Sébastien Thoen : « Dans le rock, tu as Led Zeppelin et dans le porn, tu as Brigitte Lahaie »
Depuis 1991, le Journal du hard mène fièrement sa barque sur le fleuve porno, traversant les modes et les styles, sans se laisser impressionner par le Grand Internet tout puissant. Si le taulier du JDH ne change pas, les animateurs, eux, s’enchainent lentement. Cette fois-ci c’est au tour du sémillant Sébastien Thoen (Action Discrète, Le Grand Journal…) de reprendre le flambeau laissé par la douce Donia Eden (2011-2014) dans un nouveau décor et une nouvelle ligne éditoriale. Il est venu un matin à la rédac se poser sur notre canapé à la Casting Couch pour nous raconter tout ça.
Comment tu t’es retrouvé à présenter le Journal du hard ?
Ils l’ont proposé à Gaspard Proust mais ils se sont renseignés et il s’avère que c’est pas un bon coup, ils lui ont dit : “ah bah non Gaspard fais autre chose” et donc ils me l’ont proposé. Ils voulaient un mec, ils voulaient que les nanas prennent du plaisir à le regarder et que les mecs se marrent un petit peu.
Est-ce que c’est pour se rappeler les débuts du Journal du hard quand il avait Philippe Vandel ou Alexandre Devoise à Nulle Part Ailleurs, puis au Journal du hard le premier samedi du mois ?
Devoise était malin, il profitait du Journal du hard pour aller sur les tournages… rester un peu… profiter pour boire un coup (et en mettre un éventuellement)… C’est une espèce de retour aux sources, quand l’émission commence on est parti pour 1h30 de X de qualité, il y a le film qui fait 1h10 et l’émission qui fait 20. Autant que sur 1h30 il y ait 5 min sympathique, d’humour-glamour. Puis c’est bien d’alterner, on sort de deux nanas super bonnes et bah là y’a un beau mec, super beau et super drôle.
Comment le film du premier samedi du mois peut-il encore cohabiter avec la consommation actuelle de porn gonzo en ligne ?
Le Journal du hard parait beaucoup plus légitime que le film X en lui-même. Y’a un côté pop culture, journal, petits sujets, actu du X – tout est condensé. Je trouve les sujets – et je dis pas ça parce que je suis dedans et que je suis payé pour le dire – très très bien foutus, bien réalisés, toujours intéressants. Personnellement l’actualité du X ne m’intéresse pas toujours mais j’ai toujours plaisir à regarder les sujets. On te vend une soirée porno qui est fidèle à l’image qu’a Canal auprès des gens, c’est un cadeau pour l’abonné. Y’a aussi le côté rendez-vous un peu vintage, genre il est minuit, on est à 4 potes, on boit des panachés ou de la sangria. On se dit : “bon qu’est-ce qu’on fait les gars ? On va pas regarder un épisode de Friends, ça a tellement mal vieilli… On va se mater le bon vieux film X de Canal avec le JDH avant !”. C’est une bonne soirée tu vois, une soirée années 90 mais classe.
Le JDH c’est un porno que tu regardes sans te branler ?
Je t’avoue que je n’ai jamais compris pourquoi on se branlait devant un porno. Je trouve ça dingue : tu as un écran et tu te branles devant. Je ne dis pas que c’est pas bien, je dis juste que je trouve ça dingue. J’espère par contre que les gens se branlent devant le JDH.
Surtout devant toi !
J’espère bien ! Quel hommage de penser que ton image à l’écran est honorée, glorifiée, célébrée.
Donc tu ne consommes pas de porno ?
Lors d’Action Discrète, chaque matin on se mettait un tranny show, où on voit toujours des femmes magnifiques – cheveux longs, poitrine sublime, peau soyeuse, visage fin, avec une énorme bite. On regardait des vidéos pendant des heures pour nous donner des idées : ça nous permettait d’écrire des sketchs qui portaient sur l’actualité, la politique, la société ou la culture. Donc oui, j’ai été un grand consommateur de X avec mes collègues, au bureau. Sinon, non. Je regrette simplement l’époque du peep show. Je n’ai plus l’âge de ces conneries, mais j’ai la nostalgie du peep show et de toute la démarche qui va avec : tu sors dans la rue, c’est à 100 mètres, si tu rentres, tu ne sais pas si on te voit, tu vas dans le couloir, tu ne sais pas qui tu vas croiser, tu vas être dans ta petite cabine de merde avec une meuf qui sera forcément moche qui va faire le peep show devant toi. Tu persistes, 10 euros. C’était plus drôle qu’excitant finalement. Tout ça me manque.
