Asexuel, c’est quoi ton porn ?
Asexuel, mais pas abstinent. Beaucoup des personnes qui se disent « A » ont en réalité une vie sexuelle, seul devant un ordinateur et même en couple. S’ils assument fantasmes et libido, c’est l’absence « de désir de l’autre » qu’ils revendiquent.
On imaginait les asexuels n’avoir aucune activité sexuelle, même pas devant un tube. Sur la planète asexuelle, les infirmières porteraient des vêtements sous leurs blouses, les rugbymen se contenteraient de se laver sous les douches des vestiaires, et le plombier réparerait la fuite.
Ou bien, que le trip des asexuels, c’était uniquement manger des choses très très sucrées, #foodporn divers et autres « tu veux faire du sexe ? Pourquoi ne pas manger une part de gâteau, plutôt ? ». Ou encore, que leur modèle de libido, c’était celle de Tintin.
On s’était à peu près planté. Asexuel, ce n’est pas chaste, ni vierge, ni pur, ni accompagné d’un chien appelé Milou. Le mouvement asexuel, né au début des années 2000 aux États-Unis revendique un manque de désir, mais pas une absence de pratique sexuelle, tout seul ou à plusieurs.
« Les personnes asexuelles ont une libido, d’autres pas du tout », résume Paul, 30 ans, co-fondateur du seul collectif français existant, l’Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA). « Ce n’est pas contradictoire. Le terme asexuel regroupe tous ceux qui ne ressentent pas d’attirance sexuelle. »
Sur Aven, le plus gros forum consacré à l’asexualité, seulement 31 % des membres disent n’avoir « jamais eu de relations sexuelles d’aucune sorte ».
« Je m’en fous un peu, mais j’aime bien »
Paul, lui, a des relations sexuelles avec sa copine, « de façon modérée, mais quand même ». Et fréquente les sites porno depuis une dizaine d’années. « Je m’en fous un peu, mais j’aime bien », pose-t-il. « Je trouve ça chouette ». Il admet « rarement » mater du porno gay, plus souvent du porno hétéro, « ou lesbien pour hétéro, tu vois ce que je veux dire » et un peu de trips soumission, « mais light ». Normal, quoi.
Enfin, non, pas normal. « Je ne ressens pas d’attirance sexuelle », reprend Paul. « Je peux trouver un corps beau ou élégant, mais il ne m’attire pas sexuellement. Je ne ressens pas à l’intérieur de moi le désir jouir de ce corps et avec ce corps. » Se branler, avoir du sexe, c’est pour soulager la libido mais aussi « faire plaisir à mes partenaires, me sentir normal, exprimer mon attention pour quelqu’un… »
Dans un post sur Aven, Shawn, un jeune Québécois, développe : « Le fantasme n’a rien d’incompatible avec l’asexualité. Ce qu’il faut réaliser, c’est le confort qu’on aurait si le fantasme se concrétisait. Est-ce que tu fantasmes pour t’exciter seulement ? Ou bien souhaites-tu que se réalise ton fantasme ? Il m’arrive – quelquefois – de fantasmer, mais quand je me pose la question « est-ce que je veux être réellement avec cette personne ? », j’en arrive vite à la conclusion « Non, pas du tout ». Bref, vive l’asexualité et la masturbation régulière ! »
L’orgasme ? « Pas de quoi grimper aux rideaux »
Alors, en quoi consiste la revendication de l’Ava et d’Aven ? A l’images des mouvements gays, c’est de porter la parole des « A ». De les rendre visibles et fiers face à une société qui érigerait le désir en seule norme acceptable et la sexualité en grille de lecture du cool.
Sur un autre topic du forum d’Aven, Sandra fait son coming out : « En toute honnêteté, il m’est arrivé quelquefois d’atteindre l’orgasme […] et il n’y a vraiment pas de quoi grimper aux rideaux. Si c’est là le principal but d’une relation sexuelle, je n’arrive pas à comprendre pourquoi tant de simagrées pour si peu… Tous ces gens qui se disent super heureux de prendre leur pied me laissent perplexe. »
Paul, le fondateur d’Ava, résume : « La sexualité c’est véritablement un domaine qui est considéré comme d’une importance majeure dans notre société. Être sexuel, c’est être complet, fonctionnel, épanoui, un adulte. Au contraire, ne pas être sexuel, c’est avoir un problème, être bizarre ».
