Steve Shubin, inventeur du Fleshlight et pro-fap zinzin
Steve Shubin est l’heureux créateur du Fleshlight. Vice nous raconte l’histoire de cet homme qui a donné une nouvelle dimension à la masturbation masculine. Le pape de la branlette lutte aussi pour que le fap au masculin trouve une voix publique plus affirmée, mais de manière assez bizarre et contre-productive. Shubin utilise des arguments très contestables.
Itinéraire d’un Fleshlight gâté
Issu d’une fratrie de 14 enfants, Shubin a passé sept années dans le groupement d’élite du SWAT à Los Angeles. Mais cette carrière ne payait pas assez. À 32 ans, il a changé de voie. Il a fallu qu’il attende ses 40 ans pour rentrer dans le business du sextoy.
Sa femme, une joueuse pro de tennis, est tombée enceinte. Le toubib a déconseillé au couple d’avoir des relations sexuelles pour éviter de causer du tort au fœtus. Les grossesses dans la quarantaine sont plus compliquées. Steve a alors eu l’idée de trouver un ersatz pour combler sa libido contrariée. À l’époque, on pouvait acheter des sextoys pour femmes, mais pas grand-chose pour hommes. Il est amusant de constater que les histoires de self-made-men américains débutent toujours sur une anecdote inattendue qui construira plus tard leur réussite.
L’entreprise se lance à la maison et en famille avec un budget de 50 000 dollars. Shubin part dans un projet de sex doll. Mais après deux ans de recherches et 250 000 billets verts investis, il n’a toujours rien à vendre.
Un jour, en ramenant un ami à l’aéroport, ami à qui il avait montré ses prototypes, il y a compris ce qui le rendra millionnaire. Le gars lui demande s’il peut lui envoyer la partie intime de son mannequin parce que la poupée tout entière serait trop voyante pour la cacher à ses enfants. Et voilà ! Il faut un truc discret, tenant dans la main, rien de compliqué. Shubin utilise ces mots : « les mecs aiment les outils » dans le sens, on est tous bricoleurs et un vagin mis dans une torche ne peut que nous rappeler ces moments partagés avec nos pères où on tenait la lampe pour qu’ils puissent réparer une fuite sous l’évier ou dans le moteur de la bagnole. Bon, vous me direz qu’il s’agit d’un propos cishet bien stéréotypé et je ne vous donnerai pas tort. Qui plus est, qui a envie de mêler le fap à des souvenirs de son père ?
Nous sommes alors en 1997, 2 millions d’investissements et rien de vendu encore. Il faudra quatre ans pour que la torche à fap trouve son public. Shubin a buté contre des barrières avec ses partenaires commerciaux. La branlette était et reste un sujet tabou. Sa proposition d’annoncer dans les pages de Maxim (Maximal en français) fut refusée par exemple. Les responsables du magazine, qui a pourtant fourni pas mal de matière à fapper, ne voyaient pas d’un bon œil l’association de leur image à une marque de vaginette. Et puis, Shubin raconte qu’on lui disait que les lectrices se sentiraient menacées par ce qu’elles penseraient être un substitut à leur personne, alors qu’il ne s’agissait que d’un exhausteur de fap. C’était l’idée qui germait dans la tête des décisionnaires de l’époque. Ils avaient tort.
Un discours pro-fap étrange
À partir de là, Shubin mène une campagne pro-masturbation, en insistant sur le point que les relations sexuelles se différencient de la branlette. Jusque-là, c’est bon, on arrive à suivre. Les arguments de Steve deviennent ensuite bidon et je ne saurais être d’accord avec le naturalisme qu’il invoque.
Shubin part dans un délire assez spécial. Il explique que « la domestication de l’homme, qui a été super pour la civilité (la vie en société), n’a pas été tendre avec les besoins biologiques nécessaires à un homme » (traduction personnelle). Puis, il galope sans bride dans les champs du n’importe quoi. Tous les hommes seraient des bêtes sexuelles dominées par leur pénis en quête ininterrompue d’orgasmes. « La gratification sexuelle pour les hommes n’est pas un truc émotionnel ; cela n’a rien à voir avec l’amour ou la femme ». Cette distinction est essentielle, même si l’émotion du fappeur existe. Il a conscience que face à ces prétendues urgences naturelles propres aux mecs, la femme n’est pas là pour les satisfaire : « elle n’est pas mon escort », dit-il en parlant de sa compagne et par extension de toute la gent féminine. Sur ce point, il a raison, si un gars a de gros besoins sexuels, il a tout intérêt à se frotter à l’intérieur d’un des produits de Shubin, au lieu d’utiliser sa copine (sauf si leurs besoins s’équilibrent évidemment).
Personnellement, je ne me reconnais pas dans cette humanité masculine dont la nécessité de jouir sans limites serait irrépressible. En tout cas, pas à une généralisation près, le multimillionnaire du vagin artificiel pense pénétrer le marché asiatique et notamment indien avec des produits conçus pour traiter cette nymphomanie masculine. Son concept de « maintenance biologique » nécessaire à tous hommes me raidit un peu l’échine — à défaut du chibre —, surtout qu’il ajoute que le pénis pourrait s’atrophier en cas de non-stimulation : « si vous ne le remplissez pas de sang, ni ne l’étirer, ni ne l’utiliser, ça s’atrophiera. » « Ils rétrécissent », affirme-t-il. Le monde de Steve est peuplé de branleurs chroniques atteints d’hypersexualité, qui doivent consommer Fleshlight afin d’éviter la nécrose de leur braquemart. Je vois les choses différemment.
Le mec semble un peu zinzin, commercialement bien moins. Il a quand même eu la bonne idée de mouler les porn stars les plus connues pour reproduire une multitude de clones vulvesques, ce qui ravit les fanboys de tous les continents. La notoriété d’une actrice se mesure désormais à l’aune de son Fleshlight. Dans l’article de Vice, Steve Shubin ne s’exprime pas sur le côté gay de sa boutique, mais elle existe et propose aussi les moulages des meilleurs acteurs.
Steve Shubin n’a pas encore atteint son but, celui d’émanciper les hommes d’une certaine honte du fap. Mais avec des arguments comme exposés ci-dessus, tu m’étonnes ! Malgré cela, je partage un peu ce rêve bleu et merveilleux, celui de voir des mecs à la télé parler entre eux du dernier modèle de faux vagin et des sensations qu’il apporte dans une ambiance sereine et sans beaufitude.
Aucun commentaire. Laisser un commentaire