On a fappé pour vous : test de Life Selector
Le futur du porn appartient à ceux qui arrêtent de reproduire inlassablement les mêmes schémas me disait l’autre jour un vieux sage au bord d’une rivière. Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des feignasses, rajouta alors un type passant par là sur son canoë-kayak. Ont-ils raison, ont-ils tort ? Le porn est-il condamné à périr d’une mort lente et douloureuse face à la puissance de l’instant (sexcam) et des micro-studios qui nous offrent la fameuse girlfriend expérience à des milliers de kilomètres de distance ?
On vous a déjà parlé de Life Selector, mais on était juste resté en surface. C’est à la faveur d’un contenu en français qu’on est allé gratter à la porte de Mickey Bojscik, patron des lieux, pour nous introduire dans son antre dédiée au porn interactif. “The ultimate porn interactive experience” comme c’est écrit sur les grilles du sanctuaire.
Porn interactif
Quand on nous parle d’innovation dans le porn, on remue la queue et on salive comme le chien de Pavlov, réflexe logique quand on a passé déjà 15 ans de sa vie à mater les mêmes scènes en boucle. Life Selector nous propose donc de rentrer dans le monde du porn interactif qu’on avait lâché depuis les DVD, tentative honnête (il fut un temps) pour rallumer la télé qui prenait la poussière dans le salon. Cette fois-ci on ajoute un peu de gamification pour tenter les fans d’Eroge et on passe du salon à l’ordi.
Le site, encore dans sa version beta si on en croit ce qui est écrit en haut à gauche de l’écran, a bien les deux pieds dans le présent, un design fluide en responsive, beau et au contenu dense. Il existe une bonne centaine d’histoires (qu’ils appellent show ou game, c’est selon) aux thématiques contemporaines ou farfelues, ce qui ne diffère pas vraiment de ce qu’on a l’habitude de voir, sauf qu’ici, on est le héros.
Et contrairement à la grande majorité des sites, Life Selector a décidé d’opter pour un système de jetons, des “credits” pour avancer dans l’histoire. C’est pas la première fois qu’on croise ce système de paiement en dehors des sexcams (notamment chez Kink On Demand), mais c’est bien pratique, plus besoin de penser à résilier son abonnement, on paie que ce qu’on consomme, pas d’entourloupe.
Gamification du porn
Comme dans un livre où on est le héros, on a le choix d’incarner différents personnages dans différents scénarios. Le but étant de pécho bien qu’il faille vraiment en vouloir pour ne pas réussir à se faire sucer en moins de 2 minutes. Donc en gros : une vidéo introduit le décor et l’histoire puis on a un choix cornélien entre la jouer un peu stupide ou un plus malin et atteindre une étape intéressante qui est de mater du porn en POV (bon point, toujours un bon point, éternellement).
Arrivé (très rapidement) à ce stade de l’histoire, vous pouvez choisir les positions et les pratiques, monnayant quelques crédits selon votre exigence (les petits extras coûtent très peu de crédits, c’est quasi cadeau, par contre avancer dans la scène coûte un peu plus cher, globalement c’est raisonnable). Et ainsi de suite, de scène en scène, car c’est une histoire entière qu’il faut suivre. Sauf si vous vous êtes fini dès la première fille rencontrée, c’est ce qui m’est arrivé d’ailleurs, patience et porn n’étant pas toujours compatibles quand on s’astique frénétiquement.
Le retour du scénario
Soit dit en passant ça m’a fait bizarre de suivre correctement cette démarche, pas de devenir quelqu’un d’autre – ça c’est mon petit délire –, mais de vraiment jouer le jeu de l’intrigue. Je suis trop habitué à me servir du porn comme d’une matière libre, à contrôler intégralement le contenu, plutôt que de m’y contraindre. Du coup, quinouille à la main, j’étais pas forcement prêt à cliquer sur des parties de l’écran pour continuer dans l’histoire. D’ailleurs Mickey si tu me lis, pense à intégrer des raccourcis clavier, ça éviterait de dégueulasser la souris ou le trackpad de lub (lâchez-moi avec votre main gauche, j’ai passé l’âge).
Autre problème, le chargement des vidéos, tout comme dans les DVD interactifs, on se tape un écran noir (qui fait d’ailleurs sauter le mode plein écran, Mickey, nouveau petit clin d’oeil pour toi) ce qui a tendance à être encore plus violent pour l’excitation qu’un montage à la truelle… Je suis persuadé qu’une solution simple existe, un pré-chargement des vidéos, un fondu possible, quelqu’un chose d’un peu plus souple.
Le contenu lui, varie un peu selon les prods mais reste tout de même bien influencé par l’euro-porn (puisque la prod vient de là-bas). C’est un style, on aime ou on n’aime pas, mais qui ne facilite pas trop l’immersion dans l’histoire, même quand on a en face de Tiffany Doll ou Angelik Duval. Se laisser bercer par la voix pas tellement franco-française de l’acteur, est un peu déroutant, même dans une voiture dans les rues de Monaco pour un délire à la Swaggman.
Pour autant ça fonctionne quand il n’y a pas beaucoup de dialogues (ça n’a jamais été le fort du porn et ceci depuis 1972…) surtout quand on tend au style glam-core, douceur, calme et corps de Hongroise à vous en faire péter la grosse veine. Ce qui rajoute au genre (souvent plat) plus de dynamisme, on ne va pas se plaindre, par contre vous allez devoir tirer un trait sur le POV (ils appellent ça le Director’s view d’ailleurs).
Une fenêtre sur le futur
Pas exempt de défauts, Life Selector apporte tout de même son lot d’innovations dont devrait s’inspirer d’autres sites : gamification de l’expérience porno, expérience utilisateur améliorée, système de paiement par crédit. Une petite ouverture vers le futur mais qui pourrait pousser plus loin l’immersion, encore convenue et tributaire de choix trop simple pour être suffisamment vicieux. Le vrai danger, la vraie excitation, ne serait-elle pas de vraiment ramer pour arriver au coït, de faire monter la pression, de jouer avec le temps (et les crédits) pour arriver à ses fins ? Mickey, si tu nous entends, on ne parle pas de findom, mais bien d’excitation, laisser du temps au temps.
Si l’aventure vous tente, Life Selector vous offre 50 crédits gratos en suivant ce lien.
Bon, le concept est pas novateur (les jeux dans ce genre existent depuis longtemps) mais original et les plus les productions sont pas si mauvaises.
Et en plus le site fonctionne avec des adresses poubelles et emails jetables 🙂
Sinon ça reste du banal POV mais c’est sympa.