Aux États-Unis, le mouvement a déjà bien pris et les revendications LGBT s’élargissent peu à peu pour devenir LGBTQIA : complétées avec les mouvements queer, intersex et asexuel. En France, le terrain est lui aussi préparé, grâce à – hum – la diffusion en novembre 2012 d’un épisode de + Belle la vie où un personnage faisait, avec toute la sobriété de mise en scène qu’on connaît à cette exigeante série, l’aveu de son absence de désir. En tout cas une première asexualité-pride – en fait, une « journée de l’asexualité » – aura lieu le 26 avril.
Image en une : le drapeau « officiel » des asexuels
Ouais, ouais, c’est quand même bien marrant de dissocier masturbation et attirance sexuelle, postulat en forme de bac à sable mouvant. Même si on peut parler de « satisfaction uniquement d’un besoin physiologique », ils pensent à quoi pour soulager leur libido (qui reste un désir sexuel) si ce n’est à quelque-chose qui les excite/attire ? Cela reste, à mon humble avis, surtout une posture contre un message dominant, ce qui est déjà pas mal…
Ce que tu dis n’est pas faux, Alex, mais c’est toute la différence entre fantasmer sur une infirmière, et coucher avec une vraie infirmière, et c’est d’ailleurs ce que dit très bien l’intervenant : l’asexuel qui consomme du porno n’est attiré que par les productions de son esprit et ne s’intéresse qu’à la satisfaction immédiate de ses désirs ; il n’y a ni mouvement vers l’autre, ni recherche d’une réciprocité. Ce qui définit mieux l’asexuel n’est finalement pas un refus de la sexualité (il me semble qu’on peut être asexuel et avoir néanmoins une sexualité « épanouie », au sens du moins où l’on ne souffre d’aucun manque), mais le refus de partager cette sexualité. L’asexualité, me semble-t-il, est une sexualité fonctionnelle et étroitement intime : c’est-à-dire individuelle (néo-libérale ! diront nos amis économistes). Elle peut être hétéro, homo, etc… précisément parce qu’elle n’est pas la négation du désir, mais la volonté d’avoir du plaisir sans passer par la médiation de l’autre.
Dans notre milieu de grammairiens complexés, on aurait tendance à dire que pour l’asexuel, « coucher avec » devient strictement intransitif.
Bonjour,
Avez-vous déjà entendu parler de la dépendance au porno ou des conséquences néfastes sur la sexualité d’une consommation régulière ou excessive?
Je ne suis pas en train de dire que tout les asexuels qui consomment du porno le sont à cause de ce porno mais je suis persuadée que consommer alimente ce non-désir.
Consommer du porno c’est formater son cerveau pour qu’il finisse par ne plus répondre qu’à des stimulis pornographiques ou « cérébraux ». Il s’en suit à long terme, un désintérêt pour les relations réelles voir une totale impuissance.
Attention je ne par le pas ici au nom de la morale, je ne suis pas contre le porno, j’adhère à la theorie que sa consommation peut être dangereuse pour certaines personnes.
N’importe qui peut faire le test : regarder du porno pendant une heure et masturbez-vous de la façon la plus jouissive qui soit…face à votre partenaire, aurez-vous encore envie de faire l’amour? Non c’est certain.
Asexuel oui… vrai asexuel avec un conso de porno addictive, je n’y crois pas…
Si vous doutez, allez consulter le site pornodependance.com
La sale pub détournée, cramée à mille bornes.
Je voudrais illustrer mon propos par un commentaire sur une émission diffusée il y a qq mois et que j’espère vous avez vu.
Elle traitait des dérives de la pornographie en Asie. On y voyait toute une generation d’hommes jeunes qui chaque jour, à la sortie de leur bureau se rendaient dans des sex-shops, choisissaient un film et se masturbaient en cabine avant de rentrer à la maison. Ils faisaient aussi de petites emplettes dstinées à une sexualité solitaire (vagin masturbateur, cassettes, lubrifiant..).
Cette génération pour vous est-elle asexuelle naturellement ou est-elle devenue asexuelle à cause de la consommation habituelle de porno?
Moi personnellement, j’ai trouvé cela pathétique. Des couples qui vivent comme des colocataires : monsieur s’astique en sortant du boulot, madame n’a pas d’autre choix que de subir et le bonheur dans le partage est en train de disparaitre de leur vie…
A méditer…