Lucie Blush lance son site porno
Lucie Blush est notre préférée. On ne sait trop comment la qualifier, blogueuse, pornographe, féministe, elle est multiple et elle fait tout bien. Avec son blog We Love Good Sex, la Française de 26 ans fouille les réseaux en quête d’un porno qui lui sied, des vidéos différentes où les hommes prennent la place d’objet de fantasme. Mais ces pépites sont bien trop rares dans la création artistique dévêtue, alors elle l’a décidé : elle se lance dans le porno pour combler ce manque.
À l’occasion du lancement de son site LucieMakesPorn, nous avons décroché Skype et l’avons interrompue durant sa pause déjeuner.
Salut Lucie, commençons par un retour sur ton parcours. Comment en es-tu arrivée à créer ton blog We Love Good Sex ?
Il y a un an, mon copain et moi, nous nous sommes séparés et je me suis retrouvée à ne plus savoir quoi faire, sans trop d’amis dans un pays que j’avais choisi pour lui à l’origine. Je me suis mise alors à penser à mon avenir, à chercher quelque chose d’intéressant, qui me passionnerait vraiment. À force de me questionner et de tourner autour du sexe et des relations, je me suis penchée finalement sur le porno. Je n’étais pas trop fan du genre. Les fois où j’en ai vus, c’était plutôt violent à mon goût et je ne me sentais pas bien après. Mais bon, ça ne m’avait pas empêché de répondre à l’annonce d’Erika Lust.
Tu as bossé pour elle ?
Oui, il y a quelque temps, j’avais travaillé pour Erika Lust (qui est aussi à Barcelone). C’était mes débuts de graphiste. Elle m’avait fait découvrir le porno et surtout le porno féministe. À cette époque, j’avais un peu étudié le sujet et j’avais pu assister au tournage de Cabaret Desire. Mais la perspective de traîner dans le porno toute ma vie ne me disait rien. Alors j’ai choisi une autre orientation et finalement trouvé un boulot sans rapport.
Mais avec la séparation, le porno est revenu et en fouillant un petit peu je me suis rendue compte que c’était assez difficile de trouver des vidéos sympa, érotiques ou même vraiment explicites, avec ce côté artistique et agréable à regarder. Les vidéos qui s’intéressent au plaisir de la femme sont trop rares. Des vidéos de meufs à poil, ça ne manque pas, mais des films comme j’en cherchais, je n’en trouvais pas. Du coup, je me suis mise en quête de ces raretés et j’ai commencé à les réunir sur un blog : c’est comme ça qu’est né We Love Good Sex.
Quand as-tu créé We Love Good Sex ?
En mars 2013. J’ai fait le site en une semaine et comme pour la plupart de mes projets, je pensais que ça n’allait pas durer.
Pourquoi ça a duré d’après toi ?
J’ai trouvé quelque chose qui m’intéressait vraiment, j’ai déniché un truc en moi qui me donne envie de continuer là-dedans, de creuser encore plus. En tant que graphiste Web, le contenu des sites que je fais d’habitude me plaît rarement ; là j’ai pu mettre en place une façon personnelle de m’exprimer sur un sujet pas chiant.
Il existe une différence entre parler de porno et se lancer dedans. Comment as-tu franchi le cap ?
J’avais tellement de mal à trouver mon bonheur que je me disais, marre je vais le faire moi-même. J’avais remarqué que du monde commençait à faire du porno pour les filles, mais il n’y a quasiment que des meufs à poil dedans. Moi j’ai envie de voir des beaux mecs, ça manque vraiment. Au début, faire du porno, c’était en rigolant, mais plus le temps avançait, plus je remarquais l’absence d’hommes, plus le projet se précisait, il fallait que je fasse un film. Bon, au final, c’est très Do It Yourself, je n’ai pas vraiment d’expérience dans la technique de la caméra, mais j’ai trouvé ça génial à faire.
Comment t’es-tu préparée ?
J’ai tenté de me remémorer le tournage d’Erika Lust, comment elle faisait. J’ai écrit un script, j’ai eu la chance de trouver ce couple (des amis d’un ami) et puis j’ai pas mal improvisé parce que je ne savais pas bien comment ça allait se passer. On était tous les trois, chez moi, mais au final tout s’est bien passé dans la bonne humeur. Tout le monde était un peu nerveux, mais sans plus. Et le garçon a bien géré, ils ont commencé sans moi et quand il a été prêt, ils m’ont appelée et on a tourné. L’idée était de faire quelque chose de naturel, alors je me faisais toute petite, tout en donnant quelques indications. Mais j’ai aimé qu’ils se laissent aller et qu’ils fassent leur truc comme ils le sentaient.
Tu as eu des bons retours, j’imagine.
Oui, je ne pensais pas en avoir d’aussi bons. J’étais super contente. Même si certains te disent, « elle est pas jolie », « j’aime pas les tatouages », « l’épilation totale c’est nul », ce genre de réflexions. Ce sont des goûts personnels. Le reste était positif, alors ça m’a donné envie de continuer, d’en faire plus.
