Partir vendre ses sextoys en Chine
L’Asia Adult Expo a eu lieu du 29 au 31 août dernier à Hong Kong. Vous allez me dire que ça vous fait une belle jambe. Vous n’avez pas tort, mais il s’agissait d’un salon professionnel où les vendeurs de sex toys faisaient de l’œil, et un peu plus, à un marché chinois très prometteur.
Point de stars du porno agitant leurs fesses face au crépitement des flashs des téléphones portables et des tablettes tenus à bout de bras. L’ambiance est plutôt au serious business. C’est la première année que le salon se déroule dans le fameux parc des expositions de la baie de Hong Kong. Avant, Macao, seule, accueillait les professionnels du sex toy. Mais choisir Hong Kong, c’est faire montre de plus d’ambition. Tenir boutique dans l’ancien protectorat britannique ouvre grandes les portes d’un marché chinois qui – même si les entreprises ne ciblent que les 10 % les plus riches – représente tout de même 135 millions de personnes. Ça en fait du plug anal et du cockring.
Un journaliste du Time, le magazine américain, s’est fendu d’un reportage exotique sur l’Asia Adult Expo où les clichés vont bon train. Son article débute par une description étonnée du directeur général d’une marque de sex toy (Je Joue). Eh oui ! Le gars a l’air normal même s’il trimballe des œufs vibrants dans son attaché-case. Heureusement que la presse existe pour me rassurer, je pensais que les fabricants de godemichets avaient le regard fou, portait des Birkenstock, des chemises hawaïennes trop grandes et agressaient les gens dans la rue en éructant comme des possédés : « achète mon vibro, salope ! »
Ensuite, on comprend que la Chine est un danger pour le monde avec ses contrefaçons mal faites qui sèment la terreur dans les conseils d’administration. En une semaine, raconte le monsieur respectable de « Je Joue », des Chinois, ces vils personnages, vendaient des copies de son dernier joujou qu’il avait mis des années à produire. Sur le salon, il n’a pas à marcher longtemps pour constater que ses produits sont disponibles chez des concurrents locaux. Vraiment, la Chine, c’est trop des méchants, ils ne font que copier, je serais président du monde, je les mettrais au coin à genoux sur un réglet.
Cette image d’une production chinoise composée seulement de contrefaçons dangereuses me fait bondir chaque fois. Même le responsable de « Je Joue » l’avoue. Il s’en fiche des copies, lui, il cible les gars friqués, alors il positionne sa marque au prix fort, celui de la qualité. Les pauvres utiliseront les doigts, à l’ancienne. Puis le marché du jouet sexuel débute à peine là-bas. Il y a encore de la place !
Enfin, comme un signe de dédain ultime, le journaliste conclut avec l’exemple d’un créateur asiatique qui fait des vibromasseurs en forme de cornet de glace et des boites pour capotes en forme de burger. Sauf que l’artiste du sex toy est japonais.
Merci, cher Dan Kedmey de ne pas t’être intéressé aux exposants chinois et de perpétuer, comme un Jean-Pierre Pernaut en chapeau de cowboy et santiags, l’image d’une Chine hostile, sans innovation et sans talent.
Aucun commentaire. Laisser un commentaire