Villanova : « Tout ce qu’on joue respire le cul »
Dans notre quête du son sale et suintant, on s’est laissé dériver progressivement vers plus de noirceur. Dans les artistes qui correspondent à cet état d’esprit, oppressant et tendu, Adrien et Marc-Antoine de Villanova répondent à l’appel. Après leur premier EP Mothafunk remarqué l’année dernière chez Denote Records, ils reviennent avec Physique Bell, cette fois-ci chez My Favorite Robot. L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur le duo et leur vision de la musique.
Comment a été accueilli le dernier EP ? Il est plus cinématographique, plus complexe, moins évident…
Adrien et Marc-Antoine : Dans les feedbacks qu’on a reçu, il y a de supers DJs qui nous ont supportés. Seth Troxler a fait de One Night son morceau d’entrée dans ses derniers sets, ça fait extrêmement plaisir. Après au niveau des gens, je crois que c’est Physique Bell qui a le plus retenu l’attention, c’est le plus facile je pense.
Il y a eu pas mal de surprises parce que tout le monde s’attendait à ce qu’on balance un Take You numéro 2 sur Hot Creations le label de Jamie Jones. Ça fait longtemps que je suis un grand fan du label My Favorite Robot et on a réussi à rentrer chez eux par le biais de Tim Paris parce qu’on avait remixé un de ses morceaux. On leur a envoyé des originaux, ils ont accroché, et on était ravi que notre deuxième EP atterrisse chez eux. Ce n’est pas encore un label ultra-populaire en France bien qu’il ait déjà accueilli des talents hexagonaux ultra-doués (Remain, Chloé , Tomas More, Anthony Collins, Tim Paris…).
J’ai vu que vous étiez en train de tourner le clip de Physique Bell, c’est possible d’en savoir un peu plus ?
C’est deux jeunes qui s’appellent Alexandre et Timothée de chez A&T Films qui sont des grands fans de Villanova et qui m’ont proposé de tourner ça. Ils ont monté une équipe de vingt personnes avec du matériel complètement fou et tout ça plus ou moins bénévolement. Le sujet tourne autour de la violence animale, il y aura plein d’images de combats, de duels entre animaux et une jeune fille au centre. C’est assez visuel. On est très contents.
Quels sont vos projets après l’EP ?
On produit tout le temps, on a plein de morceaux qui sont prêts. Certains vont aller sur de gros labels. C’est pas encore sûr donc ça ne sert à rien d’en parler. S’ils sortent ce ne sera pas avant mi-2014. En attendant on se console avec des remixes. Nous avons remixé Agoria, Pete Herbert, Danton Eeprom, Adeline…que des morceaux à haute teneur sexuelle, ça devrait te plaire.
Vous avez fait cette interview pour le Bonbon… Vous parliez du fait qu’à Paris, on ne pouvait pas se faire de potes dans le milieu de la musique…
Ouais, c’est juste deux ou trois anecdotes mais on aurait pas dû en faire une vérité générale. Je suis sûr que si ces gens nous connaissaient on s’entendrait très bien, que ça irait au-delà de la musique. Cette année on a joué dans des endroits extraordinaires comme le Rex, Les Nuits Sonores ou le Space à Ibiza. On est devenu très proches d’Agoria. Il nous a aidé et on souhaite à beaucoup de jeunes d’artistes de tomber sur lui.
C’est des familles comme dans le milieu de la nuit à Paris ?
Ouais, un peu. C’est dommage, mais l’important il faut que ça reste vraiment la musique. Malgré tout ce que les gens peuvent dire : « Ils ont des bonnes gueules, ils se servent de leur look », tout ça… les mecs qui nous supportent jouent notre musique.
Les gens qui viennent écouter de la musique ne viennent pas pour la gueule des DJs.
C’est vrai que dans les premières lignes de nos concerts y’avait pas mal de nanas. Après ca sort pas non plus les briquets et y a personne à évacuer. Faut arrêter d’être hypocrite et ne pas admettre qu’on fait un métier où la séduction n’est pas quelque chose d’important. Et puis enfin des mecs comme Arnaud Rebotini ou Âme en ont rien à foutre de nos looks, ils s’arrêtent à notre musique et c’est aussi très bien comme ça.
J’ai remarqué un truc étonnant ; sur votre bio en anglais, il est noté que vous passez beaucoup de house sexuelle, et ce n’est pas écrit dans la bio française.
