First Time Anal : le porn est une illusion
Je pensais tant et si vite entre les orgasmes que ma verge du bien s’allonger de un ou deux pouces. Pour finir, je la fis se retourner et l’enculai. Elle se déroba d’abord un peu, mais quand elle sentit que je me retirai en douce elle faillit devenir folle: « Si si, oh si, allez-y ! » se mit-elle à bafouiller. Du coup, je m’excitais pour de vrai. J’étais à peine entré que je sentis venir la chose, une de ces longues et déchirantes giclées qui sortent droit de l’extrémité de la colonne vertébrale. Je poussai si avant que j’eus l’impression que quelque chose avait cédé. Nous tombâmes l’un par-dessus l’autre, épuisés, pantelants comme des chiens. Tropique du Capricorne (Henry Miller)
La notion de « première fois » est très problématique dans l’imaginaire pornographique. La pornographie implique une caméra, la caméra une déformation du réel, et même le moindre court métrage amateur ne peut ainsi être qu’artifice, fausseté, trompe l’œil. La petite amie « dans la vraie vie » se fait actrice aguichante, concurrente des professionnelles, et d’une manière ou d’une autre son jules se transfigure en metteur en scène d’un jour, le sexe devient donc un scénario. Et la première fois d’être un instant de cinéma, une fausse première fois qui n’a de première fois que le nom, pendant sexuel du baiser de la star hollywoodienne. Pour des centaines de vidéos, combien de réelles premières fois, au sein d’une majorité de fictions déguisées, de tags délibérément fabriqués, d’artefacts ? Réponse : aucune.
Le porn est l’étalage à l’infini d’un trop-plein de fictions. Je suis face à mon méga-ordinateur et accumule les notions, les données, tapes frénétiques sur le clavier qui aboutissent à des bribes de fiction correspondant (ou non) à mes attentes. En fait, le pornocrate aguerri est un écrivain. La tronche dans la marre aux tags, il est en quête des mots parfaits pour mettre en images ses fantasmes et ses rêves. Et plus son langage sera clair et précis, plus il y a de chance qu’il vive ces plaisirs « comme si il y était ». Tout est une question de mots et de leur méticuleux choix. C’est pour cela que le porno est si faux : il nait avant tout dans notre tête. De doux instants de « pure imagination » comme le chantonne ce gros pervers pedobear de W.W. Or, le « first time » est un dilemme mastodonte car en fiction il n’y a pas de première fois. Pas de « réelle » première fois. Il n’y a que moi, vous, toutes ces belles actrices et ces gars la cam’ à la main, fille naturelle et caméra tremblotante pour donner naissance à une sensation illusoire d’authenticité.
Les gens pensent parfois que le film porno est comme un documentaire. Ils croient avoir affaire à la réalité là où, au contraire, la fiction est omnjprésente. Chaque fois que l’on tourne, on est dans la fiction. (Ovidie)
Le « real first time », comme autant de snuff movies opportunistes et calibrés balancés en masse durant la « (Charles)Mansonploitation », c’est du bidon, du toc, une vraie arnaque. Autre point commun avec le procédé snuff, hormis la mise en scène: Internet est le pourvoyeur de cette poudre aux yeux fabuleuse. Bien avant les méga-chaînes de Youporn, à l’époque des cédéroms et des VHS, quelques as de la cam amateur ont compris l’intérêt du net comme expression virtuelle de la vraisemblance. Ces exploiteurs (au sens de « cinéma d’exploitation ») se nomment Edouard Sanchez et Daniel Myrick. Leur Projet Blair Witch est le coup monté de forains de l’ère 2.0, recyclant le fameux adage « Voir c’est croire ». Si c’est sur le net, c’est forcément vrai. Le porno du net s’empare de ces vélléités de faux documentaire en nous faisant croire que tout est vrai: jouissance, synopsis (première fois), détails relationnels (petite amie). Evidemment, nous ne sommes pas dupes… et pourtant, nous tenons à y croire. Car c’est de la croyance inébranlable (oh-oh) en la vérité d’une situation que nait la satisfaction et l’excitation. Je sais qu’on me fait prendre des vessies pour des lanternes. Mais, comme un gosse face aux spectacles de magie, je veux y croire. Une fois passé ce stade, l’effet de la fiction n’en sera que plus fort sur moi.