C’est vrai que ton premier film est Cuisses Infernales avec Brigitte Lahaie ?
Je l’ai revu il y pas longtemps et je suis quasiment persuadé qu’il y avait Valérie Trierweiler dedans. Si tu revois les images, c’est assez flippant, elle doit avoir 18-19 ans. Il y a une scène où elle est un peu passive, alors que maintenant, ce qu’elle fait est plutôt retentissant. Mais j’ai aussi bossé sur le film Brigitte et moi.
Tu as co-écrit ce film, c’était par amour pour elle ?
Évidemment. Dans le rock, tu as Led Zeppelin et dans le porn, tu as Brigitte Lahaie. J’ai eu la chance que Nicolas Castro – qui est un type formidable avec une très belle bite – m’ait proposé de collaborer avec lui sur ce projet. On a écrit ce film ensemble, sur son idée, avec des extraits d’autres films X, ce qui a donné une espèce de mix, avec notamment un film autour de Brigitte. C’était il y a 6 ou 7 ans. Ce film est un avant-goût, avec des soubresauts (et des soubrettes) pour dire que j’allais sûrement continuer dans le X à un moment. Et, cerise sur le gâteau puisque c’est la continuité, on a tenté un truc pour Action Discrète, il y a trois mois, qui sera diffusé pour les 30 ans de Canal.
Parmi les sketchs, on a fait tourner un film X chez un mec, à son insu. Il savait qu’on venait tourner chez lui, mais il ne savait pas que c’était un film X et il finit par participer. Moi, je joue le réalisateur du film. Donc, mine de rien, l’idée qu’il y ait un sketch dégueulasse dans Action Discrète, j’étais plutôt en première ligne. Tout était fait naturellement pour que je prenne en maturité, en expérience et que j’arrive au Graal, au chic, au glamour ultime de la sexualité et du charnel : le Journal du hard. Tout se recoupe en fait.
Ma mère ressemble actuellement à Brigitte Lahaie, ça t’évoque quoi ?
Mais qu’est ce que ça fait à ta mère surtout ?
J’en ai parlé à mon père, ça l’a fait marrer.
Ton père doit le savoir j’imagine.
Je doute qu’il ait vu Brigitte Lahaie maintenant…
Ah parce qu’elle ressemble à Brigitte Lahaie maintenant ? Ah merde ! Pas de chance ! Bon c’est pas grave, elle doit sûrement être très gentille parce que c’est ta maman, mais ça fait chier. (rires)
Quel regard portes-tu sur le porno français actuel ?
J’ai dû m’y mettre et je m’y mets de bon cœur. J’ai rencontré quelques acteurs et actrices X. J’aime beaucoup Rico Simmons, qui est un type super sympa et qui a tourné avec nous pour Action Discrète au mois de juin dernier. Je pense qu’il y a une profusion de films, de scènes, d’exagérations, d’enchaînements, avec du bon et du mauvais. Mais les productions françaises sont assez touchantes et sincères. Elles ont un côté encore made in France un peu artisanal qui est plutôt sympathique, qui respecte la tradition et où les gens sont sympas. Un côté un peu banquet, comme si c’était un grand buffet de charcuterie. Un côté très sympathique que n’a pas la production américaine ou d’autres pays où c’est l’usine. Je crois beaucoup au made in France, encore plus dans le X.
Et le porn marseillais ?
Jean-Claude Gaudin a enculé tout le monde encore une fois. C’est le plus grand acteur X de l’histoire de Marseille. De l’histoire du X même. Donc le porno marseillais se porte très bien. J’espère juste qu’André-Pierre Gignac, qui joue à l’OM, va continuer à pilonner les filets (et autres) des cages de Ligue 1.
Même si tu n’en regardes pas souvent, quel est le dernier porno que tu as vu, en dehors du cadre de Canal ?
C’était un super tranny show. On se le regardait avec Action Discrète, comme à la grande époque, et c’était très très crade. Mais un joli crade. C’était deux superbes nanas qui discutaient dans une villa sur les hauteurs de San Diego et d’un coup un mec rentre dans la pièce et direct il y a eye-contact. Il embrasse une des nanas, je ne sais pas pourquoi, il regarde l’autre qui lui dit “What about me?”. Alors il s’approche pour l’embrasser et elle lui répond “No my love! what about me?” et elle baisse son string et sort une bite d’un mètre de haut je pense, avec un très joli gland et tout. Le mec proteste et puis en fait après il y va genre “oh non je croyais que c’était une belle nana ! Fait chier ! Bon allez, quand même ….” Pour le coup ça me faisait penser aux ambiances des années 70 “Qu’est-ce que vous faites madame ? Comment ça vous sucez monsieur ? “, peut-être moins aristo, moins français, mais voilà.
