Kink selon James Franco
Le goût prononcé du sémillant James Franco pour le sexe et la controverse n’est plus un secret pour personne. Sur les réseaux sociaux et de chaque côté de la caméra, il aime à répandre derrière lui des vapeurs qu’il aimerait sulfureuses et pénétrantes ; malheureusement, nous n’avons pas le souvenir d’avoir jamais respiré autre chose qu’une fumée grise et inodore en le regardant s’ébrouer sur nos écrans. On prendra pour exemple Interior. Leather Bar., qu’il a produit et réalisé : présenté à la presse comme un audacieux projet de reconstitution des scènes coupées du Cruising de William Friedkin, il s’était finalement révélé moyen-métrage masturbatoire et vaniteux.
Notre enthousiasme à l’endroit de Kink ne s’en était pas trouvé ébréché pour autant, tant l’entreprise est noble. On était juste un peu inquiet, quoi. Produit par James Franco et réalisé par Christina Voros, ce documentaire entend faire découvrir le quotidien des employés de Peter Acworth au grand public. C’est l’ami James qui a eu l’idée de lancer ce projet après avoir visité l’Armory à l’occasion du tournage d’About Cherry, un film qui raconte l’histoire d’une actrice porno débutante. L’univers des studios Kink et la bonne ambiance qui y règne l’ont tellement surpris et fasciné qu’il s’est mis en tête de montrer au monde que les amateurs de BDSM sont, en réalité, des êtres humains comme les autres.
Annoncé au début de l’année 2013, Kink a finalement été révélé le 22 août, sur la Sixième Avenue, au cours d’une grande soirée de lancement. Jusqu’ici, les critiques sont plutôt favorables ; même le vétéran Mickey Mod a aimé, « soulagé de voir que Kink n’est ni une oeuvre propagandiste en l’honneur de l’Armory, ni un film à scandale qui fait dans le whore-shaming. » Le public de l’avant-première a beaucoup apprécié lui aussi. Au Tag Parfait, rassurés par cette volée de témoignages de qualité, on a lancé le film avec confiance par des voies détournées ; on a aimé, mais on va tout de même y aller de notre petit commentaire.
Kink a le mérite de prendre son propos à bras-le-corps. Christina Voros, forte de son expérience dans le domaine du documentaire, a saisi sans ambages ce quotidien fait d’humiliations, de violences, de cris et de larmes. Le plateau de tournage et son microcosme sont capturés dans tous ce qu’ils ont de plus apparemment antithétique : les coups et les câlins, les pleurs et les rires. Les nombreux entretiens – qui profitent à un montage parfois judicieux, parfois soporifique – viennent parfaire le tout. En cela, Kink démontre efficacement qu’un amateur de BDSM reste avant tout un être humain. A ce niveau-là, James Franco et Christina Voros visent juste.
Reste que les véritables amateurs de BDSM et de l’Armory vont probablement rester sur leur faim. Kink, en effet, s’adresse avant tout à ceux qui ne se sont jamais vraiment intéressés au multivers du studio éponyme. Pour un premier contact, il est idéal et attisera probablement la curiosité de nombreux spectateurs profanes ; pour ça, il faut bien le saluer. Mais pour parfaire votre connaissance de l’Armory et de ses résidents, il laisse à désirer. Au Tag Parfait, en bons fanboys, ce manque de profondeur nous a laissés sur notre faim. Kink manque de consistance et de fil conducteur, on aimerait en savoir plus sur Peter Acworth, Maitresse Madeline et les divers intervenants. Tant pis, tant mieux.
Histoire de finir sur une notre positive, on doit vous dire que Kink a un autre qualité indéniable : il prouve que James Franco ferait mieux de confier ses bonnes idées à ceux qui savent en exploiter tout le potentiel.
» qu’il s’est mis en tête de montrer au monde que les amateurs de BDSM sont, en réalité, des êtres humains comme les autres »
De fait » Reste que les véritables amateurs de BDSM et de l’Armory vont probablement rester sur leur faim » ne pose pas de problème et est même plutot normal puisqu’ils ne sont pas la cible. Le docu se veut orienté pour les profanes,.