« Real first time » ne sont que des mots. Retirez-les et vous obtenez une vidéo porn classique et lassante. Mais balancez une bonne grosse baseline, façon « real first time » ou « based on a true story » et vous attisez la curiosité du spectateur. Jouez avec la lanterne magique et vous l’obsédez. Captivé, je sais pourtant que la première fois, dans la vraie vie, est rarement un grand succès. Mais j’accepte de voir cette première fois réécrite avec les codes traditionnels de la pornographie. L’art devient ma réalité.
Et dans cette réalité, le concept de la première fois n’en demeure pas moins fantasmagorique. Car comme dans toute œuvre dramaturgique, la vraisemblance vaut toujours plus que le vrai, et une vraie « première fois » se définit principalement par sa qualité propre, le sentiment de vérité qu’elle évoque pour le spectateur avant toute chose. Ainsi, le « anal first time » est l’expression d’un double-désir : d’un côté, l’illusion de la première fois tant idéalisée, et de l’autre le fantasme du sexe anal, en ce qu’il a d’ancestral, de primitif et d’interdit. The dark side of the moon.
Ce combo est l’expression brut de notre soif de chair violente. Le contact que cette position implique est forcément plus contestable que le traditionnel dépucelage en missionnaire, son illustration sera moins sensuelle que la fellation et l’esthétique du tout peut sembler plus vulgaire, puisque primitive. Dans l’imaginaire collectif, ce tag est une vignette impressive pour mâles en rut, se faisant plus que jamais propriétaire du corps de sa dulcinée, testant les limites de madame et la sensibilité de cette dernière.
Parmi les nombreux pourvoyeurs en libido filmique, quelques vidéos ont particulièrement retenu mon attention. Assister aux galipettes d’Asa Akira n’a évidemment rien de très original, mais ça fait toujours son petit effet, d’autant plus quand il s’agit de sa première fois, le « anal first time » historique (sur écran) d’une amazone. Les fans savent à quel point la guerrière aux cris affolés sait mettre en valeur son fier popotin, que ce dernier soit destiné à une fessée fulgurante de gentlemen ou à moult expérimentations ludiques. Les vrais de vrai ne contesteront pas le talent de l’actrice, l’une des meilleures pour ainsi dire. Les plus beaux moments d’Akira sont peut être ceux qui tiennent du pur fétichisme, comme la mise en valeur, c’est le cas ici, des pieds et des jambes. Sans oublier ces belles grimaces dont la princesse a le secret.
Mais il y aussi une ribambelles de clichés offerte par le tube pour le plaisir de vos yeux : d’un côté, le mythe du fessier brésilien, habilement magnifié, et de l’autre, la signifiance implacable du nom de « Luna » qui vaut mieux que mille discours. En ce qui concerne la brésilienne, le titre de la vidéo suffit à résumer l’intérêt de la chose (Brésil + string + captation du fessier = bien). Quant à Luna C. Kitsuen, c’est un véritable bonbon pour loups en quête de gourmandise. Avec ses vêtements affriolants de Petit Chaperon Rouge et son attirail à la Lisbeth, elle compile autant de mots clés pour pornocrates aguerris. Elle représente ce qui fait le sel d’un bon anal first time : la candeur et la fragilité. Ses expressions sont celles que nous désirions voir, un mélange d’assurance, de gourmandise, mais aussi ces grands yeux très curieux de chaton qui semblent admirer un mâle devenu maître. Ces jolies quarante minutes passent comme une lettre à la Poste.
