Masters of sex : une série [dé]culottée
Je pourrais me contenter de dire que Masters of sex est un Madmen version cul. C’est d’ailleurs ce que je me contente de dire quand je recommande cette série US au détour d’une conversation superficielle. En effet, Masters of sex et Madmen ont des points communs : leurs décors vintage, leurs personnages féminins en quête d’émancipation, leur rythme allegro et les deux premières lettres de leur titre. Mais les ressemblances s’arrêtent à peu près là, quand les problèmes de cul, eux, ne font que commencer.
Adaptée du roman de Thomas Maier et créée par Michelle Ashford, Masters of sex prend place dans un hôpital universitaire et s’inspire de l’aventure scientifico-amoureuse de William Masters (Michael Sheen) et Virginia Johnson (Lizzy Caplan). Quand on tape les noms de ces deux lurons dans Wikipédia, on apprend qu’il s’agit de “sexologues”. Mais Virginia a d’abord été l’assistante de William, et Masters of sex se situe dans l’Amérique des sixties, bien avant que l’on ne parle sérieusement de “sexologie humaine”, bien avant la publication de cet article succinct. Le mariage, la famille et la mère au foyer constituent alors la norme. Le plaisir reste secondaire. Toutefois, les premiers symptômes de la révolution sexuelle se font ressentir. Ici, les protagonistes, surtout les femmes, incarnent les différents stades de cette libération. Libby Masters est l’épouse dévouée, enchaînée à son rêve de maternité, tandis que Virginia Johnson fuit le concept du couple et défend celui de sex friends. Entre le passé et la modernité, le cœur du Docteur Masters balance. Et autour de son dilemme, gravitent les tabous et les souffrances d’une belle galerie de personnages : l’adultère, l’impuissance et l’homosexualité, entre autres.
Masters of sex réussit un coup de maître en rapprochant Histoire, recherche scientifique et déboires sentimentaux. La guerre froide, la rigueur clinique et le désir amoureux s’interrogent, se bagarrent, s’ignorent ou s’étreignent, avec cette liberté propre à la fiction. Ce qui aurait pu ressembler à un cours d’anatomie relou et académique devient donc fort stimulant. Que se passe-t-il dans le corps pendant l’amour ? Existe-t-il plusieurs types d’orgasmes féminins ? Pourquoi une femme en arrive-t-elle à simuler ? A-t-elle forcément besoin d’un homme pour jouir ? Autant de questions anticonformistes que William Masters et Virginia Johnson se posent à travers l’étude de centaines d’individus pendant le coït ou la masturbation… D’abord des prostituées dans une maison close, puis des collègues et des inconnus dans leur labo, de préférence le soir. Leurs travaux se professionnalisent en toute discrétion. Le générique d’intro joue sur cette nécessité de l’implicite ; les métaphores de pénétrations et d’orgasmes s’enchaînent : un concombre, un volcan, un feu d’artifice, un décollage, une explosion… On cache ce qui dérange, en tout cas au début.
https://www.youtube.com/watch?v=Ve8orWqYzPU
La clandestinité va de pair avec l’interdit. Voilà ce qui accroît la tension sexuelle de Masters of sex. Les sujets anonymes exposent leur intimité aux yeux de deux spécialistes postés derrière un miroir sans tain. Ils sont seuls et se caressent, en couple avec un conjoint ou un inconnu, ils sont bardés de fils, allongés sur un lit d’hôpital, impatients ou inquiets, ils vont servir la science et leurs fantasmes. Les sessions deviennent des rendez-vous, des escapades, pour les personnages comme pour les spectateurs. William Masters et Virginia Johnson sont collaborateurs et complices. Ils se demandent d’ailleurs si leur présence lors des tests n’influence pas les cobayes, ne fausse pas leur étude. Exhibitionnisme et voyeurisme traversent ainsi le récit avec délice. Et ça va de plus en plus loin. Un gode-caméra est mis au point, le cinéma s’invite dans le sexe d’une femme, cristallisant son plaisir de l’intérieur. Puis de l’extérieur… Virginia se porte volontaire pour se masturber sous la caméra de William. Douce mise en abyme. À mesure que la recherche avance et repousse les bienséances scientifiques et sociales, leur relation prend un virage fascinant.
Lui, engoncé dans son costume triste, est froid et mal à l’aise en public, elle est sensuelle, séductrice et compréhensive ; les deux, brillants et ambitieux, se complètent. Dans un premier temps, chacun à sa façon, ils opposent le cul aux sentiments. En bon gynécologue, William le perçoit comme un acte animal et mécanique, oubliant même la notion d’attirance, l’ingrédient chimique indispensable. Divorcée et mère de deux enfants, Virginia ne veut plus s’engager, elle mise sur le sexe à durée déterminée. Tour à tour dominant et dominé, patron et secrétaire, puis égaux, source d’inspiration mutuelle, leurs visions évoluent, fusionnent, et soudain, ils décident de participer eux aussi à l’expérience. Voilà qui donne lieu à des scènes savoureuses où le tandem baise et commente la baise. Une drôle de partition qui abolit la frontière entre mondes pro et perso : “Phase d’excitation” / Soupir / “Phase en plateau” / Respiration forte / “Orgasme” / Gémissement / “Résolution” / Soupir. Et William d’arrêter le chronomètre tandis que Virginia se rhabille, recouvrant ses jolis seins menus. On n’est pas dupes, on sait qu’ils se plaisent et depuis longtemps, on a adoré les voir se disputer, s’ignorer, se manipuler, par passion. Et ça y est, le prétexte professionnel se désagrège, William et Virginia ne sont plus collègues, mais amants. Amants impossibles.
Nombreuses sont les séries US qui utilisent le cul comme argument de vente. C’est le cas de Game of thrones, dont plusieurs actrices sont d’anciennes hardeuses, de True blood et son fatras de sang et de sueur, ou de Californication, avec son héros et son titre provocs. Cependant, depuis Sex and the city, plus aucune n’en avait fait son essence, n’avait excité avec intelligence… Jusqu’à Masters of sex, dont la seconde saison se dévoilera à l’automne 2014.
Article intéressant, je pense que je vais essayer cette série. Par contre, j’ignorais pour Game Of Thrones que plusieurs actrices étaient hardeuses. Je savais pour celle qui interprète Shae, mais quant à d’autres…
il ne suffit pas de ressembler à Cétélem pour faire du Cétélem #madmendupauvre.
je vais pas etre très objectif mais je trouve l’esthétique complètement pompée (cf la photo qui illustre ton article) sauf que les acteurs ne leur arrivent pas à la cheville, l’intrigue est chiante et attendue, les personnages sont clichés au possible (le docteur Masters qui reve de devenir sexologue depuis ses 15ans ne sait pas ce qu’est une levrette), l’histoire est basée sur un gros con qui a créé les premières thérapies comportementales pour soigner les gays.
Et contrairement à ce que tu dis Lula, je trouve pas ca excitant du tout, ok, y a du cul partout tout le temps mais c’est presque au point d’en avoir marre.
Attention, vous spoilez pas mal notamment à partir du 4ème paragraphe. Ceux qui ont pas vu la série voudraient peut-être en être prévenu.
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