Coni : « En France, la pop culture n’existe pas »

A l’occasion de la sortie de son nouvel EP Confort Zone qui fait suite à My Secret Diving, CONI, DJ de l’écurie ClekClekBoom est passé au bureau descendre quelques bières et parler du trio imparable qui nous anime au quotidien : la musique, le cul, le porn.

Salut CONI, tu peux te présenter ?
Je m’appelle Nicolas mais les gens me connaissent sous le nom de CONI. Je suis DJ producteur depuis 4-5 ans sur Paris, j’ai sorti essentiellement de la musique sur ClekClekBoom, label house-techno-bass-music sur Paris. Je viens de finir des études dans la pub, je suis social media strategist.

Pourquoi tu as appelé ton dernier EP « La zone de confort » ?
En fait, c’est justement pour dire que pour sortir au maximum de la zone de confort, il faut essayer de faire les choses qu’on n’a pas l’habitude de faire. On arrive souvent à des trucs intéressants, des trucs plus couillus créativement. Musicalement, je voulais partir sur de nouveaux horizons et voir ce que ça pouvait donner. Après, j’ai ce coté un peu nombriliste, un peu bulle, j’adore être dans ma zone de confort, être toujours entouré des mêmes personnes, mes amis et je flippe un peu de l’inconnu.

Tu es du genre à regarder les gens danser ou à danser ?
J’aime beaucoup danser mais il y a des soirs où je ne danse pas du tout, j’ai juste envie de voir un DJ ou mes potes mixer. Je ne suis pas DJ à la base, j’ai commencé à aller en club juste pour danser, ça fait du bien, on se vide la tête. Je pense que dans le contexte actuel, c’est hyper important de danser, danser, danser…

Tu danses devant tes potes ?
Ouais, je m’en fous, franchement. Même mes potes me charrient. Parfois sur Facebook il y a des vidéos de moi où je danse un peu pitoyablement. J’aime bien être un peu bourré et danser sur le son, n’importe quel type de son.

Comment tu pourrais définir la nuit depuis un ou deux ans ?
Je pense qu’il y a des trucs assez cool qui se créent, il y a un retour à la club music. Quand je dis club music, j’entends une musique qui n’est pas forcément faite pour la radio, qui n’est pas pop. Ce sont des morceaux qui sont faits pour être joués et écoutés en club, il n’y a pas cette notion de faire un hit, de mettre une chanteuse ou un gimmick reconnaissable en trois secondes, l’antithèse du mainstream actuel en musique électronique.

C’est un peu le crédo de ClekClekBoom ?
Ouais, on est là, on n’a pas envie de faire des hits, on a juste envie de faire des morceaux qui soient jouables en club. Et que ça tourne, que ça roule et que ce soit des belles boucles qu’on puisse jouer en club pour que les gens dansent dessus.

L’approche physique de la musique ?
Exactement. Voir les gens danser sur ton track c’est le truc le plus kiffant au monde, plutôt qu’une petite meuf qui va écouter ton morceau dans le bus. Même si c’est cool aussi. Depuis un an ou deux ans il y a plein de promoteurs qui se sont lancés dans des soirées assez cool. Il y a un renouveau de la musique et je me fous que ce soit underground ou pas.

Tu m’as parlé récemment d’une histoire de faux compte Instagram, il se passe quoi ?
En gros, à Paris depuis deux-trois ans, il y a des meufs, on ne sait pas qui, on pense que ce sont des fakes, qui se créent des comptes Instagram. Elles pop-up de nulle part et elles suivent toujours les mêmes mecs sur Paris. Des petits DJ à la mode sur Paris, des mecs de la pub, des mecs de marques… Elles suivent quatre-vingt-dix pour cent de mecs et à chaque fois elles t’aguichent de ouf. Évidemment la plupart des mecs, dont moi, on est intrigué et on follow back. A chaque fois, elles te rentrent dedans direct, elles t’envoient des photos d’elles quasiment à poil, elles te draguent vénère. Tu sais très bien que c’est fake. Même si on sait que ça peut arriver, là c’est tellement évident que ça en devient navrant.

Mais ce qui est chaud c’est qu’elles suivent toujours les mêmes, donc on se dit que ce sont les mêmes personnes derrière, c’est hyper intrigant. Il y a une meuf qui a téléphoné à un de mes potes, donc apparemment c’est quand même une meuf derrière. Pour les photos, une fois j’ai utilisé Google Images inversé, à chaque fois c’était des vraies images qui n’ont pas été utilisées avant. Donc ça se trouve c’est des vraies meufs qui sont complètement folles, mais à chaque fois elles follow les mêmes mecs. C’est ça qui est chelou. Je t’avoue que c’est hyper intrigant, à se demander si c’est pas les Francs-Maçons ou les Illuminati, vraiment, ça me fait flipper. Y’a des gens beaucoup trop vicieux sur Internet.

