Le porn n’en finit plus de mourir
Cette fois-ci, c’est Erika Lust qui s’y colle : l’industrie pornographique est en train de mourir. Quelle bande de nazes, ces Amerloques ! Erika en profite pour nous vendre du rêve avec son entreprise catalane florissante. Elle s’en sort tellement mieux grâce à l’originalité de ses œuvres. Voilà son secret.
Cette réaction est suscitée par la lecture d’un article du Daily Beast, que je n’avais pas lu. Un journaliste, s’étant rendu à la cérémonie des AVN 2014, expliquait à quel point le porn U.S. plongeait en pleine dépression, que l’argent ne rentrait plus, que les porn stars n’intéressaient personne, que la fête était triste, bref : que ça bandait mou à Las Vegas et dans la Porn Valley.
Erika Lust en rajoute une couche. Les grosses productions sont restées à la gare de péage des autoroutes de l’information, faisant la queue pour prendre un ticket, tandis qu’elle amasse une fortune avec ses vidéos et ses films financés par le crowdfunding. Suck it losers!
Oui, c’est bon, on sait que l’industrie californienne du porno a vu ses revenus baissés par rapport à l’âge d’or de la VHS, et aussi qu’avant on faisait des meilleurs films, etc., etc. Un peu marre d’entendre ce discours ressassé tous les mois. Vivid fait des bénéfices astronomiques avec ses sextapes de célébrités en carton. Evil Angel ne paraît pas trop en peine depuis qu’elle achète les scènes directement aux producteurs/acteurs (Ferrara, Deen, Vidal, Rocco, Belladonna). Les porn stars seraient soi-disant moins connues hors du milieu. Qui peut me citer une autre actrice que Jenna Jameson des années 90 que ton père ou ta mère connaissent ? Et une autre que Sasha Grey pour la décennie 2000 ? En plus, maintenant on a James Deen qui est un mec et qui a débordé dans le mainstream et la tendance.
L’article de The Daily Beast évoque également les sexcams et ses stars montantes qui viennent dans le porn institutionnel, selon Mason, pour lancer leur nom et ramener un peu plus de voyeurs devant leurs shows. Cela signifie tout de même que le porno touche un public très large, d’autant qu’avec la culture du clic des sites d’infos, la moindre nouvelle originale hashtaguée porn mérite sa brève. De plus, n’entendions-nous pas le même discours sur les escortes qui tournaient quelques films histoire d’asseoir leur réputation dans le milieu de la prostitution ? Bis repetita placent.
Le porno se rééquilibre doucement, il n’est pas en train de mourir. Alors, arrêtez de nous soûler avec vos élégies prématurées. Une partie du biz s’est déplacée sur internet : les tubes millionnaires d’un côté, les créateurs moins fortunés de l’autre. Les grands studios existeront encore et s’ils décèdent sur l’autel de la vidéo custom, les petits studios d’aujourd’hui se rachèteront les uns les autres pour devenir gros. Ainsi va la vie dans le capitalisme comme dans le porn.
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