Cakes Da Killa : « Les rappeurs gays, ça n’existe pas »
Cakes Da Killa saute dans cette rap-scène comme une verge dans le vagin de Sasha Grey. Une technique impeccable et un goût prononcé pour le porn et le lyrisme des tags : il n’en fallait pas plus pour lui offrir notre tribune orale.
Qui est Cakes Da Killa ?
Il est tout ce que je suis et jamais ce que je pourrai être. C’est moi, en quelques mots.
Tu parles régulièrement de tes expériences sexuelles dans tes textes, ce qui t’as d’ailleurs valu le qualificatif de “nymphomane” dans la presse. Le sexe est-il une source d’inspiration comme les autres ?
Le sexe peut être très inspirant s’il est bien fait. J’ai aussi réalisé qu’un manque de sexe, ou à l’inverse une dépravation totale, peut l’être encore plus. Le sexe n’est pas la seule chose qui m’inspire, cela dit. Et non, je ne suis pas nymphomane. Je ne comprends pas pourquoi le sexe homosexuel (ou le sexe en général) est encore un sujet si débattu.
J’ai l’impression que la scène des rappeurs gay/porn t’indiffère ? Est-ce que ça te fatigue qu’on te catalogue de la sorte ?
J’en ai marre d’être mis dans cette case. Je n’ai rien contre ces artistes qui ont les mêmes préférences sexuelles que moi, mais nous étiqueter de la sorte, c’est de la fainéantise journalistique. Je ne suis pas encore prêt à être mis dans une boîte. Je suis ni indifférent, ni blasé ; je pense juste que cette approche est naze.
Dans le même temps, tu te définis comme “rappeur gay” dans tes interviews… Pourquoi ce choix ?
Je suis un gay qui fait du rap. Les “rappeurs gays”, les “rappeurs blancs” ou les “rappeurs féminins”, ça n’existe pas. Le rap n’est qu’un hobby, voire une profession maintenant que je gagne de l’argent avec. Les gens prennent ça au premier degré. Est-ce qu’on parle de postiers gays ou de conducteurs de bus féminins ? Non. Le fait de parler de mes préférences sexuelles dans mes textes ne me définit en rien comme rappeur.
Comment est-ce que tu perçois l’évolution du hip-hop ?
Finalement, le rap dans les 90’s n’était peut-être pas à son “âge d’or”. Le rap est dans une période assez gênante et maladroite : typiquement, c’est la puberté. Mais bientôt, il prendra l’apparence d’un très bel homme. Ou peut-être que le rap est en pleine crise de la quarantaine… Ah ah, je ne sais pas trop.
Tu rappes sur des prods de juke et footwork, deux styles musicaux venus de Chicago, radicalement différents de ce qu’on trouve chez d’autres figures émergentes de la scène new-yorkaise. Comment expliques-tu cette diversité de styles ?
Mes influences viennent de tout un tas de genres musicaux, je ne me limite jamais. J’ai aussi mes propres goûts en dehors de la musique qui influencent énormément mes choix musicaux. Je fais de mon mieux pour coller au plus près de ma propre identité. Avec autant d’artistes traçant leurs propres chemins et offrant leurs propres visions dans leurs coins, il va falloir s’attendre à énormément de diversité.
Quelles sont tes influences en dehors de la musique ? Le sexe, forcément, mais quoi d’autre ?
Le cinéma, les livres à colorier, les animés, la vie, la colère, être gay et noir aux États-Unis.
Aujourd’hui, n’importe quel rappeur peut incorporer des éléments venus d’autres styles régionaux, par exemple un flow du sud mêlé à une esthétique plus new-yorkaise. Tu penses qu’Internet a eu son rôle à jouer dans cette hybridation des styles ?
Absolument ! Internet a toujours permis aux artistes d’avoir accès à tout un tas d’informations qui n’étaient pas accessibles auparavant, et c’est génial. Ce qui veut dire plus d’influences, plus de collaborations et surtout des artistes toujours plus inspirés. Mais tout ça vient avec son lot de compétition, moins de chances d’être remarqué et bien sûr davantage de prétendus artistes.
