Retour à la tension III : la réalité virtuelle

Il y a un an, je mettais pour la première fois un casque de réalité virtuelle (un Oculus Rift DK1). Depuis ce jour, le sentiment que l’humanité approche d’un changement radical de sa perception n’a cessé d’enfler dans ma tête, pour devenir une véritable obsession. L’humanité fonce-t-elle vers une grande schizophrénie ? Le transfert de conscience dans une réalité différente est-il bientôt possible ? Sommes-nous issus d’un programme informatique, créé par une intelligence supérieure ? Ces questions donnent le vertige et cette année fut riche et excitante. Une soif de connaissance que je n’avais pas eu auparavant, sortant mon cerveau de la purée mentale qu’Internet arrive parfois à nous cuisiner.

Les promesses toujours plus crédibles d’une révolution à venir

Plus que l’excitation provoquée par cette nouvelle technologie, c’est la perspective d’avoir entre les mains une nouvelle forme de pornographie qui me fout la gaule, de voir le porn se transformer en une sorte de parc d’attraction pour adultes. De 1972 à 1995, on avait essentiellement du porno scénarisé, une sorte de cinéma alternatif et masturbatoire. L’arrivée du gonzo vers 1995 a permis de s’affranchir des contraintes du scénario pour devenir un support aux vertus essentiellement masturbatoires. L’année 2015 approche, et le porno va sans doute muer une nouvelle fois pour dépasser son cadre en deux dimensions et devenir une véritable expérience immersive et sensorielle.

Tout avance à grande vitesse. En an à peine, Oculus Rift a eu le temps de se faire racheter pour 2 milliards de dollars par Facebook, Samsung commercialise son casque pour téléphone portable le mois prochain, Sony s’est lancé dans la course avec Morpheus et tout le monde attend avec impatience la prochaine puce, la prochaine dalle, la prochaine démo, tout ce qui pourrait apporter une nouvelle pierre à l’édifice. Du côté d’Oculus, ils ont lancé en juillet dernier l’Oculus Rift DK2, améliorant de manière significative leur précédent casque tout en restant au stade développeur, ne fixant aucune date pour une commercialisation du produit final (dans sa première mouture, encore à définir).

Alors de temps en temps, je marche deux cents mètres plus loin du bureau pour retrouver le sémillant Clément Apap, explorateur de l’existence et heureux possesseur d’un DK2. Il me plaît de discuter de ce monde qui approche, de la façon dont l’humanité va basculer et de faire quelques voyages entre les montagnes, sur des attractions, à bord d’un vaisseau spatial, et tester les dernières démos que j’ai repéré chez EntertheRift ou ailleurs. Dans ma besace, j’apporte aussi les dernières vidéos de VirtualRealPorn pour tester ce que demain sera fait et ou ouvrir le troisième volet de mes retours à la tension. Le premier ramenait la réalité au centre de l’excitation, la seconde enfonçait le clou avec les sextapes maison. La troisième atteindrait donc l’irréel, le nouveau nerf du fap.

Work in progress

Impossible de reproduire une immersion en 2D, mais si vous avez beaucoup d'imagination

Impossible de reproduire une immersion en 2D, mais si vous avez beaucoup d’imagination

Je suis emballé mais il faut être réaliste : pour le moment, tout ça reste compliqué à faire tourner. Si vous êtes sur Mac et que vous comptez lancer une vidéo à 180° / 3D (le format de VirtualRealPorn), armez-vous d’une patience extrême (je n’ai pas réussi, et ce n’est pas faute de m’être penché sérieusement sur le problème). Si vous êtes sur PC, vous aurez plus de chance mais il faut quand même combattre du judder (conflit de résolution entre l’écran principal et le casque qui casse la fluidité des mouvements), bugs, compatibilité avec votre casque et lecteurs média au stade alpha… Bonne nouvelle chez VirtualRealPorn : ils ont lancé leur propre player, optimisé pour la lecture de leurs vidéos. C’est donc très récemment que j’ai pu re-tester leurs dernières prods.

La scène commence dans une cuisine, tournée en POV et sans mouvement de caméra. L’acteur est stoïque (ce qui évite les conflits de réalité entre les bras de l’acteur et les vôtres), l’angle de vue est à 180° en légère plongée (derrière vous ça sera donc tout noir) et au fond Amarna Miller – actrice espagnole sur la pente ascendante – se fait un petit kawa.

