Secrets of the Living Dolls
En Angleterre, on sait faire de très bons documentaires. Ça fait des décennies que les chaînes publiques de nos meilleurs ennemis s’illustrent régulièrement dans le domaine : sujets variés, sensibilité, recherches et documentations irréprochables. Qu’il soit question de la plus grosse femme du monde ou de l’apocalypse nucléaire, c’est du boulot de qualité. Depuis quelques jours, Channel 4 diffuse une nouvelle série intitulée Secrets of the Living Dolls. Les Dolls sont des femmes de silicone faites de masques intégraux et de costumes « anatomiquement corrects. » Sous ces déguisements se cachent un septuagénaire anglais, un afro-américain obèse venu du Bronx, un jeune homme lambda. Pendant plusieurs semaines, de chaque côté de l’Atlantique, les journalistes de Channel 4 ont filmé la vie quotidienne de ces hommes et de leur alter-ego synthétique. Les Dolls se baladent, font leurs courses, bronzent, sortent en boîte ensemble. Avec toutes les grosses difficultés que cela peut comporter.
Malgré son côté freak show, Secrets of the Living Dolls est un documentaire humaniste. On a failli croire que l’idée était de susciter une empathie bien condescendante, mais non ; la nouvelle série de Channel 4 est un plaidoyer pour la liberté et la ré-évaluation de nos encombrantes valeurs morales. On regrette juste que le côté sexuel des Dolls ne soit pas exploré plus en profondeur. Quand on leur demande ce qui les pousse à enfiler leurs costumes, Jessie, Dominique et Sophie évoquent pèle-mêle une attirance insatisfaite pour les femmes, un désir d’attention, une envie de sortir de soi. Mais rien de sexuel. Ça semble un peu étrange, surtout quand l’un des sujets de la série déclare : « C’est difficile d’avoir envie de sortir avec quelqu’un quand vous avez ça. » En plus, l’équipe de Channel 4 a visité les locaux de FemSkin, qui semblent être les seuls à produire ce genre de costumes. Le soin qu’ils apportent aux organes génitaux des Dolls ne laisse aucune place au doute. On regrette vraiment que Channel 4 ne s’y soit pas plus intéressé. Secrets of the Living Dolls mérite tout de même le coup d’œil.
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