Free the Nipple : téton libéré, téton à égalité
Free the Nipple c’est le film qui affiche le téton dans tous les cinémas d’Amérique le 12 décembre prochain. Non pas qu’il soit particulièrement proscrit en ce lieu, en revanche le téton dérange pas mal dans la rue, sur Internet et plus généralement dans l’espace public. Lina Esco, la réalisatrice, et Hunter Richards, celui qui a pondu le script, et tout le mouvement de Free the nipple et leurs sympathisant-e-s entendent bien mettre leur lutte en lumière pour réintroduire le téton dans nos vies de tous les jours.
Mais avant d’être un film, Free the Nipple est un mouvement qui fait activement campagne un peu partout. En tête de liste de son cahier de doléances, les 35 états d’Amérique où montrer ces petits bouts de muqueuse est interdit et peut parfois vous coûter cher. Comptez jusqu’à 2 500$ de votre poche et 3 ans à l’ombre dans l’état de Louisiane, même lorsqu’il s’agit d’allaitement. Quant à l’état de New York, une loi de 1992 donne le droit aux femmes et aux hommes d’être torse nu là où ils le peuvent (comprenez sauf mesure interdisant d’être torse nu dans le périmètre d’un lieu spécifique), et pourtant des femmes continueraient à se faire arrêter.
Pour combattre tout ça, le mouvement a fait campagne dans les deux espaces où le téton féminin est le plus interdit : la rue et Internet, à coup de graffiti et de happenings dans le premier, de hashtag et de selfies dans l’autre. Le phénomène a déjà pas mal pris et s’est fait connaître, notamment par le relais des stars plus mainstream comme Cara Delevingne, Rihanna et Miley Cyrus.
Outre les États-Unis et un bon paquet de pays, cette distinction entre téton d’homme et téton de femme opère aussi une censure drastique sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux. Un téton féminin : une indignation, une signalisation au grand manitou et hop ! une disparition aussi sec. Rien à signaler en revanche du côté des tétons de ces messieurs, on peut rester sereins. Facebook est le dernier en date à avoir fait un effort, autorisant seulement les photos d’allaitement. Bref, aux yeux de beaucoup de réseaux sociaux, une poitrine de femme n’a pas la même image que celle d’un homme.
Le souci de cette histoire ne se limite pas au périmètre du téton lui-même, et pourtant c’est lui qui prend tout dans la gueule. On finit par montrer des seins aux tétons emojis, pour moins heurter la sensibilité numérique, tout ça pour un triste téton que quelques uns ne sauraient voir. On n’en est pas encore venu à se balader avec des cache-tétons dans la rue, encore heureux. Free the Nipple a encore le champ libre pour agir, changer la donne et libérer le téton, et plus généralement la poitrine, de la sexualisation. Une poitrine qui, rappelons-le, n’a rien de fondamentalement différent d’un sexe à l’autre. Free the Nipple ne se résume pas à montrer un morceau de peau, c’est aussi l’histoire d’une réappropriation de ce morceau qui nous appartient, qu’on veuille ou non lui donner une portée sexuelle. Les amateurs du tag #titties ne seraient finalement que des fétichistes d’une partie du corps, comme on peut l’être des pieds, de la bouche ou d’un angle de sourcil comme le taulier.
C’est ironique qu’ils aient censuré les tétons dans le trailer du film ? Sinon c’est un big fail.