C’est vrai ? Je ne sais pas. Ce qui est vrai, c’est que tout ce qu’on joue respire le cul. Ça peut être très dur et très sombre, mais il peut quand même il y avoir une tension sexuelle. Même dans nos prods aussi, il y a cette tension. Après, au niveau de la bio, je sais pas pourquoi. Ma mère checke tout, tout, tout, tout, tout. Peut-être que l’interview pour le Tag Parfait, je ne lui enverrai pas.
Pour revenir sur le son, dans Never Same, Exception et One Night il y a vraiment l’idée d’angoisse, de solitude, de tension… est-ce que ça correspond à un état que vous recherchez en club ?
Non, c’est l’état dans lequel on est quand on bosse. On ne cherche pas trop, on ne pense pas trop à l’efficacité ou à l’effet que ça va avoir en club. C’est des sensations, des sentiments, des états d’âme qui ne sont pas évidents à retranscrire. Sur les premiers tracks, on l’a fait sans s’en apercevoir, mais là ça devient de plus en plus évident.
Ça respire le sexe, et à mon sens aussi la dope. Est-ce que ce sont des obsessions chez vous ?
Le sexe oui, la dope non. (Rires)
Si vous deviez définir votre musique en tags porno, ce serait quoi ?
Adrien : Public, évidemment. Parties, j’adore les vidéos où les mecs arrivent dans les clubs où il y a vingt ou quarante meufs qui sortent et ils font n’importe quoi.
Marc-Antoine : Teen…
Teen, public, c’est déjà pas mal…
M.A. : Quand je dis teen je parle de trucs vraiment pervers.
Du coup vous regardez en quoi en porn ?
A : Les trucs en club, pareil, j’adore.
Du genre, Dancing Bear ?
A : Non non, les trucs vraiment en boîte de nuit, je sais pas comment ça s’appelle. A un moment il y a même un morceau de Juan MacLean derrière !
M.A. : Après il y en a une que je n’ai jamais retrouvé, c’est Rocco qui encule une actrice pour la première fois et elle est putain de belle cette actrice. La vidéo est un peu à l’ancienne, il y a une lumière derrière eux, un fond noir. C’est avec Aletta Ocean. J’aime bien parce qu’elle est putain de vulgaire.
Elle s’est fait refaire les seins, c’est devenu improbable.
M.A. : C’est horrible.
A : Il y a aussi la petite là, Little Lupe Fuentes. Avant elle était trop petite, elle faisait gamine, genre couettes et tout et là elle s’est mis deux trucs énormes, ça casse tout.
Sinon, vous écoutez quoi en ce moment ?
A : Hier, j’ai écouté l’album de Daniel Avery. Super cool.
M.A. : Je fais le ménage sur celui de Clockwork. Il est bien.
A : L’album de My Favorite Robot, pas mal.
M.A. : L’album de Tim Paris est un album qu’il faut écouter dix fois. Tu te retrouves bien amoureux du truc.
A : Acid Arab , très cool.
Et pour finir les morceaux les plus sexuels, les plus malsains ?
M.A : Je connaissais pas et Adrien a mis Diabeto d’Abeduque et ce morceau tu te dis « Qu’est ce que c’est ?! » et en même temps tu te dis « Putain c’est génial ». C’est une espèce de tourne acide et par dessus il a enregistré une voix sans traitement. On dirait vraiment, quand tu le passes en club, qu’il y a un ivrogne qui vient et qui fait n’importe quoi. On dirait un forain qui fait « gna gna gnaaah – gna gna gnaaah » !
A : Après c’est pas tellement sexuel mais…l’hymne sexuel de tous les clubs, depuis toujours, c’est Lil’ Louis – French Kiss. C’est indéniable.
Tu connais la version gay ?
A : Non !
A : Après il y a des morceaux moins évidents… je pense à l’EP The Day I Spoke de Tomas More sur My Favorite Robot. Très, très sexuel.
A.D. : Pour moi le morceau le plus sexy, c’est un featuring entre Konrad Black et Art Departement qui s’appelle Graveyard Tain, sexy-dark, mais bien comme il faut.
A : Tous les trucs du label Innervisions sont bien sexe-propre.
A.D. : Sexe propre , tu plies bien ton marcel comme il faut…
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