On est dans du porn qui imite la réalité (bien qu’on voit les pieds des projecteurs et que les dimensions des corps soient moyennement respectés, tournage à la GoPro au grand angle oblige), Amarna est votre copine et elle vous parle. Pour le moment, rien d’incroyable, on connaît l’histoire. Progressivement elle s’approche de vous, se met sur la table et commence à se déshabiller. Elle continue son petit manège en s’approchant dangereusement de vous, puis là…

Nez à nez avec une nouvelle réalité

Son binaural et confession cochonne dans le creux de l'oreille

Son binaural et confession cochonne dans le creux de l’oreille

Vous vous retrouvez face à elle, le visage à cinq centimètres du vôtre sans pouvoir reculer, sans non plus agir, vous ne pouvez que faire face à cette réalité sexuelle, tellement réelle qu’elle devient “présente”. Elle existe si fort que mon premier réflexe s’est résumé à un rire fou, je ne savais plus comment gérer cette réalité. J’ai testé de la 3D porno, dans des bonnes conditions, sur des écrans optimisés chez Dorcel, sur un ordi 3D, dans les meilleures salles au cinéma pour le cinéma tradi, rien m’a fait cette impression là. Vous n’avez pas une vague projection devant les yeux avec un environnement physique et réel autour de vous (une salle de cinéma, votre salon, votre bureau…), vous êtes dans l’écran, dans cette réalité et ça change tout. Vous flippez, votre cerveau ne sait plus où il est et le mélange d’excitation et de peur, n’est comparable qu’à une strip-teaseuse qui vous colle son string sous le nez dans un show privé.

Évidemment la dalle de l’oculus Rift DK2 est encore très loin d’être satisfaisante, vous avez l’impression de regarder une film en basse résolution à travers une passoire (même si le fichier est en 4K). Vous avez aussi un peu mal au crâne et aux yeux mais rien ne m’a donné autant l’impression de réalité que ce type de porn ; pas même les meilleurs POV au monde, rien, si ce n’est la réalité physique que l’on connait.

Vous allez penser : pourquoi ne pas baiser un vrai cul ? Je vous répondrai : et Amarna Miller, elle boit un café dans votre cuisine le matin dans votre réalité physique ? Oubliez, on est là pour rêver, pour vivre une autre vie, sinon on ne serait pas là à parler de culture porn. Et ça n’a rien de triste, c’est juste de l’entertainment pour adulte.

La tension est donc palpable, ce porn devient sensoriel, physique, fou. On n’est pourtant qu’au début de cette ère, tout est à faire, tout est à reconstruire pour arriver à un résultat satisfaisant. Mais on imagine déjà ce que pourrait donner du gonzo où le teasing est la pièce centrale de l’excitation passer à travers la réalité virtuelle, la sexcam dont les plans sont fixes où le teasing est élevé au rang d’art, à des scénarios de délicieuse domination et de frustration, aux fans de PAWG qui pourront avoir l’objet de leur fantasme sous le nez, à tous ceux qui s’immergent dans un porn et qui veulent déconnecter de leur vie physique pour vivre par procuration de nouvelles expériences.

Le porno comme de la dope

porno_futuro

Cette nouvelle technologie est encore à apprivoiser, mais ce moment précis où une actrice s’approche de vous, qu’elle vient vous dire des saloperies à l’oreille, au moment où son visage est tellement proche qu’il ne manque plus que son souffle pour y croire et que vous ne pouvez pas y échapper, se créé une porte vers une nouvelle réalité, tangible, qui va amener le porn là où on ne pouvait avant que le fantasmer. Nous y sommes, il n’y a plus qu’à attendre que la technologie soit au point, que les dalles 4k arrivent (courant 2015 ?), qu’on puisse tourner à 360° en 3D (plusieurs projets sont déjà en cours ou en financement), que les cartes graphiques soient suffisamment puissantes et que l’industrie porno prenne conscience du changement de paradigme qui arrive plus vite que prévu.

Si vous avez aimez le porno gonzo, celui qui accompagne la masturbation et la perversion, le porno en réalité virtuelle devrait vous fumer le cerveau. Ce futur proche est tout aussi flippant qu’excitant, et si vous n’avez pas peur de vous y confronter, le porno va devenir une délicieuse dope. Personnellement, les conséquences de cette nouvelle pornographie ne m’effraient pas, mon but sur cette foutue Terre qu’on est train de détruire est de jouir un maximum avant qu’il ne soit trop tard.

Aucun commentaire. Laisser un commentaire

Laisser un commentaire