Sinon t’es team mouchoir, sopalin, direct sur le bide ou chaussette sale ?
Peau de banane.
Connaisseur ! Sinon en ce moment, il y a une énorme guerre entre les gros boules et les petits. Tu choisis quel camp ?
J’ai envie de te dire c’est bien qu’un mec ait des grosses boules, c’est mieux qu’une nana ait un petit boule. Après on peut avoir un gros boule et être hyper sympa et hyper sexy. Heureusement, il n’y a pas de loi.
Qu’est-ce qui t’excite en dehors de l’image ?
Les gendarmettes. Surtout celles qui mettent des PV dans Paris, de très jolies black pour le coup, avec des bons boules. Et tu sens que ça les ennuie de faire ça, qu’elles ont besoin de contact. Quand elle tapent ton numéro de plaque, tu vas les voir et elles te disent “Ah, c’est bien parce que c’est vous”. Elles sont à trois dans leur petite voiture blanche de la préfecture de police. Tu sens qu’elles sortent plein de blagues de cul, qu’elles pourraient faire monter un petit jeune et le mettre à la prune et faire un tour au bois de Vincennes. C’est à la fois des flics mais pas vraiment tu vois. C’est les nouvelles pervenches, mais elles sont plus excitantes que Marie Pervenche. Si elles ouvrent leur coffre un jour, quand tu es avec un pote un peu bourré, tu montes.
Une sorte de Bang Bus français ?
Exactement ! Elles vont t’emmener en voyage, au bois de Vincennes. Mais ça m’excitait ce matin, c’est pour ça que je dis ça
Tu as des interdits ? Des tabous ?
Franchement j’ai vu Voyage au bout de l’enfant, qui est une parodie de Voyage au bout de l’enfer, et, au bout de dix minutes, ça m’a soûlé. (rires) À part ça, je n’ai aucun tabou, je suis un hooligan. Ça ne veut pas dire que ça me plaît, mais je n’ai pas d’interdits. En même temps Voyage au bout de l’enfer ça m’avait gonflé aussi. Comme quoi les parodies parfois sont à l’image de leur film original…
Comment se porte Françoise, la chatte de Canal ?
Françoise se porte super bien, elle est ravie de notre collaboration. Elle est retournée à sa vraie vie. Elle est super contente, elle sait que les gens ont trouvé ça plutôt intéressant, elle m’a trouvé pas mal et elle s’est trouvée très belle.
Elle fait un peu châtelaine…
Châtelaine et chatte en laine… Et chatte de laine. C’est elle qui fait la programmation de toute l’émission, qui valide les sujets et mes textes, c’est elle qui les écrit d’ailleurs. En même temps, elle a sa part d’ego. Elle voulait être présente à l’écran, mais elle a su rester en retrait, elle me laisse quand même me montrer. Elle va super bien et elle a hâte qu’on enregistre les prochaines émissions. Elle est bouillante.
Comment est son poil ?
Hirsute. Elle a un poil vraiment soyeux. Elle est au poil. Elle est très agréable, c’est une chatte magnifique. De toute façon, dans l’idéal, je ne prends que des belles chattes. Quand tu regardes bien, dans les sujets on ne voit que des belles chattes. Rien à dire. Françoise vous embrasse et elle a hâte de vous revoir.
Tu penses faire carrière au JDH ?
Je signe pour 5 ans s’il le faut. J’aimerais imprimer de ma bite l’histoire du JDH. Mais je ne suis qu’un valet, qu’une soubrette au service du seigneur Journal du hard. Mais j’aimerais beaucoup m’installer, continuer, que l’émission marche et qu’elle soit agréable à regarder. Qu’on ne se prenne pas au sérieux et en même temps que ce soit intéressant. Qu’on défende vraiment le X, qu’il n’y ait pas un côté méprisant ou cynique. Qu’on aime le plaisir et l’amour ! Et j’aimerais en faire partie pendant quelques années de bon cœur et de bon corps.
Crédit photo : CANAL+ – Philippe Mazzoni
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