perdent à tord ou à raison dans les tartes dans la gueule et les écarteurs dans le rectum, pourquoi pas. Et les autres ? La masse incroyable de gens qui ne cherchent pas plus qu’un regard, une fragilité et la sincérité dans le porn, on va leur reprocher quoi, d’avoir des fantasmes de merde ? On aime le porn, entièrement, pour ce qu’il est, et le tag de ce soir sera du solo masturbation, du ifeelmyself ou de la webcam à l’arrache, pour finir yeux dans les yeux, et échanger nos fluides à distance.
Dieu Que j’aime cette PLUME ! Merci. Et encore !
Très belle article, surtout la fin ! Ce tag a également longtemps était mon parfait jusqu’à que je trouve une partenaire qui prenne plaisir à se masturber à deux ou tout en étant regardée. Du coup, comme le fantasme a était réalisé en vrai, ce tag a moins d’importance à mes yeux. Et toi Gonzo as-tu réalisé le fantasme en vrai ?
C’est un de mes tags IRL préférés, attaché, à 20 cm de moi, sans rien pouvoir faire. lalalala
Tiens j’avais moi aussi commencé sur des #fingering avant de tomber sur la mine d’or de mes premiers émois, le #squirting. Tres bon article qui merite une nouvelle entrée « masturbation » au bon fappeur!
keep up the good work le tag !
Super article, et sympa de faire mention d’ifeelmyself. C’est un peu plan plan dans l’ensemble pour des habitués des tubes (pas fan de 90% de leurs vidéos très sombres) mais on sent les filles qui se font plaisir. Et on retrouve toute la variété des physiques de la terre, loin des standards du porno.
Un tag toujours dans mon top. Parmi les vidéos ifeelmyself, il y en a une en deux parties nommée Pulp que seule l’absence de son empêche d’être la seule vidéo qu’il me faut, mon vrai tag parfait.
6000 signes prétextes pour taper sur C2C, bien ouej.
(blague à part, très bon article, très bon tag)
pleasure time
Cet article me rappelle ça :
http://kafkaporn.tumblr.com/
oh chouette