It’s fine to have anal sex as long as you’re not in high school. (Mia Kirshner)
Cependant, à travers cet échantillon sélectif, une vidéo en particulier semble tout à fait réussie et on la doit à Mofos. Alors que la majorité des jouissances en boîte joue sur nos envies de brutalité physique, de rapidité baveuse et d’éjaculation express, « Girlfriend first anal real session » est une histoire beaucoup plus subtile, ne serait-ce que par les détails qu’elle offre (amoureux des culottes en dentelles, bonjour). Durant ces huit minutes de plaisir, le sexe ne devient jamais super-frénétique. C’est en cela que le « real session » prend tout son sens ainsi que le « first time ». Il n’y a dans cette vidéo une lenteur précieuse, une certaine finesse réaliste, qui nait d’une rythmique impeccable. La découverte (mensongère) de l’anal prend la forme d’un va-et-vient jamais écrasant. Effectivement, nous sommes là face à une impeccable exploitation du principe scénaristique de « montée jusqu’au point culminant ». C’est une histoire qui prend son temps, l’amour est progressif, marche après marche le « anal first time » se concrétise sous nos yeux ébahis. Après tout, l’acte en lui-même indique une exploration, et non une course contre la montre. La jeune fille doit s’initier à de nouvelles sensations, le jeune homme prodigue autant d’émois inédits, c’est à lui que revient la mission de faire aimer ça, de nous le faire aimer. En douceur. D’où ce sentiment d’apaisement. Il importe peu de courir, mieux vaut partir à point. Vous remarquerez qu’hormis quelques fulgurances arrivant justement à point nommé, nous sommes ici plutôt dans quelque chose de sensuel, ce qui fait du sexe anal un acte non pas féroce mais délicat. Pile poil ce qu’il fallait pour une bonne première fois.
Me serai-je alors trompé ? Où est le mâle en rut ici ? Il n’y a qu’amour et paix, on s’y sent bien. On sourit à la vie, on gémit mais sans agoniser sous le poids de l’orgasme hystérique. Certes, en matière d’expressions faciales (caractère déterminant pour atteindre l’émotion porno), il y a certainement des divertissements plus justes, mais la mission est accomplie. Le porno est gracieux quand, ne serait-ce que quelques secondes, il devient authentique. Finalement, le « anal first time », c’est un peu de poésie dans ce monde de brutes.
Il n’empêche que la bave aux lèvres, l’espoir en médaille, j’attends toujours, impatiemment, l’oeuvre qui dépassera la vraisemblance de la fiction pour affirmer le Vrai de la réalité vraie. Noyé dans les fables et les canulars, j’attends de sortir de la toile blanche et de goûter à l’improbable: un porno qui ne ment pas, un “real” du réel. En attendant, je navigue entre les faps et les chimères.
Jette toi dans le canal
Au moins ça rime avec le sujet.
Au delà de la facilité avec laquelle il semble savoir broder de manière faussement intelligente pour donner l’illusion d’un propos (là où résonne uniquement le néant), l’auteur semble avoir passé bien trop de temps devant la toile à défaut d’avoir rencontré des femmes autrement qu’à travers un écran. Fort triste à lire.
Echec et mat !
Hey les amis du Tag !
Je veux pas critiquer cet article en particulier, mais faite un effort pour nous donner à lire du fond…. (Sans jeu de mots aucun!)
Entre les textes philosophico-poetiques, les éternelles compliments envers Erika Lust et les annonces de concert pour bobos parisiens, vous nous perdez !!!!!
Allez reprenez vous le TAG, fouillez les méandres du vice, faites des ITW, bougez vous pour nous donner de l’info-cul exclusive !
On compte sur vous !
Seulement si t’arrêtes de foutre des points d’exclamation partout.
« et les annonces de concert pour bobos parisiens »
Je me jette à l’eau, tu votes Marine LePen ?
Très bel article Gonzo, très bien écrit
Il est de McLovin pas de moi 🙂
Give me your panty – donne moi ta culotte
http://www.planettubex.com/video/5067298/give_me_your_panty_donne_moi_ta_culotte.html?from=video_related?s=8