Est-ce que t’as l’intention de collaborer avec d’autres rappeurs de New York ou d’ailleurs ? Avec qui aimerais-tu le plus travailler, d’ailleurs ?
J’ai déjà collaboré avec quelques artistes comme Big Momma, RIPMC, Dai Burger, Bobby Lytes et Sony Cobain. Pour l’instant, je préfère me consacrer à me construire en tant qu’artiste donc plus de collaborations avant un moment, je ne veux pas trop m’éparpiller. Lorsque je serai vraiment au point, je rêve de pouvoir travailler avec Missy Elliot.
Il paraît, d’après les Internets, que tu es un grand fan de Lil Kim ; on reconnaît d’ailleurs son influence dans ton rap. Qu’est-ce que tu penses du morceau “Lady Marmelade” qui réunit Christina Aguilera, Lil Kim, Pink & Missy ? Si tu pouvais remplacer une des artistes pour être aux côtés de tes égéries, qui est-ce que tu squeezerais ?
“Lady Marmelade”, c’est un classique. Le clip est si mignon, et toutes mes divas préférées y sont ! Je ne voudrais remplacer personne.
Alors que tout le monde parle du “Harlem Shake”, tu dis dans un de tes textes : “smashing like a Harlem”. C’est une référence aux Harlem Globetrotters, ou une autre métaphore sexuelle ?
“Smashing”, ça veut dire baiser. La ligne complète est : “he tryna smash me like a Harlem jumpskeezy”. Ce qui désigne, en gros, une façon dégradante et peu flatteuse pour un mec de coucher avec moi. Il fallait que je contourne l’expression de façon humoristique.
On connaît tous les francs-maçons et les illuminatis, mais moins la “cuntspiracy” dont parle une de tes chansons… Est-ce un mouvement mondial ? Qui sont les têtes pensantes ?
Attendez encore un peu et vous verrez.
Tu penses qu’il existe aussi une “mussyspiracy” ? [mussy = a man’s pussy] ?
Ça sonne comme une MST…
D’ailleurs, est-ce qu’il y a un sens caché à cette teinte mauve sur la cover de “The Eulogy” ?
J’ai juste pensé que la couleur mauve ressortait bien derrière ce rose pâle des fleurs sur ma coiffe. Cette couleur est aussi associée avec la richesse et la royauté, deux thèmes récurrents dans le projet.
Est-ce que tu participes au “tumblr jeu” avec ton tumblr Mussy Mayhem? Est-ce que tu traînes sur ces tumblrs fétichistes qui regorgent de garçons en tops blancs ou de filles amputées ? D’ailleurs, tu as peut-être un plaisir coupable à partager ?
J’adore Tumblr, c’est rempli de tellement de bordel, c’est une vraie source d’inspiration ! Je peux me perdre sur ce site pendant des heures, vraiment. Généralement, je suis sur mon ordi et je fais littéralement défiler ma vie. Tumblr est aussi un vivier pour les faux “swaggers” sans talent qui pensent apporter une contribution intéressante à la société avec leurs fringues trendy. Pauvres âmes en perdition. J’ai vu ce Tumblr sur les amputés. J’ai tendance à tomber sur tout et n’importe quoi. Mon dernier plaisir coupable ? les prépuces.
Les prépuces ? Tu parles peut-être de ce tumblr ?
Non, non, je parlais juste des prépuces en général. Pas dans une optique fétichiste. Je n’ai pas de fétichismes, du moins, pas que je me souvienne… Mais j’ai quelques préférences, oui.
C’est quoi ton porn, finalement ?
J’aime tous types de porn. J’ai la sincère conviction que le porn peut être sublime lorsqu’il est bien fait.
Si tu devais te décrire en quelques tags ?
Je ne peux pas vraiment me décrire, mais ma vision du porn parfait serait : #uncut #rough #doublepenetration
Un dernier mot ?
Coucou l’Europe, je te verrais cet été !
Image en une : © Alana Yolande
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