Al Goldstein, pionnier du porno US, est mort
Al Goldstein vient de mourir à l’âge de 77 ans à New York dans le dénuement, lui qui vécut plus qu’aisément grâce à son succès dans la pornographie. Peu connu en France, Al fut un pionnier du porn diffusé à une large audience, un Larry Flynt qui n’aurait pas eu droit à son biopic made in Hollywood.
Il y avait Playboy et son érotisme de bon goût bien installé depuis 1953 ; en novembre 1968, Goldstein (avec un partenaire, Jim Buckley) lança Screw avec 350 dollars de budget. La pornographie débarquait dans le mainstream, la culture porn allait débouler. Le magazine voulait dévoiler « le monde du sexe dans sa totalité » et Goldstein dans l’édito promettait de ne s’excuser pour rien et « de ne jamais censurer un poil pubien ou un organe ». Il plongeait dans la pornographie brute, tout en l’accompagnant d’une satire sociale et politique à travers textes et dessins.
Maintes fois attaqué en justice, Al réussit à faire tomber nombre de barrières légales pour la diffusion des images porno. Larry Flynt, avec qui il brunchait régulièrement à l’époque, reconnaissait l’importance et le mérite du patron de Screw dans le combat contre la censure. Al lança aussi Midnight Blue, un show télé porno qui dura 30 ans.
En 2002, il fut condamné pour harcèlement sur une de ses secrétaires. En 2003, il perdit ses biens immobiliers et la direction de son entreprise. Fini Screw. Depuis 2004, il errait sans abri dans les rues de New York. Le caractère de Goldstein était excessif, souvent limite comme la fois où vexé que son fils ne l’invita pas à sa remise de diplôme, il publia un montage photo où le jeune homme partouzait avec des hommes et sa propre mère. Hashtag weird.
Le monde du porno a perdu un pionnier. Dans l’hexagone, le magazine n’était quasiment pas connu, si ce n’est des cinéphiles, car Screw fit une apparition dans Bananas de Woody Allen. Avant Hustler, Goldstein avait publié des photos de Jacky Kennedy Onassis nue, un bon coup de pub qui avait permis d’écouler 500 000 exemplaires. Pour mieux le connaître, un article complet sur le pornographe est à lire dans le New York Times. Également, Goldstein avait écrit une autobiographie et produit un film intitulé Porn King.
Ron Jeremy se souviendra de Goldstein comme celui qui l’avait « beaucoup aidé dans sa carrière et pris sous son aile à New York ».
Pour info, Porn King est un documentaire sur la chute d’Al Goldstein (et non pas un film produit par ce dernier), et il faut le mater absolument.