Sarah White : la thérapie par la webcam
La première visite chez un nouveau psychologue est toujours un peu difficile ; comme un garagiste ou un coiffeur, il peut être tout à fait brillant ou dangereusement incapable. Les recommandations des copains n’y changent rien, impossible de savoir s’il conviendra sans l’essayer. Le problème, c’est qu’un psychologue gère quelque chose d’autrement plus complexe et méconnu qu’un moteur ou un carré plongeant. Comment se sentir en sécurité quand vient le moment de parler de phobies et de dégoût de soi à un inconnu ?
Licenciée de danse et de biologie, Sarah White n’a jamais étudié l’esprit humain mais elle pense avoir trouvé la réponse à cette question. C’est la beauté de la parapsychologie : pas de diplôme, pas de problème ! Et puis, même si ça tourne mal, il n’y a pas de Miviludes aux Etats-Unis. Pour la jeune femme de 28 ans, qui exerce sa discipline depuis déjà plusieurs années, « demander à un homme de parler de ses sentiments dans un environnement où l’excitation sexuelle est interdite revient à lui apprendre à nager par terre. » D’où son idée de strip-consultation par webcam.
Une séance d’une heure coûte 250$ ; pour cette somme on ne peut plus modique, vous aurez le droit de parler de vos problèmes avec Sarah White par webcams interposées tout en profitant d’un long strip-tease. Vous êtes invité à faire de même, pour instaurer un climat de confiance et faciliter votre ouverture. La masturbation est, elle aussi, chaudement recommandée. La Naked Therapy, telle qu’elle a été baptisée par sa créatrice, existe depuis le mois d’octobre 2010 et aurait déjà permis d’aider plus de mille personnes.
Les psychologues professionnels perçoivent évidemment la Naked Therapy comme du charlatanisme, mais les anciens patients de Sarah White sont plutôt conquis. Pas de doute, discuter entre gens nus, ça rapproche. On n’avait jamais entendu parler de cette méthode jusqu’à ce qu’un journaliste du Daily Mirror en mal de like déterre le sujet pour son billet du dimanche ; en passant sur le site de Sarah White, il a remarqué que la méthode de la jeune femme prétend guérir le mal imaginaire de l’addiction à la pornographie. Et hop, un patchwork de citations de 2 500 signes pour fêter ça. Dommage, il a raté le plus intéressant.
En fait, Sarah White est une performance artistique signée Leah Schrager. Modèle, danseuse et étudiante en Beaux-Arts à l’Université de New-York, elle a inventé le concept d’Ona, un terme issu de la contraction de « persona » et « onanisme » qui désigne tous les ego virtuels que nous entretenons sur Internet : profils Facebook et Twitter, adresses e-mail, pseudonymes de forums… Empreint de féminisme, l’Ona organise sa réflexion sur l’image et l’identité à l’heure de l’Internet tout-puissant. Sarah White est le fruit de ce concept. Pour approfondir, direction le site officiel de Leah Shrager et de ses multiples Onas.
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