Ça peut être un guet-apens.
De toute façon, jamais de ma vie je rentrerai dans ce jeu-là. Jamais j’irai envoyer des photos de ma teub à ce genre de meufs. Tu te dis que c’est des meufs ou un groupe de gens qui ont envie de te tricar. Mais en attendant… Une fois, j’ai dit à une de ces meufs « écoute, ne t’en fais pas, je t’enverrai jamais de photo de ma teub. » Et là, elle me répond « mais je m’en bats les couilles, tu me ferais vomir si tu faisais ça… » Enfin, vraiment trop chelou, hyper intrigant. Et surtout c’est que sur Instagram, y’a pas de trucs comme ça sur Twitter. Et je ne les ai jamais croisées en soirée à Paris, alors que je sors pas mal. C’est des meufs que tu n’as jamais vu en vrai.

Dans le milieu webx, c’est assez courant. Des webmasters se font des faux comptes Twitter ou Facebook, pour aguicher les mecs. C’est grillé pour la plupart des gens mais ils cherchent des pigeons un peu naïfs, qui sont potentiellement leurs futurs clients. L’idée c’est de créer un minimum de personnalité pour que les gens se disent qu’ils peuvent pécho puis de lâcher de temps en temps un lien vers de la VOD ou du live.
Mais là sur Instagram c’est encore plus niche, et c’est là que c’est encore plus flippant parce qu’il n’y a pas de fin commerciale, il y a un réel truc vicieux derrière. Bref, laisse tomber, c’est ouf. Mafia d’Internet.

Qu’est-ce que tu fais quand tu ne mixes pas ou que tu n’es pas à l’agence ? Tu regardes du porn ?
Justement, j’essaye d’arrêter le porn et de me remettre à utiliser mon imagination. Parce qu’il y a ce côté porn où tu n’arrives plus à trouver ce que tu veux et que tu dois chercher pendant dix ans. Je déteste les trucs dégueulasses américains ou le porno amateur français. Du coup : utilisation de l’imagination. J’ai tenu un mois sans porno ! (Rires) J’ai trouvé ça hyper cool, de revenir à ce côté où t’as quinze ans et que tu penses à l’actrice de Buffy contre les vampires. Sinon ouais, je kiffe le porno, je trouve ça cool. Mais vu que je ne suis pas un pro du porno je ne sais pas où aller, c’est rare que je me mette à digger de ouf. Je digge pas aussi bien le porno que la musique.

Si tu trouves pas ce que tu veux, qu’est-ce que tu aimerais bien voir au final ?
Un truc du genre MILF hyper cliché, hyper bien, bien foutue.

La vraie MILF, dans le porno, c’est la mère d’un pote déjà.
Ha ouais non, le délire mère d’un pote je trouve ça nul. Juste mature en fait, genre bien conservée. Pas la mature dégueulasse, la mature actrice pro. J’ai eu une grosse période casting aussi. Y’avait le même mec qui faisait tout le temps des vidéos, je sais pas qui c’est parce qu’on ne connaît pas son nom. Tu vois, avec son canapé en cuir noir ?

Backroom Casting Couch.
Ouais, c’est ça. Il ne s’est jamais fait gauler ?

C’est toujours du fake.
Mais les meufs jouent parfois !

Bien sûr, c’est ça qui est génial, parce que ce sont des amatrices qui jouent les ingénues.
Mais elles savent qu’elles vont se faire taro direct ?

C’est un taf. Tu dois pouvoir prouver la majorité d’une actrice sur un tournage, c’est obligatoire, ou alors tu vas aux devants de très gros problèmes si la fille ne l’est pas. Et il y a forcément un contrat. Donc tout ça est encadré et tout l’enjeu est de faire croire le contraire.
Et bah voilà. Tu viens de casser un mythe.

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C’est comme le catch. Sinon tu peux imaginer un porno MILF, mature, cougar, mais en Français ?
Non, justement.

Pourquoi ça ne marche pas ?
Parce que j’imagine ce qui existe et je trouve ça tellement horrible. Tu sais, la daronne qui va te dire « Baise-moi. » ça me dégoûte totalement. En anglais, il y a quelque chose de sexy quand une meuf te dit « Fuck me » mais en français, « Baise-moi »… Non, je ne te baise pas, non.