Et ta seconde vidéo ?
Je vais avoir un nouveau couple début février, ce sera avec Carlos, le gars avec qui j’ai fait cette vidéo très courte. J’avais envie de voir un homme se masturber, tout simplement. Mais bon, c’est compliqué de faire une scène de 20 minutes sur ça, alors j’en ai fait une sorte de mise en bouche pour le prochain film, où on le verra avec sa copine.
C’est toi qu’on voit interagir avec lui ?
Oui, je voulais me mettre dans la peau d’un acteur pour mieux comprendre ce que je demande aux acteurs. Mais bon, ce n’est pas pour moi, je ne le referai pas. Et puis c’était mieux pour la vidéo qu’il y ait une interaction. Ça donnait plus de vie, on visualise ce à quoi il pense en se masturbant.
Tu remarques à juste titre le manque de mecs érotisés dans le porno, mais il y a une logique commerciale derrière cette discrétion masculine. Toi, tu peux l’éviter puisque tes contenus sont gratuits.
Pour l’instant, je propose tout en accès libre, mais quand j’aurai plus de vidéos, je demanderai une petite participation. J’espère vraiment ne jamais tomber dans cette logique et pouvoir toujours proposer ce qui me plaît. Parce que mon motto est de faire ce qui m’excite. Ce que je poste sur We Love Good Sex, c’est ce qui me plaît. Je compte faire pareil pour le porno, en souhaitant ne jamais ne tomber dans le site bateau où il n’y aurait que des filles nues juste pour faire de l’argent.
Erika Lust ne propose pas juste des mecs, il y a toujours une fille.
Le porno d’Erika est destiné aux couples, c’est pour ça. Dans la philosophie de départ, on n’est pas trop d’accord. Elle dit faire du porno pour femmes. Je ne vois pas les choses comme ça. Je ne pense pas qu’il y ait un porno pour femmes ou pour hommes. Il y a un porno pour femmes hétéros qui représentent des beaux mecs, mais il n’y a pas un type de porno qui plaise particulièrement aux femmes. Le film devant la cheminée avec un verre de champagne à la main, ça ne m’excite pas trop. Pour Erika, elle veut des couples, des beaux couples et des belles femmes aussi parce que la plupart de son audience est masculine. Mais bon, c’est pareil pour moi, les retours que j’ai eus, à part quelques exceptions, c’était des mecs.
Tu as des contacts avec la sphère féministe du porn ?
Un peu, j’ai envoyé mon film aux Feminist Porn Awards. Et ça m’intéresse énormément, ce n’est pas fermé comme on peut le penser ; dans le porno féministe, il y a de tout, même si pas mal de féministes sont contre le porno.
La sphère de porno féministe se développe à une vitesse hallucinante, je trouve ça fascinant. Il y a plein de super trucs, même si tout n’est pas à mon goût. Ce que j’aime bien, ce sont des actrices comme Jiz Lee et le studio Pink and White Productions. Mais ça reste du porno lesbien. Y a une place à se faire avec du porno présentant plus de mecs. Et des vrais couples aussi, ça m’intéresse vraiment, parce qu’il y a une vraie connexion et ça se ressent à l’image.
Tu as des choses à rajouter à propos de ton site ?
Pas vraiment, j’espère recevoir l’avis des gens sur la version bêta. Plus tard, je pense aussi inclure les productions d’autres réalisateurs avec qui je commence à être en contact, en restant toujours dans la même ligne. Je prépare également le futur, pour mes prochaines scènes, je me base beaucoup sur l’avis d’amies, je les interroge sur ce qu’elles aiment ou ce qu’elles aimeraient voir. Et tu te rends bien compte qu’il n’y a pas un type de désir féminin, mais bien une multitude.
On te souhaite le succès avec ton nouveau site et on attend impatiemment février pour ta seconde vidéo.
Quand même étrange… Quand on demande aux filles « c’est quoi ton tag », elles répondent des trucs plutôt hard (vous les connaissez), mais quand on fait des pornos « pour elles », on ne les donne à voir que des couples (amour), du lesbien (douce sensualité) ou des gens qui fappent gentiment, les yeux clos. Nous sommes donc condamnées à n’aimer que ce qui est « réaliste » ? Si je conduis une Toyota, je me vois très mal fantasmer sur le fait de conduire une Toyota. (Autrement dit, pourquoi le gang bang ne peut pas être féministe?)
Tu devrais regarder du Belladonna, Bobbi Starr, les réalisatrices chez Kink ou même ce qu’a pu filmer Katsuni.
Ok merci. J’ai vu des castings Katsuni, mais je savais pas que Bobbi Starr réalisait aussi.
Regarde Bobbi Violates San Francisco
Ah un classique celui la! Tellement… artistique.
Super choix pour un Bon fappeur d’ailleurs, on voit que l’equipe a du goût 🙂
Joli minois, dommage qu’elle ne soit pas dans ses vidéos.