Pas de dirty talk ?
Non, pas de dirty talk en français. C’est une très belle langue mais sur ce coup-là ça ne marche pas.

Est-ce que ce n’est pas lié au fait qu’on a tellement baigné dans la culture américaine à travers la pop qu’on préfère finalement le produit américain au produit français ?
Je pense que tu as bien résumé le truc. La pop music ou la pop culture n’est pas française. En France, la pop culture n’existe pas. Tu vas me parler de La Fouine ou de Magic System mais ça ne me parle pas. Au final, c’est de la fausse pop culture. Alors qu’en Angleterre, la pop culture ce sont des gens comme Jessie Ware ou Julio Bashmore. Ils sont un peu niche en France et pourtant la BBC les utilise comme de la pop culture. J’ai ramené ça à la musique, mais je pense que la pop culture a fait que le dirty talk anglais passe beaucoup mieux dans le porno que le français.

C’est peut-être aussi parce qu’on a le réflexe, en France, de s’écarter de ce qui devient populaire.
Je ne pense pas ! Je pense que c’est juste parce que les mecs qui ont les rênes en France ont mauvais goût et qu’ils ne suivent pas la culture européenne ou mondiale. Du coup, ils font leur petit business de leur côté et ils mettent en avant des gens qui sont horribles et fades.

https://www.youtube.com/watch?v=eGem4esK0c4

Si par hasard tu devais transformer un club en une sorte de partouze, deux questions : tu mettrais quelle musique et qu’est-ce que tu aimerais voir ?
Club Soda, de Bangalter. C’est un vieux morceau où le mec utilise une vieille loop hyper grillée de disco, mais il le fait à sa façon. Le track est injouable parce qu’il n’est même pas sur quatre ou huit temps, je crois que c’est trois temps et demi. Impossible à caler. Mais le track est tellement sexuel… Je pense que c’est un des tracks les plus chelous que j’ai, mais qui marche tellement en club. Dans ce délire-là, hyper sexuel mais rétro. Et qu’est-ce que j’aimerais bien voir ? Alors attention, parce que déjà je déteste les partouzes, dans ma tête c’est quelque chose d’horrible. Dans ma tête c’est que des gens moches, de soixante ans, genre province, coups de soleil, été.

Cap d’Adge, quoi.
Ouais, c’est ça ! Donc, qu’est-ce que j’aimerais bien voir ? Beaucoup de femmes, je pense. Et une dizaine de keums quoi. Mais que des gens… Non mec, je t’avoue que je ne suis pas trop inspiré, les partouzes ce n’est pas trop mon truc.Mais si on joue le jeu, que des gens masqués. Juste un petit masque pour cacher un peu le visage et quasiment aucune lumière, un truc un peu sauvage…

Une sorte de backroom hétéro, quoi ?
Ouais, voilà, c’est ça. Plus un endroit où tout le monde se fait l’amour, un truc assez classe, sexuel, mais… Quand je pense à des tracks un peu cul, sexy, je pense surtout à des tracks un peu lentes. Dès qu’il y a un jeu de basse un peu cool, c’est hyper, hyper sexy. Du coup je pensais à Tanner Ross, B-side. Le track juste magnifique, grosse bass line qui t’emporte.

C’est ce que j’appelle la basse perverse !
C’est hyper cliché parce que c’est devenu un hit dans la deep house il y a deux ans. Quand tu regardes une meuf danser dessus c’est cliché, ça tue. Il y avait un autre truc, un Omar S, Set It Out. C’est un gros sample grillé, mais le track est vraiment trop stylé. Une hymne au cul. Quand tu danses dessus tu as forcément envie de taro. Je vais te dire un truc un peu plus trash, du coup. Tu vois le label Dance Mania de Chicago ? DJ Funk « Funk Me Right !!! », le track fait juste une minute trente. Incroyable ce track, personne ne le connaît et pourtant les paroles sont incroyables. La meuf y va a fond et dit « You used to know how to fuck me right… ». DJ Funk c’est le meilleur.

Il y aussi Souless Dreamer de Agoria avec Seth Troxler, il y a un côté techno brut qui est trop beau. Et sinon le dernier track c’est Kerri Chandler – Rain. C’est la voix de la meuf qui m’excite. Elle ne chante pas une vieille gimmick pop de merde, elle raconte juste un truc. Pour moi c’est sexuel.

Retrouvez CONI ce soir pour La Denise à Belleviloise et samedi avec tout le crew ClekClekBoom pour la soirée Paris Club Music Vol. 2

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